Wrong place, wrong time

The game is over

Carlita se réveilla. Les yeux fermés, elle tentait de se souvenir d'où pouvait provenir son mal de tête. Son père surement... Alors elle se demanda si Yghni allait bien.

Puis elle se souvint que sa sœur était morte.

C'était le retour à la réalité le plus dur de tout l'univers et elle sentit en elle une partie imploser. Elle finit par ouvrir les yeux et elle regarda le plafond : il était sombre, il n'y avait qu'une sorte de grille qui laissait passer de la lumière fine. Quelque chose bougea à côté d'elle et elle se força à bouger la tête ; c'était Valentina, assise sur le sol, qui se prenait la tête entre les mains. A part ça elles étaient totalement seules dans une pièce avec juste une porte blindée qui semblait fermée et une vitre sombre aux aspects incassables.

Carlita vit Valentina relever la tête et la regarder. Ses yeux étaient embués de larmes, rouges, et plus désespérés que jamais. Elle vit que la muette tenait entre ses mains un couteau, fin, long, aiguisé. Carlita prit peur et elle se releva rapidement mais en posant la main sur le sol elle toucha quelque chose : elle avait le même.

Un rire résonna dans la pièce, un rire puissant, un rire de folie qui faisait froid dans le dos. La lumière derrière la vitre clignota et le psychopathe apparut derrière, sa capuche enlevé, souriant tant bien que mal de toutes ses dents jaunes, et son visage atrocement mutilé. Il ne dit rien pendant un moment, il se contenta de les regarder. Carlita se sentait un peu comme une proie prise au piège dans une boite trop étroite, trop froide. Elle regarda son arme puis celle de la jeune femme d'à côté, puis remarqua aux murs de drôles de marques, comme quelque chose qu'on aurait frotté très fort. Une idée s'immisça dans sa tête.

Le psychopathe commença à applaudir, lentement.

« Valentina a mis bien moins de temps que toi à comprendre, dit-il en souriant.
- Je ne veux pas comprendre. Je veux sortir !
- Oh, eh bien, pour sortir, tu devras le mériter, en passant par le jugement ultime.
- Ce n'est pas possible, c'est complétement CON ! Ça n'a aucun sens, pourquoi vous nous faites ça ?
- Parce que le ciel exige que justice soit faites, âme pour âme. »

Elle souffla et se retourna pour aller essayer d'ouvrir la porte, mais elle semblait tellement épaisse et inviolable. Valentina ne bougeait pas.

« Ça ne servira à rien, Carlita. Nous atteignons la fin de ce piège, pourquoi ne pas l'achever ?
- JE NE VEUX PAS MOURIR ! hurla-t-elle »

Elle essaya de se jeta de tous ses poings sur la vitre, même à coup de couteau, mais elle ne se brisa pas. Il n'y eut même pas une petite égratignure. Elle se défoula en criant, en insultant l'homme responsable de cet enfer, mais rien n'y faisait : elles étaient piégées.

« Tu n'es pas forcée de mourir, dit-il calmement. Mais... pour ça il faut qu'Elle meure. »

Il pointait du doigt Valentina qui n'avait pas bougé.

« Je vous l'ai dit : il n'en restera qu'un. »

Carlita regarda le couteau dans sa main ; ce n'était pas comme abandonner Arsène à son sort, c'était le faire de ses propres mains. Son courage partis en fumée, la jeune femme était l'innocence, la douceur même, comment ...

« DECIDE TOI ! cria la psychopathe, J'AI ATTENDU DIX ANNEES DE MA VIE POUR EN FINIR ! JE NE PEUX PLUS SUPPORTER ! »

Il enfonça son point sur un bouton rouge. La pièce trembla légère et il retentit comme un déclic ; Carlita sursauta. Les murs étaient en train se réduire petit à petit. Son esprit s'emballa et elle se retourna pour regarder Valentina mais ce qu'elle vit l'effraya plus encore : ce n'était pas la femme fragile d'habitude. Elle avait dans ses yeux une allure déterminée, résolue, un atroce poison qui remplissait sa tête d'une seule idée : vivre. Et Valentina tenait entre ses phalanges le couteau.