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Assis à mon bureau, tenant entre mes mains, la lettre que je venais à peine de lire pour la cinquième fois de la journée. Il n'y avait strictement rien à faire j'avais beau la relire, encore et encore, j'étais toujours aussi surpris et intrigué par le contenu de la missive. Non ! Je n'étais pas étonné, J'étais dérouté d'avoir en ma position un courrier venant de l'arche Mystique. L'arche des mystères. Celle qui détiendrait la source vitale de la puissance et l'immortalité des esprits des vingt familles existantes dans notre système solaire. Selon les cours d'Histoire que j'avais eu lors de mon adolescence, Mystique était la première des vingt et unième arches majeurs, mais que contrairement aux autres, elle était occupée par aucun des esprit de famille. Bien sûr, il y avait des habitants là bas, mais personnes ne savait qui ils étaient, ni quel genre de vie ils pouvaient avoir.

Certaines de mes connaissances pensaient d'ailleurs, que les habitants de Mystique étaient des mediums ; des êtres capables de communiquer avec des entités qui nous serraient invisibles, et qu'ils devaient être des monstres ou des fous. D'autres s'imaginent que Mystique étaient l'arche dans laquelle nos ancêtres envoyaient les criminels en exil, et d'autres encore avaient comme idée que cette arche était la gardienne du secret des livres de famille dont chaque arche détenait un exemplaire. Bref ! Malgré toutes les recherches et hypothèses que les historiens et les familles de chacune des arches pouvaient avoir fait, aucun d'entre nous ne savait au juste pourquoi Mystique était une arche majeure, et encore moins pourquoi les habitants n'avaient aucun contact avec la population des vingt familles.

Pour ma part, l'histoire de cette arche ne m'a jamais spécialement intéressé, et à vrai dire à part les chiffres et le bien être de ma tante, rien ne m'intéressait sur le Pôle. Pourtant, à cet instant précis, je devais bien reconnaître que mon esprit était totalement focalisé sur les interrogations entourant Mystique. Pourquoi l'un des habitants de cette arche m'avait transmis cette lettre ? Comment connaissait-il l'existence d'Océane, alors que c'était chose impossible, et surtout comment a-t-il sut le lien que j'avais avec elle, alors que j'avais veillé de ne jamais parler d'elle à qui se soit? Il ne pouvait tout de même pas la connaître ! Serrait-elle là-bas ? Frustré de n'avoir de réponses à mes questions, je me retenais de poser la feuille de mes mains pour donner un coup de poing à mon bureau. Au lieu de cela, j'inspirais l'oxygène un bon coup et de l'expira. Ensuite, je pliais la lettre, la rangea dans la poche de mon uniforme, puis je pris instinctivement la montre à gousset posée devant moi. Observant le couvercle un instant ne sachant pas quoi penser de ce courrier, je ressentis le pincement au cœur que j'éprouve à chaque fois que je fixais cet objet.

Décidément, j'aurais certainement dû me débarrasser de cette montre, mais c'était plus fort que moi, je voulais la garder, espérant pouvoir la revoir et lui rendre comme elle avait laissé entendre avant sa disparition. Commençant, à me sentir trop agité, je me levais de mon fauteuil, pivotais à ma gauche, puis je fis quelques pas avant de pivoter à nouveau pour me rapprocher de la fenêtre. Je soupirais un instant, et me mis à observer par la vitre le paysage enneigé. A la vue de la cours vide, je regardais les bâtiments en briques qui l'entouraient, alors que mon esprit était tourmenté.

Ayant plusieurs interrogations en tête, je ne sus quoi penser, ni même s'il fallait prendre la nouvelle au sérieux. Je n'avais jamais eu affaire aux habitants de Mystique, mais du peu de ce que j'en savais d'eux, je ne comprenais pas pourquoi l'expéditeur m'avait contacté, et encore moins pourquoi il tenait à me rencontrer une semaine plus tard pour me parler de mon amie d'enfance. Oui, Océan était mon amie; la seule d'ailleurs. Du moins, c'est ce que j'ai cru durant l'année où je l'ai fréquenté. Mais depuis qu'elle m'a laissé tombé, à chaque fois que je pensais à elle, c'est à dire à chaque fois que je consultais l'heure, j'éprouvais une boule à l'estomac. J'avais beau retourner cela dans tous les sens, je ne comprenais absolument pas pourquoi elle était partie sans me fournir d'explication, et me sentant abandonné et trahi, je lui en voulait terriblement.

A la pensée de son prénom, j'ouvris le couvercle de la montre, et je fixais le cadran. Cette fille si mystérieuse et bavarde avait surgit dans ma vie de nulle part, elle m'avais fait découvrir ce qui était l'amour. Elle m'avait fait procurer par sa seule présence, et son désir permanent de passer du temps avec moi le sentiment d'être aimé et accepté en tant qu'individu. Contrairement à mon entourage, et principalement ma famille, Océane ne m'avait jamais considéré comme un bâtard, au contraire, elle paraissait éprouver une profonde affection à mon égard. Puis quelques années plus tard, quand je ne m'y attendais pas, elle m'a laissé tombé. Énervé de penser encore à elle, je refermais le couvercle, fis volte-face, et retournais à mon bureau afin de reprendre mon travail. J'avais bien trop de dossiers à étudier pour me permettre de me préoccuper de mon amie d'enfance et de la visite inattendue de l'expéditeur de cette missive. Hélas pour moi, à peine que je fus installé, que le téléphone se mit à sonner. Agacé d'être dérangé, je serrai les poings pendant quelques secondes avant de me décider à répondre.

- Thorn à l'appareil !

- Monsieur Thorn, je m'excuse de vous déranger, mais vous avez un appel de votre tante. Est-ce que je vous la passe ?

Perplexe à l'annonce de Félice ; ma réceptionniste ; je me demandais pourquoi Berenilde m'appelait. Ce n'était pourtant pas son genre de me téléphoner à l'intendance L'inquiétude survint brusquement, et je répondis d'un ton sec.

- Oui Félice, passez là moi !

- Bien Monsieur ! Résonna la voix suave de la réceptionniste.

J'attendis quelques secondes avant d'entendre la voix de ma tante.

- Bonjour Thorn !

- Bonjour ma tante ! Qu'il y a-t-il ? Lui demandais-je préoccupé.

- Rien ! Maman tricote un vêtement pour le bébé, et je n'ai toujours pas reçu de nouvelles de Farouk. Je commence à en avoir plus qu'assez qu'il refuse de me voir.

Je fixais le cadran du téléphone, espérant sérieusement que Berenilde ne m'avait pas appelé pour se plaindre de l'indifférence de notre esprit de famille à son égard.

- Tante Berenilde, puis-je savoir quel est le motif de cet appel ?

- Oh je te dérange ! Je m'excuse, mais je voulais juste prendre de tes nouvelles ; cela fait depuis plusieurs jours que tu ne fais que passer au coup de vent, et j'espérais que tu viennes dîner en notre compagnie ce soir.

- J'ai beaucoup de travail en ce moment, mais je vais essayer de trouver un moment pour venir dans la soirée.

Berenilde garda le silence pendant trente secondes ; durant lesquelles, je me forçais de retenir mon agacement. Je tenais énormément à ma tante ; elle fut le seule membre de ma famille à m'avoir accueilli et veillé sur moi après la mort de mon père. Mais malgré le respect et la confiance que j'éprouvais pour elle, je n'approuvais pas sa liaison avec Farouk. Son amour pour lui me déroutait. Farouk était un homme puissant et suffisamment charismatique pour attirer n'importe quelle femme dans son lit. Il était le genre d'individu que je ne supportais pas. Mais par respect pour ma tante, je m'y forçais de ne pas exprimer mon opinion à ce sujet.

- Je comprends ! Répondit Berenilde d'un ton rude

Au son de sa voix, je ne pu être que contrarié ; je n'étais certes pas d'humeur à la voir, mais j'aurais pensé qu'elle comprendrait que j'ai du travail à effectuer ; et que je ne pouvais me permettre d'avoir du retard.

- Ecoute je dois te laisser ; on se voit ce soir si j'arrive à terminer ce que j'ai à faire. Lui répondis-je finalement avant de raccrocher.

Suite à cette conversation, je me plongeais encore d'avantage dans le travail toute la semaine, afin de m'occuper en vain mon l'esprit : Quoique je fasse, les souvenirs de ma rencontre avec Océane me hantaient. Pourquoi est-elle partie sans m'avertir, et pourquoi un habitant de Mystique voulait me parler d'elle ? Voilà des questions qui me tourmentaient.


Océane, Moi et la Passe-MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant