J'étais seul, profondément seul. Il n'y avait rien autour de moi. Tout était d'un blanc grisâtre, morne, sans vie. Pour une fois, la solitude me faisait peur, m'inquiétait. Les mots ne pouvaient pas sortir de ma bouche, et j'étais comme paralysé. Tout d'un coup, comme si elle avait été toujours là, une fillette apparue. Elle s'amusait avec une poupée en porcelaine dont les yeux vide et noir semblaient me fixer. La petite commença à chanter une comptine d'enfant d'une voix claire et pure comme le crystal. Je ne la connaissais pas, je ne l'avais jamais vu auparavant. Soudain une silhouette noire et imposante se dessina derrière elle, surement un homme vu la corpulence. Je ne savais pas pourquoi mais je sentais que cet inconnu était dangereux, alors j'essayais de parler mais j'étais devenu muet. J'essayais de bouger mais mes membres refusaient de m'obéir. Impuissant, je regardais la personne avancer vers l'enfant. Je pouvais voir les contours de son corps. Il portait une cape bordeaux et un masque de la même couleur qui lui caché la partie haute de son visage, s'arrêtant à son nez. La panique monta en moi. Non ! Cet homme ne devait pas s'approcher de la fillette, je le sentais. Les sons étaient bloqués dans ma gorge. Pourtant je voulais crier à la petite de s'enfuir, mais j'en étais incapable. Il s'arrêta derrière la pauvre enfant et, à une vitesse surhumaine, la souleva de terre et passa son bras sous son cou délicat. La petite lâcha la poupée qui se brisa en mille morceaux sur le sol en un bruit assourdissant, bien trop fort pour être normal. La fillette n'émis pas un seul son, elle n'avait même pas l'air d'avoir peur. D'un geste vif l'homme lui trancha la gorge. C'était passé tellement vite que je ne vis pas le couteau ou l'arme qu'il avait utilisé. Ce ne fut que lorsque je vis sa bouche rouge et dégoulinante que je compris. Le liquide venant de la gorge ouverte de la fillette s'écoulait, venant jusqu'à moi. Je n'osais pas regarder l'enfant. L'homme lui avait ouvert la carotide avec ses dents, la tuant sur le coup ! Ce n'était pas supposé être possible ! Soudain l'assassin se tourna vers moi, comme si il venait de se rendre compte de ma présence. D'un pas lent et sinueux il s'approcha de moi. Je retenais ma respiration lorsqu'il plongea son regard dans le miens. Ses yeux étaient rouge, rouge sang. Son visage s'arrêta à quelques centimètres du mien. Il entrouvrit sa bouche, laissant apparaitre des crocs luisants. Il fondit sur moi, et posa ses lèvres sur mon cou. Une douleur violente s'empara de mon corps et, alors que jusqu'à présent j'étais muet, je poussais un hurlement strident, reflétant ma peur. Le dernier mot à lequel je pensais était celui-là, vampire.
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Je me réveillais brusquement, en larme. Je mis un certain temps à me remettre de mes émotions. Qu'est-ce que c'était ça ? Je tremblais, encore sous le choc. Je regardais l'heure et vis que j'étais en retard. En effet, il était 6h10 de l'après-midi et j'étais sensé retrouver Marie devant chez moi à 6h pile. Je m'étais accordé une sieste pour me reposer tant que je le pouvais.Ce soir, on allait à son fameux concert. La semaine était passée à une vitesse ahurissante. Les jours ont défilés, tous pareils. Je me levais précipitamment et courrais à la porte d'entrée. J'attrapais mon manteau au passage et, immobile, avant de sortir, je me préparais mentalement à la soirée qui allait venir. J'ouvris et sortis rapidement de la maison. Il faisait plutôt bon dehors, c'étais déjà ça. Marie, ponctuelle comme jamais, m'attendait l'air renfrogné. Lorsqu'elle me vit, son visage s'éclaira et elle me prit dans ses bras.»Oh Louis, tu es là ! J'ai cru que tu avais changé d'avis ! S'exclama-t-elle, soulagée.
»Non, je me suis endormi, j'ai fait un cauchemar horrible avec un homme et une enfant et... Bref, désolé d'être en retard. Répondis-je.
»Pas grave, on a encore du temps et le plus important c'est que tu viennes. Tu vas voir, on va bien s'amuser, tu vas oublier ton mauvais rêve ! Me promit-elle.Je n'étais pas sure de partager son enthousiasme mais je la suivis. Comme prévu, son père nous attendait en voiture au coin de la rue. Ma meilleure amie avait réglé chaque détail. Je montais dans son véhicule qui avait du coûter un œil. Oui, ils sont riches mais ça ne nous a jamais empêché d'être comme les doigts de la main, Marie et moi, soudés. Poli, je saluais son paternel et le remercié de nous amener. Après m'être installé je regardais le paysage défilé, songeur. Je pensais à mon rêve, ou plutôt à mon cauchemar. J'avais eu peur, bien sur, mais surtout, depuis, j'avais cette étrange sensation dans le ventre, l'appréhension. Ce qui était étrange vu qu'il n'y avait absolument rien à appréhender pour cette soirée, à part les cries et les pleurs des fans pour cet Harry. Et voilà, je repensais à lui. J'étais plein de curiosité. Je voulais savoir à quoi il ressemblait, entendre sa voix. Je sais j'aurais tout aussi bien pu aller sur Google mais je préféré le voir en vrai. Après tout on allait être aux premiers rangs donc ça ne serais pas un problème. Et sa voix... D'après Marie, elle est fantastique, rauque, sensuelle. Et voilà, maintenant j'avais presque envie d'y être ! Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Je ne m'étais jamais interroger autant à son propos. J'écoutais juste d'une oreille lorsque mon amie m'en parlait, le vantant plus qu'il ne le fallait. Peut être que c'est parce qu'on se dirigeait vers une salle de concert remplie rien que pour lui. Il devait quand même être un peu doué pour rassembler autant de personne.
