17. La bonté et le bonheur

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Le lendemain matin, les jeunes femmes se réveillèrent de très bonne humeur. Autour d'elles, tout était blanc. Elles se préparèrent en vitesse et, après avoir sellé leurs chevaux, elles les amenèrent par la bride jusqu'au pont. Ce dernier avait repris son apparence habituelle. Le groupe commença sa longue traversée. Au bout d'une cinquantaine de mètre, Liske se retourna vers la falaise. Ce qu'elle vit la stupéfia. Le pont semblait disparaître sous leurs pas et le sommet semblait maintenant être à des kilomètres. La rousse haussa les épaules et retourna vers son amie, qui l'avait attendue.

            Le groupe marcha pendant toute la matinée dans les nuages. Ils ne voyaient plus l'un des deux bords du précipice, ni le pont, ni le fond du gouffre. Quand le soleil fut à son zénith, ils s'arrêtèrent pour déjeuner. Le repas fut silencieux, tendu. Personne ne savait à quoi s'attendre et, les jeunes femmes commençaient à avoir peur de rester bloquer à jamais sur ce pont, perdu au milieu de nulle part et de partout. Le groupe repartit peu après, mais à la différence que cette fois-ci ils étaient à cheval. Rapidement, les demoiselles firent passer leurs montures au trot et ne s'arrêtèrent pas avant la tombée de la nuit. Quand cette dernière les recouvrit, les jeunes femmes mirent leurs montures au pas. Sans un mot et d'un accord commun, elles décidèrent de quitter cet endroit avant de s'arrêter. La nuit, bien que magique sur ce pont, l'était moins que la nuit précédente.

            Vers le milieu de la nuit, Nedel ferma les yeux, à moitié endormie. Elle se redressa brusquement en entendant un bruit. La jeune femme regarda son amie, qui elle, dormait sur son cheval. L'elfe sourit et reporta son attention sur ce qui l'entourait. Des fils de lumières, bleuté et violacé les enveloppaient. Elle ne voyait pas à plus de trois mètres. Soudain, une petite créature fila devant elle. Nedel cligna des yeux, pensant que son esprit lui jouait des tours. Puis, une seconde petite luciole passa et une troisième et encore d'autres. Elles dansaient autour des cavalières. Chacune étaient d'une couleur différente et elles illuminaient les nuages. Nedel, émerveillé, tandis une main devant elle. Une petite créature aux ailles émeraudes s'y pausa. Ses ailles étaient comme celle des libellules et son corps, celui d'une femme, mais faisant cinq centimètre. Nedel, qui malgré son manque de savoir, savait que la créature était une Sylphe. Cependant, elle ne connaissait pas ses vertus. Nedel réveilla doucement sa coéquipière pour qu'elle observe avec elle ce magnifique spectacle. Les créatures les enveloppèrent, leurs créant des robes chatoyantes, des ailes d'anges, des auréoles. Quelques instants plus tard, les bruits de sabots sur le sol se modifièrent. Les jeunes femmes remarquèrent alors qu'elles étaient arrivées à l'extrémité du pont.

            Ce soir-là, un lendemain de Noël, deux jumeaux nourrissaient les cochons. Le garçon avait des cheveux blancs comme neige tandis que pour la fille ils étaient noirs corbeaux. Cependant, ils leurs arrivaient à tous les deux au niveau des reins. Leurs visages étaient autant féminins que masculin. Leurs yeux, bleus céleste, rappelaient la couleur du pont. Leurs peaux, légèrement rosé par le froid leur donnait une apparence d'ange. Au village, on parlait d'eux comme des anges. Ils en avaient la beauté, mais aussi la bonté. Ils étaient doux, simple et joyeux, n'hésitaient pas à se salir et protégeaient les habitants. Pourtant, à leur arrivée, ils portaient des armes. Pour le garçon, une grande épée et pour la fille, un sceptre. Ce soir-là, ce fut eux qui prévinrent le village de l'arrivée de deux déesses par le pont des dieux. L'une était celle du feu indomptable, tandis que l'autre, de l'obscurité sauvage. Elles chevauchaient deux animaux d'une extrême majesté. La voie lactée se parait de leurs couleurs. Le village s'était réuni aux abords du pont. Quand les deux déesses s'approchèrent d'eux, ils s'inclinèrent tous à leurs pieds.

            Lorsque les deux femmes descendirent du pont, elles furent surprises de voir une centaine de villageois les attendre. Méfiante, elles furent encore plus étonnées lorsque les habitants s'inclinèrent respectueusement devant elles. Puis, un homme d'âge mûr s'approcha des cavalières et d'une voix emplie de bonté s'adressa à elles dans ces termes :

-Nous sommes honoré de votre venue, s'il vous plait, acceptez notre humble demeure pour vous reposer

            Les deux amies se regardèrent, interdite. Cet homme les prenait pour d'autres. Cependant, elles décidèrent d'accepter leur hospitalité et de mettre au clair cette histoire plus tard. Nedel fit alors un signe de tête à son amie, voulant clairement dire « utilise ta stature pour répondre ». Liske sourit doucement et répondit d'une voix mélodieuse :

-C'est avec joie que nous acceptons.

            Les deux femmes descendirent de cheval et marchèrent au côté du chef du village, lui montrant qu'ils étaient égaux, au grand bonheur des villageois. Arrivée au centre du hameau, les jeunes femmes s'occupèrent d'abord de leurs montures, sous les acclamations des villageois, qui ne comprenaient pas pourquoi des déesses s'occupaient elles-mêmes de leur monture. Ils reconnurent toutefois leur grandeur d'âme. Le chef du village leur donna ensuite la plus belle chambre de l'auberge. Avec délectation, les deux jeunes femmes s'endormirent pour la première fois depuis longtemps dans un lit doux et confortable.

            Le lendemain matin, elles se levèrent avec le chant du coq et furent étonné lorsque des femmes leurs apportèrent des bassines. Elles les installèrent dans la chambre et les remplirent d'eau chaude. Elles apportèrent aussi toute sorte de lotions pour la peau et les cheveux. Les demoiselles s'y lavèrent avec joie, habitué à l'eau froide des courts d'eaux. Une fois leurs abusions terminées, les femmes du village leurs apportèrent un copieux petit-déjeuner constitué de pain sec, de lait et de pain. La matrone s'excusa alors :

-Nous sommes désolé de pouvoir vous fournir qu'un simple repas

-Ne vous inquiétez pas, il est parfais. L'amour que vous y avez mis est tout aussi nourrissant que le repas en lui-même, répondit doucement Nedel

-Et nous savons que vos conditions de vie sont difficiles et nous vous remercions de nous donner un peu de vos réserves, continua Liske

-Vous êtes trop bonnes, dit ému la dame

            Les jeunes femmes lui sourirent. Elles interrogèrent les villageoises sur leurs vies, sur l'endroit où elles étaient. Toutes ces questions auxquelles elles s'empressèrent d'y répondre, heureuse que l'on s'intéresse à elles. A la fin du repas, les femmes les emmenèrent à l'extérieur, où l'on y avait dressé une grande table. Tout le village s'y réuni. Le conseil allait enfin commencé. Les deux femmes prirent les places d'honneur et le chef du village s'assit en face d'elles. A ses côtés, deux jeunes, une fille et un garçon, de la même famille au vue de leurs ressemblances physiques. Le chef du village annonça :

-Je déclare le conseil du village ouvert, que tous ceux qui veulent y participer prennent place autour de la table. Je demanderais à tous les témoins de garder le silence.

Hazuliar [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant