The Odds Of A Fox

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            Durant le reste de la journée mon esprit n'a fait que vagabonder, imaginant constamment ce qui allait se trouver dans cette vidéo que j'allais recevoir le soir même par mail. Je n'avais jamais eu d'adresse mail jusqu'alors. Je n'avais aucune raison d'en avoir une. J'étais soit trop jeune, soit mise hors de portée de tout objet pouvant me permettre de dénoncer au premier croisé sur le web ce qui se déroulait dans ma cave. Puis je suis allée en détention. Mais maintenant que je suis libre, envoyée dans un lycée ayant pour objectif de m'emmener jusqu'à l'université, on m'a vivement conseillée d'en posséder une.

Je ne prends pas la peine d'enlever mon manteau, ni même mes chaussures. Tant pis, je nettoierai le sol de ma chambre plus tard. J'ouvre ma boite mail et la rafraîchit constamment dans l'espoir de voir enfin arriver ce mail que j'attends tant. J'abandonne pendant quelques secondes, histoire de voir qui m'a envoyé des messages alors que je sortais du bus. Je ne les avait pas ouvert. J'étais bien trop occupé à avancer le plus vite possible pour pouvoir arriver chez moi et visualiser cette vidéo. Chez moi. Etrange expression pour quelqu'un dans ma situation.

2 Messages : Ruby

Je tiens mon portable d'une main tandis que l'autre rafraîchit une nouvelle fois la page. Ca y est. Il est là. A contre cœur je lâche mon téléphone et décide tant bien que mal de mettre Ruby de côté.

Quelques clics et la vidéo commence. Mon cœur explose quand je vois la première image : Diego. Il parait concentré, puis recule.

- Tu as bien allumé la caméra ? – La voix grésillante de Joshua se fait entendre. Suite à cette question, Diego repose son regard sur cette dite caméra. Les lèvres serrées et le front plissé, il hoche la tête. – T'es certain ?

- Oui, y'a la lumière rouge !

- Bravo comandant, t'as tout compris !

Sa voix, ce surnom. Tout semblait être resté figé dans le temps, comme si d'un moment à un autre j'allais surgir par derrière pour participer à la conversation. Comme si je n'avais jamais quitté la maison et mon frère. Mes frères.

Joshua s'installe alors par terre, juste à côté de Diego qui lui décide de se lever précipitamment. Il court et va chercher quelque chose qui se trouve dans son sac à l'autre bout de la pièce, sous un bureau que je n'avais jamais vu avant. Ai-je vraiment vécu dans cette maison ?

Il revient avec la même précipitation, mais cette fois avec un sachet remplissant ses petites mains d'enfant.

- Où est-ce que t'as trouvé ça ? – Lui demande Joshua.

- C'est Collin qui me les a donné ce matin. C'est des Jelly Belly. C'est trop bon ! T'en veux ?

- Bien sûr que j'en veux ! C'est pas tous les jours qu'on voit des bonbons circuler dans cette maison.

La bouille d'ange ouvre le sachet avec précaution et fait très attention à séparer leurs parts en quantités égales. Il porte un sourire que je n'ai vu que rarement et tourne alors son regard vers la caméra. Des frissons me parcourent tout le corps. J'ai l'impression qu'il peut me voir tout comme moi je le vois à cette instant.

- Collin c'est mon ami.il parle pas beaucoup mais on est souvent ensemble. Et il est super fort en sport ! Tu sais Josh, il m'entraine !

- Eh ! Si ça se trouve tu pourras rentrer dans l'équipe de l'école !

- On peut toujours rêver. Allez, arrêtes de parler et mange en un. Le but c'est que tu trouves le goût !

Pendant 10 bonnes minutes, chacun mange un bonbon à la fois tandis que l'autre tiens le sachet sur lequel est visiblement inscrit toutes les saveurs se trouvant à l'intérieur. A première vue, un certain nombre de friandises n'ont pas bon goût. Mais peu importe, ça n'empêche pas les rires d'éclater... pas trop fort. Il ne faudrait pas éveiller les soupçons par rapport au fait que quelque chose d'anormal puisse se passer à l'étage au-dessus de celui des parents. Si les choses n'ont pas changées, un simple éclat de rire amène à une visite du père. La joie n'est pas commune entre ces murs.