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Depuis que j'étais parti de chez Harry, j'étais devenu une vraie loque, affalais dans mon lit, immobile. Je me remémorais encore et encore ce qui s'était passé, me torturant mentalement. J'en avais marre d'être aussi faible face à lui, aussi dépendant. Je voulais remonter le temps. Je voulais n'avoir jamais accepté de venir à ce stupide concert. Je regrettais de m'être échappé ce jour-là pour le voir, moi et ma stupide curiosité doublé de ce besoin étrange et irrépressible qui me consumait de plus en plus au fil des jours. Dans ma tête tournait cette image représentant Harry, les yeux emplis de regret. Mon cœur se serra encore plus et un gémissement s'échappa de mes lèvres tandis que je me recroquevillé sur moi-même. Je poussais des sanglots sans pleurer réellement, ma respiration était heurtée, inégale. La drogue qu'était Harry s'inscrivait un peu plus dans mes veines encore, me marquant au fer rouge. Je l'avais dans la peau, tout simplement.

La douleur était grande car, en plus, depuis ma fuite, je me sentais observé. Les seules fois où je m'extirpais de mon lit et jetais un coup d'œil par la fenêtre, je voyais une ombre au coin de la rue, discrète mais bien réelle. Je n'avais pas peur car j'avais facilement deviné qui c'était. Je le savais, je le sentais. Je pouvais presque deviner ses yeux cramoisi fixaient sur ma maison, guettant une apparition de ma part. Je ne le comprendrais jamais. Je poussais un long soupir qui montrait mon déchirement et me levais difficilement, encore endormi. Je me dirigeais vers l'ouverture qui donnait sur la rue. J'apercevais, étonné, qu'il faisait sombre. C'était déjà le soir ? J'étais tellement plongé dans ma bulle que je ne distinguais plus le jour de la nuit. Toujours la même silhouette sombre, m'observant, appuyé contre le lampadaire qui éclairé faiblement la ruelle. Je refrénais mon envie de me précipiter dehors et retournais m'asseoir sur mon lit, perdu. Oui, il n'était pas humain, mais j'avais compris depuis longtemps que j'éprouvais quelque chose de fort pour lui. Les seules explications qu'il m'avait données étaient ses excuses pitoyables. Et après, il osait venir m'espionner après tout le mal qu'il m'avait fait, quel culot ! J'étais en colère, autant que l'on pouvait l'être contre celui que l'on aime. Autant dire, peu. Après tout, il avait peut-être une bonne raison. Je me giflais intérieurement. Je lui cherchais des excuses moi aussi maintenant. Des larmes de rage menaçaient de couler sur mes joues. J'en avais marre, tellement marre ! Marre de pleurer pour lui, marre de me soucier autant de lui, marre de ma curiosité, marre de mon envie de le comprendre. Mais il le fallait, sinon j'allais devenir fou. Doté d'une détermination nouvelle, je me levais doucement et me dirigeais vers la porte de ma chambre que j'ouvris en grand. Je me précipitais dans les escaliers et les descendaient quatre à quatre sans craindre de faire du bruit. Mes parents, exaspérés par mon humeur maussade, avaient décidé de passer noël, qui était dans quelques jours, chez de la famille. Ils m'avaient laissés seul, moi et ma solitude. Ça ne m'avait pas affecté, depuis mon enfance j'y étais habitué, donc j'avais accueillis cette décision sans ciller, sans même être étonné.

Arrivé en bas, je courais jusqu'à l'entrée et décrochais une veste et la mettait précipitamment. Je sortais dehors et sprintais au milieu de la rue. Personne. Je regardais de tous les côtés désespérément en espérant le voir mais il n'y avait personne. Soudain, je sentais une odeur que j'identifiée sans peine, la sienne. Je soufflais longuement en souriant, soulagé, il était bien là. J'attendis quelques minutes, patient. Il n'osait pas se montrer, croyant que je ne savais pas qu'il me regardait. Mon sourire s'estompa de mon visage. Pourquoi ne venait-il pas ? J'étais dehors, à sa merci, sans protection. C'était limite si je ne lui demandais pas de venir. Il avait besoin de quoi en plus ? Une pancarte disant « c'est bon, tu peux sortir de ta cachette ! » ou quoi ? Il me devait des explications, et je les voulais maintenant. J'avais assez attendu.

»Je sais que t'es là ! Arrête de te cacher et viens t'expliquer ! Criais-je, hors de moi.

Des larmes de rage et de douleur coulaient sur mes joues. Soudain, je le vis arriver, lentement. Les battements de mon cœur s'accélérèrent et mes jambes tremblaient. Cinq jours que je ne l'avais pas vu, le manque était insupportable et, rien que le fait de le revoir me fit un bien fou. Ses yeux brillaient dans l'obscurité. Il s'arrêta devant moi, l'air indécis. Ses orbes étaient tachetés de rouge, comme si elles saignaient. Je frissonnais lorsque son regard s'encra dans le mien. Je commençais à lui frapper le torse de toutes mes forces, encore et encore. Il me stoppa sans aucune difficulté.

&gt;Torn Soul&lt;Où les histoires vivent. Découvrez maintenant