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Je n'ai jamais vu mon conseiller aussi heureux. Après avoir sortis mes sacs du coffre, Theo et lui se prirent dans les bras de l'un de l'autre tel deux adolescents qui ne s'étaient pas vu durant toutes les vacances d'été. Il me présenta alors à l'homme qui allait m'accueillir et se dernier répondit :

- Je savais que tu n'aurais pas l'air si méchante que ça. Heureux de faire ta connaissance !

Désormais, nous nous trouvons à l'intérieur de la maison, autour d'une table, en train de boire un café. Je dois admettre que ça fait bien longtemps que je n'en ai pas bu un d'aussi bon.

- Vous ne m'avez pas ruiné j'espère ce matin - demande Theo sur un ton léger.

- Il en faudrait bien plus que ça pour te ruiner !

- C'est vrai, c'est vrai mais on ne sait jamais !

Malgré l'ambiance bon enfant je reste sur mes gardes, souriant de temps à autre aux différentes blagues que chacun peut faire. Ils ont beau être amis, qui sait si cet homme sera le même une fois Tores parti. Cependant je dois admettre que le style de la maison n'égal ne rien à celui des anciennes. Même s'il ne fait pas le ménage, cette dernière est entretenue. Sa décoration est sobre mais organisé : tout objet semble avoir une place précise et ne pourrait être mis à aucun autre endroit. De même, Pierce est différent des autres hommes habitants dans mes anciennes maison. Il reste en pantalon noir et chemise blanche - costume courant pour quelqu'un qui travaille dans une entreprise - mais il faut noter le fait que celle-ci est déboutonnée en haut, montrant la décontraction que l'homme en question. De son mètre quatre-vingt, il a de la prestance, ce qui doit faire tomber plus d'une femme - élément pourtant absent dans cette maison. Aussi revient la question que je me posais dans la voiture : pourquoi un homme comme lui - à qui tout semble réussir - voudrait-il accueillir une fille de mon âge et sortant de détention ?

- Pour aborder un sujet plus sérieux Chloé, Theo m'a dit qu'il t'avait fait inscrire au lycée de la ville. Au cas où tu ne le sache pas, la rentrée, c'est demain.

- C'est pour ça que j'ai forcé pour que tu sortes plus tôt. De ce fait tu n'auras aucun retard par rapport aux autres élèves de ta promotion.

Cette idée part d'une bonne volonté, mais elle me fait rire. Aucun retard ? Bien sûr.

- En tout j'ai passé un an et demi en détention. Même si on a accès à certains enseignements, j'ai quand même de gros retards.

- C'est quelque chose que l'on verra après tes premiers cours - reprend rapidement Pierce - et nous envisagerons des solutions en temps venu. Je pourrais t'aider à comprendre tes cours, et pour certains domaines je peux te donner accès à des profs particuliers.

- En contrepartie de... - il y a toujours une contrepartie. Rien n'a jamais été gratuit.

- Chloé... - Tores essaye tant bien que mal de rattraper ma phrase qui fait flotter un état de gêne générale dans l'air.

- Quoi ? Il y a toujours eut une contrepartie. Pourquoi ça changerait maintenant ?

- Chloé, s'il te plait, regardes-moi. - Pierce a la même voix posée que celle de mon conseiller. A croire qu'ils ont été élevés par les mêmes personnes et qu'ils ont vécu ensemble toute leur vie. Même leurs mimiques sont identiques, comme par exemple le pliement de l'œil pendant une réflexion. Cependant, je remarque une sorte de tic chez mon hôte : il passe constamment sa main dans ses cheveux châtains foncé et ondulés, les remettant alors légèrement en arrière. - Je ne sais pas ce que tu as vécu par le passé, mais je n'ai pas l'intention de te faire le moindre mal. Ici, tu es chez toi. Je n'irai pas jusqu'à dire que es mon égal, parce que ça reste ma maison et mes règles, mais tu l'es presque.

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant