15. La dispute

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A peine le soleil apparut dans le ciel que les habitants de la clairière étaient déjà sur le point de partir. Quels instants plus tard, l'aube entendait le martèlement des sabots. Deux cavaliers ainsi qu'un lapin chevauchaient deux beaux équidés. Ils suivirent un chemin de terre, puis, traversèrent entre deux champs en direction de l'Est. Un jour passa, puis un second. Au troisième jour, une averse se déclara et ne s'arrêta pas à la tombée de la nuit. Le lendemain, l'averse devient ouragan et les voyageurs durent rester dans une caverne pour s'abriter. Heureusement pour eux, l'orage devient bruine au lever du cinquième jour. Les cavaliers traversèrent des forêts, des champs, totalement vide, encore vierge de toute conscience guerrière. Devant le feu ce soir-là, les deux femmes regardèrent leur carte et essayèrent en vain de se situer. Eclata alors une dispute qui fit fuir tous les oiseaux.

-Pourquoi on l'a écouté ! On est perdu ! Perdu ! Normalement, ça devrait faire au moins plusieurs jours qu'on aurait dû arriver à cette fichue falaise ! Mais là, toujours rien, que dalle, niet ! On devrait partir en direction du Sud, sinon on va beaucoup trop s'éloigner !

-Calme-toi, à mon avis, c'est la carte qui n'est pas à l'échelle. La zone que nous arpentons n'a jamais été visité par l'homme, à par peut être par des chasseurs ou autres solitaires. A mon avis, personne n'a pris la peine de faire une véritable carte. Regarde, nous sommes en train de gravir une montagne et le dénivelé n'est pas marqué comme les autres fois. Et la cité de Python n'est pas mentionnée sur cette carte. Je pense que nous devrions faire confiance à Boa, lui répondis calmement l'humaine

-Tu m'énerve ! Tu crois que tout le monde il est gentil et il dit la vérité ! Elle nous a envoyé dans la mauvaise direction ! Admet un peu que tu t'es trompé pour une fois ! s'écria Nedel

-Pour l'instant, aucune de nous deux n'a tort ou raison et je ne pense pas que tout le monde soit gentil, je me fie à mon instinct et il a toujours raison !

-N'importe quoi, tu te prends pour une déesse maintenant ? Madame n'a jamais tort, elle sait toujours mieux que tout le monde, elle est calme, gentil, tout le monde se soumet à ses décisions ! Lui reprocha l'elfe

-Tu as fini ta crise de rébellion ? Si les gens m'écoutent, c'est parce que j'ai de bonnes idées et que j'ai beaucoup de culture...

-Tu dis que j'ai des défauts, mais regarde toi, tu te jettes des fleurs sans arrêt ! Tu es imbu de ta personne, ce n'est pas croyable ! Ragea l'archer

-Mais tu me soules ! Je suis peut être prétentieuse, mais au moins je ne fais pas chier tout le monde ! Donne-moi une seule bonne raison de suivre le chemin que tu souhaites et nous te suivrons. Sinon, c'est moi qui décide ! Répondis Liske sur le même ton

-Et en quel honneur tu pourrais décider ? Je ne suis pas inférieure à toi ! Répliqua Nedel

-Je suis beaucoup plus mature que toi et en plus, mon instinct me le dis !

-Et moi il me dit que non !

-Mesdemoiselles...

-Tu veux quoi toi ?

-Tu ne vois pas que l'on est occupé ?

            Jack, qui s'était approché entre temps, se retrouva pris entre deux feux. Il ressentit pesé sur lui toute la colère, la rancœur, l'énervement. Il chercha un moyen de se tirer de se pétrin en trouvant une issue. Mais il n'y en avait aucune. Le feu de camp, qui avant était de simples flammes, semblait maintenant danser et l'ombre de la forêt semblait s'agiter. Il regarda de nouveau les femmes, qui étaient à l'origine de ce fait. Elles n'en n'avaient pas encore conscience, mais leurs pouvoirs se développaient très rapidement et en puissance. Jack chercha alors ses mots, conscient que la moindre erreur le transformerait en ragout. Il clapit, comme seul un lapin pouvait le faire puis dit :

-Vous avez toutes les deux raisons... Le pont se trouve à une demi-journée de marche au Sud-est.

            Il se recroquevilla sur lui-même et clapit lorsque les deux femmes éclatèrent de rire. Il se redressa, intrigué par un tel changement d'humeur. Elles riaient à s'en casser les cotes, retrouvant leur habituelle bonne humeur. Après ça, elles préparèrent à manger, s'entrainèrent comme tous les soirs, allèrent se laver dans le cours d'eau et se couchèrent, leurs sens les avertissant au moindre danger. Jack les regarda sans vraiment les voir. Il était perdu dans ses pensées, se souvenant de tous les bons moments qu'ils avaient passés avec ses amis avant de se faire transformer.

            Le lendemain matin, les joyeux compères sellèrent les chevaux et partirent dans la direction indiquée par Jack le jour d'avant. Dès qu'ils prirent la direction Sud-est, le dénivelé se fit intense. Les deux cavalières durent descendre de cheval et mener leur monture par la bride, à travers les ronces et les buissons. Puis, la forêt s'éclaircit. En quelques pas, nos compères arrivèrent à l'orée de la forêt. Intrigué, nos deux voyageuses marchèrent droit devant elles, se demandant ou pouvait bien être le pont. Tout à coup, là le chemin s'arrêta, la montagne aussi par la même occasion. Les adolescentes laissèrent leurs chevaux brouter et s'approchèrent du vide. Devant elles, s'élevaient le pont, aussi majestueux qu'intriguant.

            Les jeunes femmes se regardèrent, abasourdit par le spectacle qui s'étalait devant elle. Jamais, même dans leurs rêves les plus fous, elles n'avaient imaginé quelques choses d'aussi... Jack, qui s'était approché, siffla devant cette vision sortie du plus fabuleux des contes de fées.

Hazuliar [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant