chapitre quatorze ☆

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›› Harry S.

La voiture des parents de Red sentait le parfum artificiel et le cigare. Contrairement au pick-up d'Isao, ce n'était pas du rock ou du métal qui sortait de la radio mais le son barbant des informations. Mon nouvel hôte et sa mère étaient tout deux assis à l'avant, si bien que j'étais le seul sur la banquette arrière ; mon sac de cours me tenant compagnie.

Arrivés à sa maison, son père est descendu du perron d'où il nous attendait et est venu nous aider à décharger le véhicule. Ils m'ont ensuite mené jusqu'à leur foyer. Red m'avait informé qu'il avait une petite sœur, Violette. Elle arrivait tout juste à la hauteur de mes genoux, ses cheveux blonds étaient coiffés de deux petites tresses ramenées sur le côté. Elle m'a accueilli d'un petit sourire, se poussant de l'embrasure de la porte pour que je puisse entrer.

Leur maison était remplie de citations de la Bible, elles étaient écrites sur des post-it collés au mur ou encore imprimées sur des feuilles pour être par la suite encadrées. Leur décoration n'était faite que de ça ; et ils en étaient fiers. Red aussi.

Il m'a fait visiter son habitation, me montrant les pièces auxquelles j'avais accès. Il n'y avait pas de « pièce à côté » ni de cave au fin fond du garage. Le plafond de sa chambre n'était pas parsemé d'étoiles scintillant dans le noir et le sol n'était pas recouvert par d'énormes coussins en plumes d'oie. Sa maison ne me plaisait pas. Elle n'était pas comme celle d'Ariel.

J'ai trainé ma valise dans le bureau qui me servira de chambre pendant deux semaines. Les murs étaient blancs, légèrement jaunis par le temps. Un bureau noir était poussé contre un mur et un canapé clic-clac était déplié, les draps posés dessus. J'ai haussé un sourcil, lâchant mon bagage et me dirigeant vers mon "lit".

Je me suis décidé à recouvrir le canapé des draps. Ils étaient imprégnés de l'odeur de lessive premier prix. Mon ancienne chambre me manquait déjà.

J'ai été appelé à diner à dix neuf heures. Toute la famille était installée autour de la table, les mains liées et la tête baissée. Red a levé les yeux, me disant de m'asseoir. J'ai pris place, mal à l'aise, et Violette m'a tendu la main. Je l'ai prise puis son père a commencé de dire le bénédicité.

Je me presse de me laver les dents pour m'enfermer au plus vite dans ma chambre. Je me sens terriblement seul. J'attrape mon téléphone et envoie un message à Ariel pour savoir si tout se passe bien mais je ne reçois pas de réponse.

Un frisson me parcourt lorsque je prend conscience de la fraicheur de la pièce. Je me lève, enfile un tee-shirt et me blottis sous les couvertures en laine.

***

Il n'y avait pas de cacao en poudre dans les placards, je me suis alors contenté d'un café amer. Personne ne parlait durant le petit-déjeuner, même pas Violette. Ce qui me troublait puisque un si jeune enfant devrait être une pile électrique.

J'ai pris ma douche et me suis habillé d'un simple tee-shirt et d'un jean bleu. Hier, lorsque la mère de Red m'a vu avec mes pantalons noirs, son regard s'est durci mais elle n'a pas fait de remarque. Je ne préférais pas la contrarier.

Aujourd'hui c'est son père qui nous menait au lycée. Sa voiture, grise, ronronnait légèrement dans les côtes et ne tolérait pas vraiment la neige et le verglas.

Quand nous sommes arrivés devant le bâtiment, le ciel était rempli de nuages blancs et gris clair, nous éblouissant à cause de la lumière du soleil.

Red m'a fait un signe de la main, rejoignant son groupe d'amis. J'ai fait de même.

Nayla était lovée contre Stuart, dos à lui ; leurs mains étaient jointes sur le ventre de la brune. Dax et Hugo se disputaient, assis sur un muret. Le frisé avait mollement passé son bras autour de la taille d'Angélique qui levait les yeux au ciel à chaque cri des deux compères.

Simplicity | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant