VII

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Depuis mon départ de la maison de mon enfance, je ne cessais de penser à Océane, et à l'amitié qu'elle semblait avoir à mon égard. Durant toutes ces années, je m'étais sentie rejeté et pourtant malgré la colère et le chagrin que son départ m'apporta, me retrouver dans ce lieu, et me souvenir de cet événement, me fit comprendre que je voulais savoir si Arthur disait vrai, j'avais besoin de découvrir la vérité et surtout la retrouver et m'assurer qu'elle aille bien.

C'est pourquoi, l'esprit tourmenté par la contradiction entre mon désir de retrouver Océane, et ma méfiance envers les attentions de celui qui prétendait être son jumeau, je passais tout mon voyage enfermé dans ma cabine. Le dirigeable avait décollé quelques jours à peines, et malgré que je fus au courant du laps de temps qu'il nous faudrait pour arriver sur l'arche d'Anima, je m'impatientais de plus en plus à chaque fois que j'observais ma montre à gousset ou quand le visage d'Océane me vint à l'esprit.

Contrarié, je finis par sortir de la pièce pour me dégourdir les jambes, la montre à gousset entre mes mains, je marchais en effectuant des allers-retours dans l'engin ; espérant que cela m'aiderait à occuper l'esprit, hélas il m'était impossible de chasser de mes pensés mes préoccupations, alors je revins dans ma cabine, me demandant si j'eue raison d'accepter d'accomplir cette mission, alors que je n'avais aucune garanti de retrouver Océane.

Cette interrogation me tourmenta durant tout le voyage. Puis vint le jour de l'arrivée sur Anima. Ce jour-là j'étais bien décidé à ne pas perdre de temps ; il fallait que je retourne au Pôle pour poursuivre mon enquête sur Arthur ; dont je n'avais toujours rien trouvé à son sujet, et m'assurer que la liseuse soit en sécurité jusqu'à notre mariage, ne m'attendant pas à être accueilli par toute la famille de cette dernière, ni même par le choc que j'éprouvai en voyant celle destinée à devenir ma fiancée :

De petite taille, de long cheveux bruns entremêlés, vêtît d'un manteau et des gants usés, et portant sur elle une paire de lunettes et une écharpe tricolore à son cou, je me crus me retrouver en présence d'Océane ; plus âgée et les cheveux d'une autre teinture, mais c'était malgré tout son portrait craché. Cette vision me perturba, mais ne pouvant pas me permettre de me montrer émotif, je me ressaisis en me concentrant sur ma mission. Je devais transmettre au plus vite à Artémis, l'esprit de famille de cette arche la boite contenant la dote du mariage et m'en aller le lendemain au Pôle avec cette fille dont son apparence me déroutait au plus au point.

J'avais beau soupçonné Océane d'être originaire d'Anima, je n'avais jamais envisagé la possibilité qu'elle puisse ressembler autant à une autre habitant de cette arche, et encore moins à ma futur épouse. J'eue sincèrement la désagréable sensation de me retrouver en présence de mon amie d'enfance, et l'idée de devoir épouser cette femme me procura un sentiment désagréable, m'obligeant à ne pas la fixer durant le trajet, et supportant la présence de ses parents, et sa tante qui nous accompagnèrent jusqu'à l'observatoire des constellation dans lequel se trouvait leur esprit de famille.

Sur le trajet, je commençais à m'interroger sur cette remarquable ressemblance entre la liseuse et Océane. Etais-je réellement capable d'épouser cette jeune fille alors que son corps me faisait penser à une fillette que j'avais aimée et considérée comme une sœur ?

En plus de cela, cette jeune liseuse ; prénommée Ophélie me sembla n'avoir aucun caractère ; silencieuse, et visiblement docile, je ne la voyais pas réussir à s'en sortir vivante sur mon arche. A cette pensé je regrettais très vite ma décision. Je désirais retrouver Océane, mais je ne souhaitais aucunement nuire à la vie de cette fille aussi déroutante que vulnérable.

Au cours de cette soirée, je décidai de m'isoler de la famille ; que je trouvai aussi envahissant que pénible pour réfléchir à ce que j'allais faire à présent. Je me promenais quelques heures dans la ville, quand je me retrouvais en présence d'Arthur devant la vitrine d'une boulangerie ; tenant en main son manteau en fourrure d'ors. J'inspirais ; entre mon malaise face au visage défiguré d'Arthur, la présence de ce manteau semblable au mien et la liseuse qui ressemblait à Océane, je me sentais totalement confus.

- Anima est splendide à la tombée de la nuit ! Me dit-il.

Je ne répondis pas, non seulement je ne voyais rien de splendide dans la ville ; les objets qui bougeaient me rappelaient Océane et sa manie d'animer les objets qu'elle touchait, et la vue des habitants qui paraissaient chaleureux et affectueux entre eux, ne me paraissait absolument pas naturelle.

- Votre rencontre avec la liseuse semble vous avoir perturbé. Remarqua-t-il.

- Comment savez-vous que je l'ai rencontré ? Lui demandais-je.

Il me dévisagea quelques secondes puis me répondit :

- Vous êtes sur Anima, et connaissant la mentalité de la famille de cette arche, il est impossible qu'Ophélie ne vous ait pas été encore présentée. Quoiqu'il en soit, vous devez retrouver ma sœur.

Je serrais les poings ; à l'idée de devoir entrainer une jeune fille innocente et fragile à l'environnement du Pôle pour sauver une amie dont je n'étais même pas certain d'être réellement en danger. Brusquement, une idée me traversa l'esprit, et si Ophélie était Océane ?' Et si j'étais manipulé par Arthur et cette fille pour atteindre un dessein qui m'est inconnu ?

- La liseuse ressemble énormément à votre sœur ; savez-vous à quoi cela est dû ? Lui interrogeais-je.

- Hum vous trouvez ? M'interrogea-t-il.

Le fusillais du regard afin de lui faire comprendre que je n'étais pas quelqu'un qui se laissait se faire manipuler. Le jeune homme recula de quelques pas.

- Vous devez épouser Ophélie, et retrouver Océane et la ramener auprès de notre père. Me dit-il sévèrement avant de pivoter pour poser sa main sur la vitrine jusqu'à que l'image d'une chambre apparue, et la traversa me laissant seul.


Océane, Moi et la Passe-MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant