Je me dirigeais vers ma maison, complètement perdu. Je ne comprenais plus rien. Je n'étais pas dégoûté, surpris, oui, mais ça ne me touchais pas spécialement. Je venais de tuer un jeune garçon, qui avait une famille, des amis, un avenir, et ça ne me faisait rien. Comment est-ce que je pouvais supporter la mort de quelqu'un par ma faute avec autant d'indifférence ? Je devrais me sentir mal...non ? C'était comme si je n'avais plus de sentiments, plus de culpabilité. Et c'était ça qui me faisait le plus bizarre.
Je remontais l'allée de ma maison, dans mes pensées. Tellement que je ne remarquais pas l'odeur familière qui parvenait jusqu'à moi. J'ouvrais la porte et entrais. A une vitesse surhumaine, je me précipitais dans la salle de bain à l'étage. Je faisais couler l'eau pour prendre une douche. Je me déshabillais en une seconde et entrais dans la cabine. Le liquide brûlant dégoulinait sur mon corps éternellement gelé. Je frottais avec vigueur le sang séché qui maculait ma bouche et une partie de mon cou. Je restais immobile sous le jet, qui, en quelque sorte, m'apaisait. Je pensais à Harry, encore. Je ne m'étais jamais vraiment interroger sur ma sexualité. Pour moi, on tombe amoureux, et c'est tout, que ça soit une fille ou, dans mon cas, un garçon, ça n'avait pas d'importance. On ne choisit pas de qui on tombe follement amoureux...malheureusement. J'aimais Harry, je l'aimais à en mourir. D'ailleurs, je l'étais. Mort.
Un rictus amer déforma mes lèvres à cette pensée. Je ne lui en voulais pas tant que ça, ce n'était pas que de sa faute à lui finalement. Franchement, qu'est-ce qu'il m'avait pris de faire ça ?! Pourquoi j'avais eu ce besoin irrépressible de boire sa larme de sang ? Pourquoi !? Je sortais de la douche, une serviette nouée autour de mes hanches, et descendais en bas, sans craindre la morsure du froid. Je ne ressentais plus la fraîcheur. Je tournais en rond dans mon salon, énervé comme jamais contre moi-même. J'étais un vampire...un vampire, un vrai !
Il y a quelques jours, si on m'aurait dis que j'allais devenir un monstre assoiffé du liquide vital des humains et qu'en plus, j'en avais déjà tué un, je crois que je serais mort de rire. Ou je l'aurais ignoré peut être. Sûrement... Quoi qu'il en soit, je n'arrivais toujours pas à réaliser ce qu'il se passait. Je pouvais sentir une puissance effrayante parcourir mon corps et mes veines, mais elle me faisait peur. Une puissance inhumaine et monstrueuse. J'avais cette sensation étrange qu'une nappe gelé s'était déposé sur mon cœur, qu'elle gagnait du terrain en moi, et que j'allais être submergé un jour. Je frissonnais. Alors que j'allais remonter pour aller dans ma chambre et m'habiller, je sentis une odeur bien trop familière et enivrante. Je soupirais, et me retournais lentement. Harry se tenait devant moi, l'air prudent. Ses entrées soudaines et quasi-impossibles me surprendront toujours. Ses sourcils froncés et son nez plissé lui donnait un air adorable qui me fit fondre. Je pensais, horrifié, à ce que je lui avais fait. Je me sentais honteux, et je baissais les yeux. Le silence se prolongea, et, je relevais la tête pour me plonger dans son regard envoûtant, curieux. Son visage magnifique, ses cheveux bouclé son corps et ses yeux émeraude semblaient m'appeler. Incapable de me contrôler, je me jetais sur lui, et l'entourais de mes bras pour le serrer le plus fort possible contre moi, contre mon cœur à jamais silencieux.
Il restait immobile et froid, je m'écartais, peiné. Il m'en voulait. Je me secouais intérieurement. Bien sûr qu'il m'en voulait, je comprenais très bien sa réaction. Persuadé qu'il allait me rejeter, je fus surpris lorsqu'il glissa sa main dans la mienne. Sa peau était douce comme celle d'un enfant. Il me fixait, les yeux plein d'envie. Mon ventre se tordit sous son regard brûlant. Je me demandais de quoi il avait envie quand une idée m'effleura. Est-ce que les vampires peuvent boire le sang d'autres vampires ? Est-ce qu'il avait envie de boire mon sang ? Ou est-ce que c'était pour autre chose de plus...
Je rougissais intérieurement quand je nous imaginais enlacés, tous les deux dans un lit. Alors que je m'interrogeais sur la nature de son regard, je ne remarquais pas que les lèvres tentatrices d'Harry s'approchaient dangereusement des miennes. Je le réalisais quand quelque chose d'immensément doux se posa sur ma bouche. J'ouvris grand les yeux et mis un certain temps à me reprendre et à répondre doucement à son baiser. Ses lippes étaient fruitées, et sa langue froide s'introduisit dans mon palet pour caresser sensuellement la mienne. Je frémis de plaisir lorsqu'il me ramena brusquement contre son torse ferme, et j'entortillais mes doigts dans ses boucles, les tirants doucement. Je dessinais le contour de sa bouche pulpeuse avec ma langue, frissonnant. Je glissais ma tête dans son cou et humais son odeur, heureux et à ma place. Notre premier, vrai baisé, parfait.