On était arrivé. La voiture s'arrêta devant un grand portail défendu par deux hommes imposants habillé de noir. Je déglutis tandis que Marie se précipitait à l'extérieur, impatiente. Je le suivais, les jambes tremblantes, le cœur battant. On s'immobilisa devant les gardes du corps. Ils étaient indéchiffrables, immobiles comme des statues de pierre. Surexcitée, ma meilleure amie leur donna le mot de passe. Ils semblèrent étonnés de voir qu'elle le connaissait. Je ne pouvais rien entendre car elle s'était penchée pour leur murmurer à l'oreille. Quand même, la sécurité n'était pas très fiable. Il suffisait d'un mot de passe pour entrer sans difficulté.
J'étais curieux de le connaître mais lorsqu'ils nous laissèrent passer, je n'y pensais plus. C'était incroyable, sa maison était magnifique ! Elle possédait un grand jardin orné de fleurs exotiques inimaginables. La maison était en pierre, elle était immense mais pourtant simple. Je n'arrivais pas à croire que j'étais chez lui. Médusé, je laissais Marie me tirer vers la porte d'entrée en bois sculpté. Ca représentait un ange ailé aux traits fins et délicats. Je ne pouvais m'empêcher de sourire en pensant à l'ironie de la situation. La porte s'ouvrit sur une femme souriante et accueillante. Surement une de ses domestiques. Elle nous fit entrer et se dirigea vers un salon, une sorte de salle d'attente.»Je vais avertir M. Styles de votre arrivée. Merci de patientez. Nous informa-t-elle en s'inclinant poliment.
Avec Marie on se regarda, la même idée en tête. On dirait un robot, une machine. Néanmoins, je répondis avec politesse aussi.
»Bien sûr, merci. Nous patienterons. dis-je en me retenant de rire.
La femme partit de la pièce, un sourire figé sur ses lèvres. Le salon, agréablement décoré, fut plongé dans un silence apaisant. Marie sautillait sur place alors que je m'inquiétais. Est-ce que j'avais pris la bonne décision de venir ici ? Je ne pouvais plus faire demi-tour. J'essayais d'arrêter de me torturer et de penser à autre chose. Mes pensées se dirigèrent, pour changer, vers Harry. Quel va être sa réaction ? Va-t-il m'attaquer de nouveau ? Un frisson me parcourut. Non, il n'oserait pas, pas devant Marie. Et s'il nous attaquait tous les deux ? Et si je venais de mettre en danger ma meilleure amie, sans le vouloir ? Horrifié, je me levais d'un bond et commençais à faire les cents pas. Marie me regardait, souriant de toutes ses dents. Elle devait surement penser que j'étais excité à l'idée de rencontrer mon idole. La bonne blague ! C'était un très mauvais choix de venir ici, surtout avec elle. Mais à quoi je pensais !
Paniqué, je me précipitais et ouvrais la porte en grand. Sur Harry. Mince. A l'instant même où nos yeux se croisèrent, toutes mes peurs disparurent à la vitesse de la lumière. Quelle faiblesse. Frissonnant, je plongeais mon regard dans le sien, m'y perdant. L'air devenait pesant, électrique. Je pouvais sentir une tension entre nous, tellement réelle que je pensais pouvoir la toucher si je le voulais. J'aperçus qu'il était crispé, ses poings étaient serrés à s'en blanchir les jointures. Je vis, en direct, ses pupilles s'élargirent. Ses orbes se remplissaient de striures rouges. Son regard sanglant était fixé sur moi. Il semblait étonné, mais surtout, je pouvais apercevoir que, sous son masque, il était fou de rage. Mon corps entier tremblait, ma respiration était hiératique, saccadée. Par la peur, mais surtout par l'envie. Un besoin tellement dévastateur et immense qu'il m'effrayait. Je devrais m'enfuir en courant pourtant mon corps réclamait que je lui saute dessus. Que je respire son odeur, que je passe mes mains dans ces cheveux, les tirants doucement. Je voulais caresser se paupières de mes doigts, délicatement, doucement
Je ne savais pas combien de temps on était resté comme ça. J'étais comme coupé du monde extérieur, déconnecté. Je me remis de mes émotions lorsque je me rendis compte de son état. Il se convulsait, violemment. Il me regardait avec tellement de soif que je reculé instinctivement d'un pas. Ses yeux cramoisis fixés sur moi, semblaient brûler d'envie. Soudain, il prit une grande inspiration et bloqua sa respiration. Ses tremblements se dissipèrent lentement. Ses orbes redevinrent des émeraudes, me troublant au plus haut point. J'assistais au changement, émerveillé et effrayé à la fois. Je détachais avec beaucoup de mal mon regard du sien pour le poser sur Marie. Celle-ci était tellement contente de voir Harry, que, absorbée, elle ne s'était rendu compte de rien. Soulagé, je reportais mes yeux sur le jeune homme en face de moi. Il évitait soigneusement de me regarder. Je m'écartais de son chemin pour le laisser passer. Il entra dans la pièce, lorsqu'il m'effleura, je sentis un long frisson me parcourir et j'en profitais pour le sentir le plus discrètement possible. Il poussa un soupir, et pris Marie dans ses bras, qui étais sur le point de défaillir.Je restais en retrait, n'osant pas m'approcher d'eux. En les voyant enlacer de cette manière, je commençais à ressentir un sentiment se développer que je n'avais pas éprouvé depuis longtemps. De la jalousie. C'était comme un petit monstre tapit au creux de mon ventre, sournois et impossible à vaincre. Je voulais éloigner Marie de mon Harry et l'avoir pour moi, moi et personne d'autre. Je savais que j'étais trop possessif mais je m'en fichais. Cette envie de les séparer grandit alors qu'ils discutaient tranquillement, m'ignorant royalement. J'avais l'impression d'être mis à l'écart.