4. Des guerriers nés

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L'elfe rejoignit sans encombre la salle d'arme et s'adossa contre un mur, attendant son amie. Elle ne se soucia pas des commentaires qui lui étaient destinés. Elle attendit quelques secondes et Liske la rejoignit. Ensemble, elles sortirent de la grotte, par une arche qui se trouvait dans l'un des coins de la salle. Elles marchèrent vers leur nouveau monde, sans un regard vers l'arrière et sans l'intervention des gardes.

-C'est juste ça ? s'exclama Liske

-Je pensais que ce serais plus classe ! L'herbe verte, le ciel bleu... c'est pareil que sur Terre ! Corrobora Nedel

            Les deux jeunes femmes se regardèrent et éclatèrent de rire. Nedel pouvait peut être se montrer la majorité du temps froide et insensible, mais elle savait se détendre avec Liske. Après tout, elles se connaissaient depuis de longues années. Elles marchèrent tranquillement sur la route, allant de la sortie de la grotte vers l'horizon. Elles flânèrent, regardant le paysage. Le chemin était en terre, presque du sable et l'herbe s'étendait à perte de vue. Des arbres parsemaient  ce décor bucolique de petites taches d'ombre. Une brise soufflait légèrement, des cigales stridulaient dans les oyats aux bords de la route. Arrivée à un champ, enfin sur un terrain qui semblait cultivé, elles s'arrêtèrent au pied d'un arbre. Liske sortit de son sac à dos un peu de nourriture pour le voyage et une carte. Elles étalèrent le tout sur une nappe :

-C'est ton Clam qui t'as donné ce sac ? Fit mine de rien Nedel

-... Elle lui lança un regard noir. Exact, il nous a donné de la nourriture pour trois jours, le temps d'atteindre la ville la plus proche, répondit l'humaine

-Ah oui et où allons-nous exactement ? S'intéressa sa coéquipière, voyant que son amie n'allait pas répondre à ses interrogations

            L'elfe se pencha sur la carte. Elle posa le doigt sur la grotte, facilement repérable, puis son doigt suivit la route qu'elles étaient en train d'emprunter. Elle s'arrêta lorsqu'elle atteignit une ville. A côté du point était marqué : Maliar, capitale d'Hazuliar. Les deux jeunes filles finirent de déjeuner et se reposèrent quelques temps. Elles discutèrent de leur vie dans leur ancien monde et de leur famille. Elles étaient amies depuis de nombreuses années et elles étaient contentes de se retrouver dans ce nouvel endroit ensemble. Vers le milieu de l'après-midi, elles repartirent en direction de la ville, suivant le chemin. Lorsque le soir arriva, elles marchèrent le long d'une forêt, qui les englobait depuis la fin de l'après-midi. Les grands arbres cachèrent rapidement la lumière du soleil et les deux jeunes filles durent trouver un endroit pour s'arrêter. Entendant le murmure de l'eau, Nedel fit signe à Liske de la suivre. Après quelques minutes de marche, elles débouchèrent sur une petite clairière bordée d'une rivière. Après s'être lavé dans la cour d'eau, elles allumèrent un feu de camps et mangèrent du poisson péché précédemment.

            Elles se couchèrent, enroulé dans leur cape et elles bavardèrent jusqu'à tard dans la nuit. Nedel avait essayé de faire parler Liske de Clam toute la journée, mais rien ne sortait de leur conversation. Pourtant, elle était sûre de connaître ce nom ! L'elfe se dit que de toute façon, elle avait toute la vie pour faire parler son amie et elle décida de laisser tomber, pour le moment en tout cas. Les jeunes filles se turent peu après. Alors qu'elles étaient sur le point de s'endormir, soudain, dans le silence relatif d'une forêt, un murmure peu naturel, un bruissement non animal se fit entendre. Les deux jeunes filles, couchées cotes à cotes ouvrirent les yeux et se retournèrent dos à dos. Liske posa la main sur le pommeau de son épée, qui se trouvait en dessous de son oreiller tandis que Nedel prit ses deux dagues encore accrochées à sa ceinture dans ses mains. Le silence se fit plus pesant, puis, une voix déchira l'air :

-C'est bon les deux gamines dorment.

-Elles portent des armes, mais je paris qu'elles ne savent pas les utiliser ! On s'amuse un peu avec elles puis on les faits disparaître. On prend leurs armes et leurs bijoux si elles en ont. Ca nous rapportera au moins un rondin d'or! fit une deuxième voix

-Non, on les revend en tant qu'esclave ! De jolies poupées comme cela on gagnera gros ! fit la première voix

            Les deux hommes ou ce qui se faisait passer pour des hommes s'approchèrent de part et d'autres des filles. Liske, les yeux mis clos, regarda l'un des deux arriver de son côté. Sa peau était grisâtre, tacheté par-ci par-là de couche marronnée. Ses vêtements étaient en lambeaux, aussi propre qu'un porc venant de se rouler dans la boue et d'une couleur indéfinissable. Liske se douta que le compagnon de son futur « agresseur » devait être dans le même état déplorable. Un fin fumet arriva aux narines des demoiselles. Celles-ci ne purent retenir un grognement. La délicate odeur semblait être un mélange de transpiration, d'alcool et de vomi. Lorsqu'ils furent à moins d'un pas des jeunes filles, celles-ci, d'un bond, sortir leurs lames de leurs fourreaux et attaquèrent les deux brigands.

            L'humaine porta un premier coup d'estoc à l'aine, qui fit plier le violeur en deux. D'un coupé, elle décapita l'homme devant elle. Elle recula pour laisser tomber le corps sans tâcher ses vêtements et s'éloigner au plus vite de cette abomination nasale.  L'humaine se rapprocha du feu. Pendant ce temps, l'elfe attaqua sa cible et poignarda le malfrat au thorax. Comme il bougeait encore, elle lui enfonça ses coutelas dans le ventre. Il s'effondra sur le sol et après quelques soubresauts, se figea. Nedel rejoignit son amie devant le feu. Sans un mot, elles ramassèrent leurs affaires et se rapprochèrent de la route, voulant à tout prix s'éloigner de cet endroit. Elles s'assirent à côté d'un bosquet, sur le tronc d'un arbre couché. Le silence se fit, puis, Nedel prit la parole :

-Bon sang ces deux-là m'ont fait perdre mon sommeil ! Je n'arrive pas à croire que j'ai salie mes deux nouvelles dagues pour deux pauvres voleurs...

-Toi et ton sang-froid... moi non plus je ne ressens rien pour ces deux débiles ! Je crois qu'on est toutes les deux faites pour ce bouleau, hein ? Commenta malicieusement Liske

            La demoiselle avait à peine fini de parler quand des bruits de sabots se firent entendre. Les deux adolescentes se redressent et serrèrent leurs mains sur leurs armes. Elles étaient peut-être courageuses, mais pas folles et cette première nuit les avaient secouées, quoi qu'elles en disent. Ce fut deux chevaux, sales et hirsutes, qui arrivèrent vers elles. Le duo se sourit et la métisse dit en rigolant :

-Au moins, on a un moyen de transport ! Je ne sais pas pour toi, mais moi, je ne me balade pas sur un sac à puce !

            Les filles s'approchèrent chacune d'un poney. La roussette prit le cheval baie, d'environ 1m70 au garrot, tandis que l'autre pris le souris, d'environ de la même taille. Elles les amenèrent près de la rivière coulant en contre bas que Nedel avait entendu le jour précédent et nettoyèrent tout l'équipement des équidés ainsi que les chevaux. Elles étendirent les selles et les filets en plein soleil, celui-ci s'étend levé pendant le décrassage et que la rivière traversait une petite clairière. La fin de la matinée se passa tranquillement, ou du moins, sans incident notable, mis à part le fait que des éclats de rires faisaient souvent peurs aux oiseaux de la forêt. Peu après le déjeuner, les adolescentes sellèrent les chevaux et partirent. Elles quittèrent la forêt peut avant l'heure du gouter et continuèrent leur route en direction du château qui se dessinait peu à peu. Le soir même, les deux amies arrivèrent devant les portes de la cité. Le pont levis était sur le point d'être relevé quand elles s'y engagèrent. Une volée de flèche leur tomba alors dessus.

Hazuliar [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant