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       Le lendemain matin, les cernes sont encore plus invasives qu'elles ne l'étaient la veille et je ressemble de plus en plus à un mort vivant. Au passage devant mon miroir, je méprise toujours autant mon reflet. En descendant les marches, je me sens toujours aussi vide. Mais lorsque Theo me parle, comme il s'est obstiné à le faire tous les matins bien que je ne lui répondais plus, je sens une différence. Quelque chose me donne envie de lui répondre. Mais ce n'est pas encore assez suffisant. Alors il continue son monologue : « Bonne nuit cette nuit ? Tiens, voilà ton chocolat. J'ai entendu dire qu'il allait faire beau aujourd'hui ! Passe une bonne journée ! ».

Encore une fois je suis en retard, mais aujourd'hui j'arrive à attraper le dernier bus. Tout est bien trop bruyant et je regrette mon choix dès l'instant où la porte s'ouvre. Je sourie tout de même vaguement au chauffeur qui apprécie chaque jour cet acte de courtoisie qu'il n'a pas l'air de souvent recevoir.

Une fois arrivée au lycée, je laisse mes camarades de classes courir dans tous les sens, soit pour aller chercher un livre dans leur casier, soit pour discuter avec leurs amis avant que la cloche ne sonne. Pour ma part, je me traine à la vitesse d'un escargot anesthésié jusqu'à ma salle. Je prête tellement peu attention à mon environnement ces derniers temps que je ne me souviens même pas des personnes qui sont sensé se trouver dans mon cours. J'obtiens ma réponse assez rapidement lorsqu'une main m'agrippe légèrement le bras au moment où je passe le pas de la porte.

- Hey – me dit Ruby avec une voix et un sourire tous deux si légers qu'on aurait peine à l'entendre. Elle est assise sur sa table, les deux pieds sur sa chaise, tandis qu'elle semblait discuter avec une fille se trouvant à sa droite dont je n'ai pas pris la peine de me souvenir du nom.

- Hey – je lui rends sur le même ton avant même de me rendre compte que j'ai prononcé un mot. Ma réponse semble l'étonner tout autant que moi malgré notre discussion de la veille et son visage se déforme alors pour former le sourire que j'imaginais hier soir. Grand et angélique. Elle se tourne légèrement vers moi et me prend dans ses bras comme pour me montrer son bonheur et son soutien dans mon médiocre rétablissement. C'est ce qui me permet de décide d'essayer de continuer dans ma lancé. – Joli tient pour quelqu'un qui s'est endormi aux alentours de 4h.

- Le maquillage fait des merveilles de nos jours. – Mais les quelques particules de poudre recouvrant ses joues n'empêchent pas ces dernières de montrer qu'elles s'empourprent.

Je sens un poids se retirer de mon corps, une boule nerveuse au ventre qui a l'air de s'estomper. C'est notre conversation de cette nuit qui a dû, d'une certaine manière, m'aider. Parler n'est pas si compliqué. Je ne délie tout de même pas ma langue à tout bout de champs comme je le faisais encore la semaine dernière, mais l'intention est là. Je rencontre mes différents amis au cours de la matinée et tous semblent se réjouir de mon état. De ce fait, les heures s'écoulent étonnement rapidement jusqu'à l'heure du déjeuner. La journée se déroule à merveille et les habitudes se remettent timidement en place, quand une voix féminine grave et familière m'interpelle tandis que nous arrivons à notre table.

- Je peux pas y croire ! – Une fille assez baraquée et faisant environ 1m75. Des cheveux lisse, court, brun sur une tête légèrement ronde. – Je pensais pas revoir ta foutue tête ici Hawkins. En fait je pensais clairement pas revoir ta tête tout court.

- Qu'est-ce que tu fou ici ? – Amy Moritz. Impossible. C'est un cauchemar, je vais me réveiller.

- Ils m'ont libéré. Mon interminable peine est ironiquement enfin terminée. Mes parents ont déménagés dans le coin pour qu'on puisse « débuter une nouvelle vie », et ils m'ont inscrit ici. Avoue que ça t'enchante.

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant