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J'avais un mal de tête qui résonnait dans tout mon corps. J'étais allongé sur un parquet froid. J'ouvris difficilement les yeux. J'étais chez moi, dans l'entrée. Comment est-ce que j'avais atterris ici ? Mes souvenirs de la veille étaient flous. Je mis quelques minutes, toujours sur le sol, sans bouger, à essayer de me remémorer ce qui s'était passé. Des flashs me revenaient petit à petit. Les étoiles, la lune puis cette odeur familière. La course dans les ruelles de la ville, la peur, l'incompréhension. Mes tremblements tandis qu'il s'approchait, mon envie d'apercevoir son visage. Son corps pressé contre le mien, son souffle qui se répercutait dans mon cou. Ses mordillements, et cette douleur, soudaine. Ses grognements animaux, inhumains. Et tout ce sang, le mien, sur sa bouche. Ses yeux, remplis de culpabilité, sa proximité. Le choc de la révélation.Harry. Et si tout ça n'était qu'un rêve ? Que j'avais tout imaginé ? C'était bien mon genre ces temps-ci de faire des cauchemars. Après tout j'étais stressé à l'idée de le revoir. C'était peut-être à cause de ça que j'avais fait ce mauvais rêve.

Je me levais, doucement, les muscles ankylosés, en grimaçant légèrement. Je me dirigeais à l'étage, le plus discrètement possible. J'entrais dans ma chambre et ouvris la porte de mon armoire. J'attrapais un tee-shirt rouge et une veste noire, simple, ainsi qu'un jean. Armé de mes affaires j'allais ensuite dans la salle de bain. Je refermais doucement derrière moi. Alors que je finissais de m'habiller tranquillement je jetais un coup d'œil au miroir.

Ma respiration s'accéléra et je me retenais à grande peine de hurler. Sur mon cou, bien exposé, se tenait une morsure. Elle était encore ouverte mais ce n'était pas si moche que ça. Les mains tremblantes, je touchais du bout des doigts la plaie fraîche Je flanchais, le cœur lourd. La blessure ne me dérangeait pas spécialement, non. Mais le fait qu'elle était réelle, que je pouvais la toucher, ça, c'était ce qui me faisait peur, qui m'effrayait au plus haut point. Car si c'était vrai, alors toutes ces images que j'avais dans ma tête n'étaient pas juste un cauchemar. Et je ne pouvais pas l'accepter, c'était impossible. C'était bien trop dur pour un garçon simple et sans histoire comme moi. Non, j'essayais de repousser de toutes mes forces cette idée. Je ne voulais pas que ça existe, j'étais bien trop faible pour supporter ce secret. Les vampires. Je frissonnais, les yeux papillonnants. Il ne fallait pas que je sombre encore une fois, alors je m'asseyais sur le sol pour me remettre de mes émotions. Je passais mes bras autour de mes genoux et y enfouissait ma tête. Je me balançais, mécaniquement, pour me calmer. Avant, arrière, avant, arrière.

Au bout d'une dizaine de minutes, un peu calmé, je me relevais et sortais de la pièce, les jambes flageolantes. Je redescendais et prenais mon téléphone, mes écouteurs, et mettais de la musique, la première qui venait. Le son poussait au maximum, je fermais les paupières pour m'évader le plus loin possible de tout. Je restais là, debout, au centre du salon, immobile. Les chansons défilaient, les unes après les autres.

Soudain les notes mélodieuses d'une musique commencèrent. Non ! Pas les siennes. Je ne voulais pas entendre sa voix, je ne pouvais pas, c'était au-dessus de mes forces. J'éteignais précipitamment l'appareil, la respiration sifflante. Sans m'en rendre compte, je posais une fois encore ma main sur la morsure. Un ricanement nerveux s'échappa malgré moi de mes lèvres entrouvertes. Mes parents ne devaient pas le voir lorsqu'ils reviendraient. Je me précipitais jusqu'à l'entrée et m'arrêtais devant le porte manteau. J'attrapais une écharpe et la passait autour de mon cou. Mes mouvements étaient désordonnés, mes gestes, imprécis. Je retournais dans le salon et m'affalais sur le canapé. Je pensais encore à lui. J'allais le revoir, d'ici quelques heures. Je regardais l'horloge accrochée au mur. D'ici une heure et quart plus précisément. Marie était supposée arriver dans une demi-heure environ. Mon ventre se crispa, mes lèvres s'asséchèrent. Avais-je vraiment envie de le revoir ? Est-ce que je voulais savoir ? Découvrir la vérité ? J'étais complètement dépassé par les événements Pourquoi est-ce que ça m'arrivait à moi ? J'étais heureux, tranquille, vivant ma vie au jour le jour, sans problème. Un garçon banal, comme les autres.

Soudain, une rage immense monta en moi. Ce sentiment qui domine tous les autres, qui vous rend aveugle. Cette haine envers le monde, envers soi-même. Pourquoi moi ? Cette simple question tournait en boucle dans ma tête, reflétant toute mon incompréhension. Je voulais me réveiller, que tout ça soit un cauchemar. J'avais envie de crier, de hurler, de casser tout autour de moi. Je ne voulais pas que tout soit vrai. Mes pensées étaient envahies par une image. Ces yeux cramoisis. Depuis que je les avaient vues, ils me hantaient, m'hypnotisaient. Ces orbes couleur sang, assoiffées mais aussi curieusement honteuse. Je n'aimais pas être autant dépendant d'une personne, surtout en si peu de temps et autant. C'était crispant cette sensation d'appartenir totalement, et sans moyen de s'échapper, à quelqu'un. Normalement, pour me calmer, je serais sorti pour me promener et réfléchir mais j'avais peur. Peur de le revoir, peur de m'attacher, peur de devenir plus accro encore. Je fermais de toutes mes forces mes paupières, tremblant. J'aurais tellement voulu ignorer tout ça, ne pas savoir. Pourtant maintenant, je devais comprendre. Et j'en avais l'occasion, dans une heure. Si je n'y allais pas, je le regretterais toute ma vie. Il me devait des explications. Je pouvais encore sentir ses dents aiguisées en moi, me transperçant. Un long frisson me parcourut. Je m'assis sur le canapé, mon cerveau brouillé par toutes mes questions. Je commençais à stresser. Marie arrivait dans pas longtemps, et j'allais le revoir. J'avais envie de comprendre mais est-ce que j'avais le courage de le rencontrer à nouveau ? Je n'en étais pas sûr. Un sanglot rageur s'échappa de ma bouche tandis que les larmes me montaient aux yeux. Je ne voulais pas pleurer mais j'avais tellement peur, de mes sentiments, de ce que j'allais peut être découvrir. Si il ne me donne pas d'explication, ça me hantera jusqu'à la fin de mes jours, sans relâche. C'était pour cette raison que j'irais avec Marie chez lui. Rien d'autre. Rien. Je me traitais mentalement de débile. Bien sûr qu'il y avait autre chose et je le savais. Je voulais le revoir, lui, ses yeux, ses cheveux volumineux, sa voix rauque, ses traits fins et parfaits, sa bouche pulpeuse... Je secouais la tête pour sortir de mes pensées bien trop inappropriées. Il faudrait vraiment que j'arrête de fantasmer sur mon agresseur, ce n'était pas normal. Mais je n'arrivais pas à ne pas penser à lui. C'était impossible. Pourtant j'aimerais bien.

Amer, je me relevais et me dirigeais vers la porte d'entrée. J'attrapais une veste et, lentement, la mettais. Je fis face à un dilemme. Si j'ouvrais la porte, je découvrirais la vérité, sans doute effrayante. Mais si je restais ici, je me protégerais de tout ça, seulement je n'arriverais jamais à oublier, à l'oublier. Les mains tremblantes, j'effleurais la poignée de mes doigts. Vampire... Une pression et la porte s'ouvre. Rempli de détermination nouvelle, je posais un pied dehors, puis l'autre. Il faisait frais. Un coup de klaxon retentit dans la rue. Hannah arrivait avec son père. Décidément elle le promenait partout. La voiture s'arrêta devant moi et la portière. Je rentrais dans l'habitacle et refermais en me demandant si j'avais le bon choix.

Point de vue ??? :

J'abattais, fou de rage, mon poing sur un arbre. Il se cassa en deux en un bruit effrayant et s'écroula près de moi. Je ne cillais pas. Je poussais un feulement de haine. Je n'avais pas réussi à me retenir, j'avais échoué et je l'avais traqué, attaqué. Mais son odeur... Un gémissement d'envie s'échappa de mes lèvres. Son sang était encore plus meilleur que je ne le pensais. Son gout était indescriptible, je ne trouvais pas les mots. Délicieux, voluptueux, tellement bon, riche. A cette pensée, je sentis mes dents s'allongeaient. Mais je n'avais pas envie de l'attaquer, pas lui. Je ne savais pas pourquoi mais je ne voulais pas qu'il souffre, surtout à cause de moi. En fait, je voulais plutôt le protéger. Un sentiment nouveau se créé en moi, un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis des décennies.

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Nouveaux chapitres yen a eu 2 se soir. x) Alors vous aimez le Larry commence.

See you.♥

&gt;Torn Soul&lt;Où les histoires vivent. Découvrez maintenant