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            Le trajet du retour est bien plus calme que celui de l'aller. Theo ne chante plus et les musiques défilent les unes après les autres sans que je leur porte grand intérêt. C'est comme si tout était devenu monotone. Les seuls sons brisant cette monotonie sont les légers bips venant de mon portable et plus précisément des messages que Ruby m'envoi. En temps normal je me précipiterais pour les lire mais en cet instant je n'en ai pas envie. Je n'en ai pas la force.

- Je vous entendais parler parfois quand le brouhaha se dissipait.

- Qu'est-ce que tu as entendu ?

- La partie sur Diego, enfin des bribes. – Evidemment qu'il s'agit de cette partie, c'était la seule que la concernait. Il ne semble pas dérouté par le fait qu'un plan le touchant directement est été mis au point derrière son dos. – Qui c'est ?

- Diego ?

- Hmm. Je veux bien accepter un enfant dans ma maison Chloé, même si je n'ai pas entendu pourquoi je devrais le faire, mais pour ça il faudrait quand même que je sache de qui il s'agit.

- C'est écrit dans mon dossier... - Ce coup bas n'était pas forcément la meilleure des tactiques mais j'ai la ferme intention de l'obliger à lire ce dossier un jour ou l'autre.

- Est-ce que tu comprends au moins pourquoi je refuse de le lire ?

- Non pas vraiment.

- Je me contrefiche de savoir ce que des procureurs, un juge, un avocat, un psy ou même mon propre frère ont à dire de toi. Ce qui m'intéresse c'est ta version des faits. Ce qui m'intéresse c'est de t'entendre toi me parler de ce qui s'est produit. Ces morceaux de papier c'est de la merde bonne à me servir à allumer mon prochain barbecue. Si je dois savoir ce qui s'est produit il faut que ça vienne de toi, il faut que je sache que tu me fais assez confiance parce que c'est comme ça qu'une famille fonctionne. Si je n'ai pas encore mérité cette confiance alors dans ce cas je n'ai pas à connaitre ton passé. – Il fait une pause, attends surement que je réponde quelque chose. Mais la réponse ne vient pas. – Tu comprends ?

- ... Je pense. Mais cet enfant a quand même besoin d'aide.

- Et tu tiens à lui. – Je le vois s'agripper au volant. Il est déterminé. – Alors sois tu me parles de lui, sois tu te sens assez en confiance pour m'expliquer ce qu'il y a dans ce dossier. Mais comme je ne suis pas un salaut complet je préfèrerais que tu me parle seulement de lui aujourd'hui, parce que j'ai pas l'impression que tu sois dans ton assiette et j'ai pas envie de te forcer à quoi que ce soit.

- Qu'est ce qui te fais croire que je suis pas dans mon assiette ?

- Je pouvais peut-être pas tout entendre mais j'ai des yeux. Tu tiens à Charlotte, beaucoup, et quelque chose ne s'est visiblement pas bien passé aujourd'hui.

« Quelque chose ne s'est pas bien passé ». Les termes semblent faibles face à ce que je ressens. D'ailleurs, je ne sais pas ce que je ressens. Du vide ?

- J'ai l'impression de l'avoir perdue. – Dis-je tout bas après un moment de réflexion. – Tout ce qu'on n'avait prévu... plus rien ne tient. Pas même nous deux.

- T'as l'impression d'être vide ? – Ca y est, il recommence à lire en moi comme il le faisait si bien au début, quand je suis arrivée chez lui. Il tourne la tête vers moi, semble convaincu et reprend. – J'ai déjà ressentis ça quand j'avais l'impression de me séparer de quelqu'un d'important. Des amis, mais surtout des amours.

- On n'était pas ensemble si c'est ce qui est en train de traverser l'esprit. Ça a jamais était comme ça, y'avait pas ce genre de sentiments. – Du moins je pense. Plus nous nous éloignons du centre plus ces mots sonnent faux. Et si c'était le cas et que pendant tout ce temps je n'avais rien remarqué ?... Non, ce n'était pas comme ça, ça ne pouvait pas être comme ça.

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant