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Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. J'ai essayé d'imaginer ma nouvelle famille - ou plutôt l'homme qui me servira de famille. Il aura probablement aux alentours de la quarantaine, un début de calvitie et un ventre à bière. Du moins, le dernier ressemblait à ça.

Je n'ai pas arrêté de regarder autour de moi, d'analyser chaque parcelle de cette cellule à la lumière du clair de lune : notre plafond craquelé, notre sol salit par les allers-retours fait par nos chaussures pleine de boue après une journée dehors, notre petit casier - pourtant assez grand pour le peu de fournitures que nous possédons Charlotte et moi -, les lits superposés qui normalement sont censé héberger quatre personnes et non deux. Enfin, je l'ai regardé elle. Je ne sais pas comment vivre sans elle malgré le fait que nous ne nous connaissons pas depuis si longtemps. Que va-t-elle devenir ? Avec quelles autres détenues va-t-elle être placée ? En un sens, je me sens coupable de sortir plus tôt. Alors je l'observe jusqu'à ce que les lumières s'allument et que nous soyons toutes deux éblouies. Voilà ce qui ne me manquera pas : la façon dont on nous réveille. Il est 7h30, et je sais d'ores et déjà que la journée va être longue.

Après un passage aux douches collectives, Charlotte et moi nous dirigeons vers le réfectoire. La rumeur s'est répandue, les têtes se tournent vers moi et la haine sur lit sur le visage des filles. Cependant, à chaque fois que quelqu'un a fini de purger sa peine, une sorte de respect se met en place envers cette personne. Je sais donc pertinemment qu'aucune d'entre elles ne m'attaquera. Aucune, sauf Amy. Elle se lève de sa chaise et me barre la route.

- Dégage Moritz.

- Sinon quoi ?

Elle veut me défier, me prouver que c'est elle qui contrôle cet endroit. Elle pense que je ne lui ferrai aucun mal, que je ne risquerai pas de perdre ma porte de sortie. Elle veut que les autres me voient plier sous le poids de sa menace. Ça se ne se passera pas comme. Je regarde autour de moi pour voir si les gardes nous observent et en conclu qu'ils sont tous occupés. Je sourie alors à Amy avant qu'elle ne se prenne un coup. J'ai toujours gagné nos combats, et ce n'est pas prêt de changer. Je finis par attraper son bras droit et à la coller face au mur.

- Tu sais ce qui est génial à propos d'aujourd'hui ? - Lui dis-je alors que j'entends, dans son souffle saccadé, la colère monter. Je décide donc de continuer en chuchotant à son oreille - Peu importe si je te bats à mort, on me laissera quand même sortir.

- Hawkins !

Un des gardes avance vers moi, le pas rapide et prêt à se servir de son Taser, tandis que je la lâche. Je lève les mains pour montrer mon abandon puis repose mon regard sur Amy. La rage et l'incompréhension se lisent en elle et c'est à son tour de lever les mains. Puis elle se rassoit tranquillement à sa table. Pour ma part je me redirige vers le self, là où m'attend Charlotte qui rit dans sa barbe.

- Ça fait partie des choses qui vont me manquer.

- Je te laisse prendre la relève.

- Avec plaisir.

L'heure du départ approche. Des gardes viendront me chercher d'ici quelques instants. Je prends Charlotte dans mes bras en lui promettant à nouveau ce que je lui ai promis hier soir.

- Je sais. - Me répond-t-elle.

Pas de menottes cette fois, mais toujours le même chemin. Au bout du couloir, dernière cette porte qu'on ne franchis que deux fois, ce trouve l'accueil. Quand j'y arrive on me rend une boite et m'indique une petite pièce où je vais pouvoir me changer. Une fois dedans, j'ouvre la boite. J'y retrouve les effets personnels ainsi que les vêtements que je possédais avant d'arriver. Presque rien : une photo de mes parents, la montre de mon père et une bague de ma mère que je n'ose jamais porter de peur de la perdre. Je renfile donc mon jeans trop grand et mon t-shirt gris informe, puis je tourne la tête et m'observe dans le miroir. Je ne ressemble à rien de spéciale. Seulement à une fille d'un mètre soixante-cinq - environ - aux cheveux bruns, yeux marron et à la corpulence normale. Quand je sors, Tores se tient devant moi. Il me dit bonjour mais je ne lui réponds pas.

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant