« Yghni ! Yghni ! Putain ouvrez cette porte ! Yghni ! »
Carlita frappa la porte de ses poings jusqu'au moment où elle n'entendit plus les gémissements de peur de sa sœur.
« C'est pas possible, c'est pas possible. Putain... »
Elle entendit un grésillement, la vieille télévision derrière elle s'était allumée. Elle s'en approcha, l'écran gris s'alluma : elle vit le visage d'un homme encapuchonné. Elle ne pouvait rien discerner à par sa bouche tordu et des dents noires. Elle eut un mouvement de recul.
« Tu n'as pas à avoir peur de moi, du moins pas maintenant.
- Bordel vous êtes qui ?
- Oui, je me doute que vous n'en savez rien. Mais moi je sais. Je tiens à préciser que je suis désolé pour tout ce qui vous arrivera bientôt. Normalement j'aurais trouvé cela atroce de faire subir ces... cauchemars à de simples adolescent. Mais j'ai mes raisons, croyez-moi.
- Putain quoi ? Mais de quoi vous parlez ? Laissez-nous ! On n'a rien fait putain, ON N'A RIEN FAIT !
- Calmez-vous.
- NON J'ME CALME PAS ! J'COMPRENDS PAS DE QUOI VOUS PARLEZ ET JE VEUX PAS MOURIR ! RENDEZ-MOI MA SŒUR, ON N'A RIEN FAIT !
- Calmez-vous mademoiselle. Votre sœur est en sécurité tant que je le déciderais. Ne pensez pas que vous êtes innocent, vous m'avez fait une chose atroce, il y a fort longtemps. A cause de vous, ma vie a été un enfer. Alors j'ai préparé pendant une décennie une vengeance digne d'un thriller, mais en vrai.
- Je comprends rien de ce que vous dites, mais laissez tranquille ma petite sœur... Je sais qu'elle n'a rien fait...
- En effet, votre sœur n'a rien à voir là-dedans. Mais vous avez commis l'erreur de l'emmener ici alors que je vous avais expressivement envoyé VOTRE invitation. Vous pouvez vous en prendre qu'à vous-même.
- Pitié, pas ma sœur ...
- Alors faites en sorte qu'elle soit la dernière, au péril de votre vie. Car je vous le dit : à la fin de cette semaine, il ne restera qu'un survivant. »
La télévision s'éteignit d'un coup. Carlita s'approcha et fit valser avec rage la vieille machine contre le mur : elle s'explosa dans un énorme vacarme.
« NON ! »
Elle serra les poings et tenta de respirer mais elle sentait la rage et la peur monter en elle. La porte derrière elle, s'ouvrit en grinçant. Elle avait l'impression d'être manipulée, comme un pantin. Ce malade, ce gars à la capuche devait les surveiller au moindre mouvement qu'ils faisaient et si ce qu'il disait était vrai : il fallait qu'elle s'échappe. Mais d'abord, elle devait retrouver sa sœur.
Carlita se retourna, elle marcha calmement en direction de la grande porte ouverte par laquelle étaient passées ces abominations, ces poupées vivantes. Avec Yghni. Le soleil pointait ses premiers rayons. La jeune femme regarda sur le sol les traces de quelque chose de lourd qu'on aurait trainé : elles se dirigeaient dans la forêt en face. Et malgré la faible lumière qui passait à travers ces nuages la forêt semblait lugubre. Carlita pénétra dans les bois, l'esprit alerte. C'était calme. Il y avait au loin un petit oiseau qui paillait mais c'était à peine audible.
La jeune femme suivit les traces sur des mètres et des mètres. Elle arriva à un endroit où la tête s'enfonçait entre les roches. Elle estima le meilleur chemin à suivre, tant mieux pour elle qui était passionnée d'escalade.
Puis soudain le chant des oiseaux s'arrêta net. Carlita s'en rendit compte quand le silence pesant fit palpiter son sang dans ses veines. L'oiseau n'était plus là, il n'y avait plus aucun bruit.
Soudain, une branche craqua derrière. Carlita se figea sur place, elle tendit l'oreille. D'infimes craquements de branche retentissaient dans la forêt. Rien n'aurait été étrange si ce n'avait pas été comme des pas tout autour. Elle se retourna, pivotant lentement sur elle-même et regarda vers les sons. Une goutte de sueur perla sur son font. Elle avança le couteau, peu sûre d'elle.
Soudain, une créature bondit vers elle, à quelques mètres à peine. Une créature humaine mais qui ne l'était pas vraiment, un zombi. Carlita ne bougea pas, pétrifiée. La créature aux orbites vides sembla renifler dans l'air, elle s'arrêta un moment. Puis ses lèvres se retroussèrent, dévoilant une rangée de dents pointues et noires ; elle grogna en direction de la jeune femme. Une deuxième bête apparut derrière ; à ce moment -là Carlita sentit ses jambes reprendre vie. Elle se retourna d'un coup et fit un bond désespéré dans le vide. Elle roula sur le sol et se releva systématiquement : les créatures derrière elles avaient chargé.
Elle courut à perdre haleine, les branches fouettant son visage. Une fois elle trébucha contre une branche au sol. Elle se cogna la tête, sa vision devient trouble un instant mais la peur qui lui dévorait les entrailles l'obligea à se relever et à reprendre sa course. Malgré le sang qui lui coulait sur la joue. Elle ne voulait pas mourir.
Elle ne connaissait pas la chose qui lui courait après mais elle ne voulait pas mourir.
Et les choses se rapprochaient inexorablement. Quand elle sentit leur souffle rauque dans sa nuque, elle eut une ultime poussée d'adrénaline et elle entama un sprint que j'avais encore elle n'avait fait. Une dernière chance. Ses poumons se vidèrent entièrement, elle poussa encore. Puis elle ne vit plus d'arbre, elle arrivait sur un terrain plat, une terrière. Elle s'effondra au sol, à deux doigts de mourir asphyxiée. Elle respira tout l'air qui pouvait entrer dans ses poumons puis se retourna, prête à affronter la mort.
Les créatures s'étaient arrêtées à l'orée de la forêt, masquées dans l'ombre des arbres. Elles regardèrent un moment la fille terrifiée puis s'en allèrent. Carlita entendit alors d'autre pas, comme des sabots lents. Des cerfs se tenaient tout autour d'elle, l'encerclant. Elle se releva, regarda les animaux qui semblaient brouter tranquillement, puis elle se retourna pour voir les environs. Au loin, une immense tour de pierre se dressait par-dessus les arbres. On aurait dit qu'elle datait d'une autre époque.
On aurait dit un donjon.
« Un putain de donjon qui aurait fait fuir ces ... machins ? »
Elle en doutait, pour elle s'était plus la présence des immenses cervidés. Si seulement elle avait su que d'un coup de griffes, ils pouvaient les déchiqueter sans le moindre remord, et les manger cru, elle ne se serait pas rassuré comme ça. Elle écarta de la main les animaux et grimpa vers le donjon. Les traces continuaient là-bas, elle devait se dépêcher pour retrouver sa sœur. Et pour ne pas se perdre, avant la nuit.
Elle pria en espérant qu'Yghni allait bien.
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Wrong place, wrong time
Mystery / ThrillerIls étaient là au mauvais moment, au mauvais endroit. Injustement. Choisis. Quinze ans après, Monica, Valentina, Jaden et Arsène gagnent un séjour d'une semaine dans un manoir. Les vacances de rêves, loin des parents, loin des contraintes, loin de...
