Le concert était fabuleux. Toutes les chansons, plus belles les unes que les autres. Sa voix m'emportait, ses paroles me faisait frémir, ses yeux m'hypnotisaient. Maintenant, au bout de quelques minutes de vérification intense, j'en étais sur. Il me regardait avec des coups d'œil en coin qui me faisait plonger des minutes entières dans des spéculations les plus stupides les unes que les autres. Il me rendait fou. Je ne cherchais même pas à savoir pourquoi moi alors que j'étais entouré de centaines de gens. Seulement, il semblait frustré, je pouvais même voir qu'il tremblait, comme si il se retenait. Mais il restait souriant, chantant avec tout son cœur pour ses fans, les yeux brillants. Il était parfaitement dans son élément, à l'aise. Décidément je ne regrettais pas d'être venu, pas du tout.
Je voulais le connaître mieux et j'avais un plan. Mais là, je voulais aussi profiter du bon moment que je passais avec ma meilleure amie. Plus le concert avancé, plus je me sentais mal, la bouche sèche, les mains tremblantes. Je n'allais peut être plus le revoir après et cette idée m'affectait plus que je le voulais. J'espérais sincèrement que je réussirais à me rendre jusqu'au coulisse. Après avoir semé Hannah bien sur. Je n'essayais même pas de comprendre mon attirance soudaine, préférant le rencontrer avant d'y penser. J'étais très tête brûlée et persévérant. Je voulais le rencontrer, alors je le rencontrerais. Le concert était fini, malheureusement, pourtant il restait debout au milieu de la scène, magnifique.»Merci, merci pour tout ! Dit-il.
Il avait l'air vraiment ému. Je croyais qu'une jeune fille venait de s'évanouir à côté de moi, mais je n'y fis pas attention malgré le fait qu'elle me faisait un peu, à peine, pitié. Il partit ensuite dans un silence religieux. Au loin une personne applaudit, puis une autre et enfin tout le monde tapaient dans ses mains joyeusement pour le remercier de cette soirée fabuleuse, j'en étais sûr, pour tous. Il ne revenait pas. La salle se vida, petit à petit. Avec Marie on ne bougeait pas, attendant que tout le monde partent pour qu'on puisse prendre le raccourci sans qu'on nous aperçoive. Il n'y avait maintenant plus personne, tout était silencieux et calme. Marie me prit la main et on se dirigea vers la porte qui conduisait à l'arrière du bâtiment. Alors qu'on déambulait dans le couloir éclairé, je remarquais que ma meilleure amie semblait soucieuse.
»Quesqu'il y a Marie ? Ça va ? Demandais-je, inquiet.
»Oui Louis. J'espère juste que personne ne nous a remarqués. Répondit-elle en vérifiant derrière elle encore une fois..
»T'inquiète ! Oh mon lacet est défait ! Pars devant je te rejoins. L'avertissais-je.
»Ok, fais vite ! Mon père nous attend surement. Murmura-t-elle.Qui aurait cru que l'excuse pourri du lacet aurait marché ? Un peu honteux d'avoir menti à ma meilleure amie, je la regardais s'éloigner tandis que je m'accroupissais pour faire semblant de faire mes lacets non-défaits. Elle n'avait même pas vérifiée. Lorsque je fus sur qu'elle ne pouvait plus me voir, je m'éclipsais discrètement par la première porte que je vis. Un placard, mauvaise pioche. Je ressortais un peu découragé. Je n'avais pas pensé au fait que ce bâtiment était pire qu'un labyrinthe. Tant pis, ça allait durer un peu plus de temps que prévu mais c'étais pas grave. Au bout d'une dizaine de minutes j'avais l'impression d'avoir vérifié milles pièces au moins. Je commençais à perdre espoir et puis Marie devait m'attendre depuis longtemps maintenant. Soudain je me rendais compte d'une chose. Quesque j'allais dire si je le rencontrais ? Me connaissant j'allais balbutier comme un imbécile et rougir comme jamais. Et puis c'était une grande star, connu dans le monde entier. J'allais surement être intimidé et impressionné. Il était tellement talentueux.
Tout en me posant ces questions, j'ouvrais la prochaine porte par réflexe. Je jetais un coup d'œil à l'intérieur et m'apprêtais à refermer lorsque je me rendis compte qu'il était là. Lui. La pièce était sombre. Il y avait une rangée de miroir sur un pan du mur. Il s'appuyé contre celui-ci, observant son reflet d'un air torturé. Il n'avait pas l'air d'avoir remarqué ma présence. D'un coup, il abattit son poing avec force sur le miroir qui se fissura sous l'impact, en poussant un sifflement bas et inquiétant de rage. Soudain il se retourna vivement et me toisa. Il n'avait pas l'air surpris, comme si il savait que j'allais venir. Son regard me cloua sur place. Il s'approcha de moi lentement, trop lentement. Je me plongeais dans ses yeux vert émeraude tacheté de rouge. Je le savais, je ne m'étais pas trompé lors du concert. Il retenait sa respiration sans difficulté. Comment diable faisait-il pour tenir aussi longtemps ? Et pourquoi ? Je me sentais soudainement ridicule, petit, inférieur. Depuis quand je m'introduis dans un endroit supposé interdit pour voir une personne que je n'avais jamais vu auparavant ? La pièce était plongée dans le silence. On pouvait seulement entendre ma respiration haletante et saccadée.
