22. Au revoir car nous nous reverrons au paradis

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Yin courut comme si sa vie en dépendait. Ce qui en soi était vrai. Elle ne se retourna pas, de peur de ne pas pouvoir détourner son regard de la bête. Elle sentit un souffle chaud sur sa nuque et son cœur bondit dans sa poitrine. Soudain, elle entendit le sifflement d'une flèche près de son oreille et le grognement de la bête. Yin ne s'arrêta que lorsqu'elle fut à côté des deux filles qui avaient dégainé. Elle remercia d'un signe de tête Nedel qui avait déjà tiré deux autres flèches.

            Yin se tourna vers les silhouettes qui s'approchaient du camp. Il y en avait une dizaine. Douze exactement. La jeune femme avait entendu beaucoup d'histoire sur ces créatures. Comme quoi elles avaient été créées par un démon. Elle secoua la tête et observa les silhouettes. Les monstres avaient la taille d'un ours et la physionomie d'un singe. Leurs visages se rapprochaient cependant de celui d'un loup. Ils avaient un pelage sombre et dense et celui qui avait reçu les flèches ne semblaient pas être affecté. Son pelage les avait arrêtées. Yin frémit, consciente que sa vie et celle des autres membres du groupe ne tenait qu'à un fil.

            Les kalkaras se positionnèrent en forme de cercle autour du groupe. Cependant, ils restèrent à une distance raisonnable du feu de camp. Nedel tirait sur tous les monstres qui approchaient un peu trop à son gout et les monstres comprirent qu'elle pouvait être dangereuse. Liske, quant à elle, avait fait apparaître son bouclier et échauffait son poignet en faisant des moulinets avec sa lame, lui donnant ainsi des reflets chatoyants. Yang, lui, était encore assis sur son sac de couchage, peu réveiller. Il semblait paralysé par les monstres et son regard était fixe. Sa sœur s'approcha de lui en l'appelant par son prénom. Voyant son manque de réaction, elle lui donna une grande gifle, qui résonna dans la clairière étrangement silencieuse. Les kalkaras grognèrent mais quelques flèches de l'elfe les empêchèrent d'avancer. Yang papillonna du regard et reprit ses esprits. Il se leva alors et dégaina son sabre. Avec sa sœur, ils se positionnèrent au côté des filles qui discutaient à voix basse :

-J'en suis presque sûr, ces monstres détestent le feu et les chevaux. Mais ils sont beaucoup trop nombreux et fort pour nous. Nous devons nous enfuir où nous mourons, disait Liske

-D'accord, mais si nous quittons nos positions ou si nous leurs tournons le dos, ils nous attaquerons et le résultat sera le même, argumenta Nedel

-Tu as raison. Yin, Yang, sellez les chevaux et rangez tous le campement. Ne vous éloignez pas. Nous les retiendrons s'ils s'approchent. Dépêchez-vous, murmura Liske

            Les jumeaux obéirent avec empressement et en moins de 10 minutes, le groupe était prêt à partir. Pendant ce temps, Nedel continuait de tirer sur les kalkaras et Liske avait formé un fil de feu autour d'eux. Cependant, utiliser une magie qu'elle ne connaissait pas était très épuisant et l'effet était plus dissuasif que véritablement dangereux. Les jeunes femmes enjoignirent plusieurs fois à leurs compagnons de se dépêcher, voyant apparaître de temps à autre d'autres silhouettes derrière les monstres. Les jumeaux eurent du mal à faire venir les montures jusqu'à leurs cavalières, puisqu'ils sentaient le danger très proche. Finalement, tour à tour, ils réussirent à se mettre en selle. Les kalkaras, qui semblaient hésiter à agir et grognèrent. Ils ne voulaient pas laisser échapper leur diner. Avec un sursaut de courage, Yang dit aux filles :

-Quand je vous le dirais, vous partirez au galop en direction des montagnes et vous ne vous arrêterez pas. Ma sœur vous conduira...

-Non ! Je ne te laisserai pas derrière ! S'exclama Yin, les larmes aux yeux

-Ne t'inquiète pas, ces monstres ont peur du feu, je vais simplement mettre le feu à cette forêt et partir juste derrière vous. Je vous rejoindrais plus tard, je te le promets. Surtout que nous sommes bientôt à Python. Si vous chevauchez toute la nuit, vous devriez y arriver à l'aube.

-Nedel, Liske, Jack, vous devez continuer tout droit en direction de la montagne. Au bout d'un moment, vous allez arriver sur un chemin, suivez la route et vous arriverez à Python. Je reste avec mon frère, dit fermement Yin

-Mais... voulut commencer son frère

-Il n'y a pas de mais. Je ne t'abandonnerai pas. Nous avons toujours été plus forts à deux, alors nous le resterons. J'ai été très heureuse de vous rencontrer, alors adieu

-Je déteste les adieux, les gens vous oublient après ! Disons à la prochaine ! s'exclama Nedel

            Elle fit tourner la bride à son cheval et se retourna légèrement sur sa selle pour observer son amie. Cette dernière avait les yeux brillant et la gorge serré. Elle réussit tout de même à incliner la tête et à murmurer :

-Ou que ce soit, nous nous retrouverons un jour

            Liske pressa le flan de son cheval et lui fit prendre la direction de la montagne. Les deux terriennes lancèrent leurs montures au galop. Leurs montures galopaient à vive allure entre les arbres. Le silence était brisé par le bruit sourd des sabots et la respiration lourde des chevaux. Parfois, on entendait un reniflement. Au loin, étouffé par la forêt se laissait entendre des bruits de combats et des cris bestiaux.

            Les jeunes femmes continuèrent à chevaucher jusqu'à arriver à la lisière de la forêt. D'un accord tacite, elles essayèrent de trouver un poste sur élevé. Elles montèrent sur une bute et observèrent la forêt. Soudain, un hurlement déchirant envahi l'espace. Puis, un cri suivit :

-Non ! Yin, non !

            Puis, à l'endroit où ils avaient campé, une gigantesque flamme s'éleva. Rapidement, la forêt tout entière prit feu. Un brasier gigantesque, d'une chaleur intense. Maintenant, les hurlements des bêtes recouvraient presque le crépitement des flammes. Peu à peu, il ne resta plus que le crépitement de l'incendie. Les jeunes femmes descendirent de cheval et se serrèrent dans les bras. L'humaine, la voix enroué, murmura alors :

-Adieu et nous nous reverrons au paradis

-Je déteste les adieux, j'ai l'impression qu'on oublie la personne, au revoir, car nous nous reverrons au paradis

            Les deux amies restèrent longtemps devant l'incendie qui maintenant dévorait tout le centre de la forêt. Bientôt, derrière les nuages, le ciel commença à s'éclaircir. Liske et Nedel, qui s'étaient assis par terre, se relevèrent lentement. Elles essuyèrent leurs yeux et remontèrent péniblement en selle. Leurs montures qui s'étaient reposées et ne rechignèrent que très peu à repartir. Tranquillement, elles prirent la direction de la montagne. Elles cheminèrent et au détour de la route, elles arrivèrent au vue de la cité. Les jeunes femmes s'arrêtèrent au haut de la colline et devant elles s'étendaient Python, éclairé par les premières lueurs du jour. Elles remarquèrent alors, au pied de la cité, qu'une bataille se préparait. Trois armées se faisait face. Soudain, un cor retentit et comme au ralentit, les armées foncèrent les unes sur les autres.

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Hazuliar [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant