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            Je regarde par la fenêtre alors que notre voiture s'engage sur le pont reliant l'île au continent. Je pense tout en regardant la mer se jeter sur les énormes pilonnes de béton nous permettant de circuler au-dessus du Golfe du Mexique. La mer et sa puissance me fascinent.

La puissance. Le pouvoir.

Nous n'en avons pas. Pas encore. Mais peut-être dans peu de temps. J'ai parlé à Joshua hier pour savoir s'il avait réussi à rentrer chez lui sans problème. On dirait bien qu'il a trouvé un moyen de sortir sans se faire repérer. Un moyen de s'échapper. Mais il n'aime pas faire ça. Il n'aime pas laisser Diego seul entre ces quatre murs. Qui sait ce qui pourrait arriver à notre frère s'il n'est pas là pour surveiller les moindre faits et gestes de son père.

Mais Joshua a une idée.

- Arrivé au Centre dans 50 minutes jeune demoiselle !

Mes pensées s'évaporent et le pont a disparu. Nous roulons désormais sur la route 45 en direction de Houston. Le trajet aurait pu être long mais étrangement la musique country et Theo essayant de suivre les paroles de ces chansons sont assez distrayant. Sans oublier la présence de Ruby. Par sms seulement, mais elle reste là. Je n'ai pas encore réussi à mettre de côté le sourire rayonnant qu'elle portait une fois que j'ai desserré mon étreinte jeudi soir. Un sourire contagieux. Comment fait-elle ?

« Tu devrais prendre les gens plus souvent dans tes bras » m'avait-elle dit d'une petite voix espiègle.

« Ah oui ? Pourquoi ? »

« Parce que t'es doué pour ça. Réconforter, rassurer, protéger, rien qu'avec un seul geste. »

« Je suis pas très tactile... C'est pas donné à tout le monde d'avoir le droit à un câlin de ma part tu sais ! »

« Je suis chanceuse alors dans ce cas. »

La conversation tournait en boucle dans ma tête sans que je sache réellement pourquoi. Chaque jour était différent, comme si cette relation évoluait sans cesse. Mais pour aller où ?

Sans même m'en rendre compte le temps c'était écoulé. Je reconnais déjà de loin mon ancien centre de détention. J'ai l'impression de ne pas y avoir mis les pieds depuis des mois alors que je l'ai quitté il y a seulement deux semaines de ça.

Avec la boule au ventre, j'ouvre une porte que je n'avais encore jamais franchie : celle de l'entrée des visiteurs. Celle qui mène à la salle de visite dans laquelle je n'ai presque jamais mis les pieds, sauf quand mon conseiller avait quelque chose à m'annoncer. Personne ne venait me voir. Personne ne venait voir Charlotte non plus. Mais les choses ont changées.

Quand j'entre dans la salle, Charlotte a déjà était installée à une table. Je vois d'ici son visage rayonner d'excitation et je décide alors de m'approcher rapidement. Pas trop rapidement. Nous n'avons que le droit de marcher ici, prisonnières comme visiteurs.

- Tu m'as manqué petite ! – Me dit-elle remplie de joie.

- Toi aussi.

Instinctivement je pose ma main sur la sienne. Un simple contact, un soutient accompagnant mes paroles. Un contact interdit comme nous le rappelle peu chaleureusement Burton, un garde du pénitencier, d'un sec « Olsen, Hawkins, pas de contacts ». C'est une remarque que le reste des visiteurs ont bien entendue remarqués. Pourquoi un garde appellerait-il une visiteuse par son nom de famille ? La question ne doit pas trotter longtemps dans leurs têtes car sa réponse est évidente : cette fille a déjà séjourné ici. Leurs expressions changent. La méfiance s'installe. Que vont-ils s'imaginer ? Qu'une fois dehors j'en ai profité pour mettre au point un plan pouvant aider mon ancienne codétenue à s'échapper ? Probablement. Burton se rend compte de son erreur et s'excuse silencieusement. C'était le garde le plus agréable avec nous. Il a toujours été juste et nous a plus ou moins toujours crues innocentes.

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant