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- Qu'est-ce que tu veux dire quand tu sous entends que quelque chose s'est brisé ?

Le diner est fini depuis 1h déjà, et Theo, Vera et Jonathan discutent dans le salon tandis que Ruby et moi sommes montées dans ma chambre. Pour une raison que je ne m'explique pas encore complètement, j'avais besoin de lui expliquer ce qui c'était passé aujourd'hui au Centre entre Charlotte et moi. Je pensais qu'elle pourrait m'aider à mettre des mots sur la situation, mais à vrai dire lui parler embrume encore plus mes pensées.

- Je sais pas... C'est quelque chose que j'ai ressentis, comme si tout était différent pour une certaine raison. Mais j'arrive pas à savoir ce qui s'est passé...

- T'es en train de te torturer à essayer de démêler tout ça. C'est arrivé aujourd'hui. Attends au moins demain, histoire d'y réfléchir à tête reposée.

- T'as surement raison.

- Evidemment que j'ai raison. – Me dit-elle sur un ton sarcastique tout en amenant une bouteille de bière jusqu'à ses lèvres.

A moitié allongée sur mon lit, tandis que je me trouve par terre contre mon bureau, elle me semble être une cible facile. J'attrape alors un des coussins qui se trouve autour de moi – et qu'elle m'avait précédemment lancé à la figure – et décide qu'il s'agit du parfait moment pour lui rendre l'appareil. Le coussin lui arrive en pleine tête, presque en rythme avec le début du refrain d'une des chansons de Kaleo, Pretty Boy Floyd, un groupe qu'elle a tenu à me faire découvrir.

- Si ton lit sens la bière cette nuit tu seras la seule responsable !

- Hmm non, c'est toi qui les ramené ici dans la plus grande illégalité.

- La bonne musique s'accompagne toujours d'une bière. C'est un principe vital chez moi saches le.

- Si tu le dis. Pour ma part je n'ai jamais vraiment porté d'attention à la musique. Enfin, j'en ai jamais vraiment eu l'occasion non plus.

- Y'a bien des chansons qui passaient chez toi quand t'étais petite non ?

- Mon père n'en écoutait pas, ou très peu. Il préférait le calme pour pouvoir rester concentré le plus souvent possible.

- Et ta mère ?

- J'ai pas beaucoup de souvenirs d'elle, elle est morte quand j'avais 3 ans. – Elle porte sur elle une soudaine tristesse que je veux voir disparaitre aussi rapidement qu'elle est apparu. Je me lève et vais m'installer à côté d'elle. – Eh, souris ! Je t'ai dit, je ne me souviens plus vraiment d'elle. Ya pas de quoi être triste et de me faire la petite moue – dis-je en tapotant son nez du bout de mon index. Elle me décroche alors un léger sourire.

- Tu sais, c'est pas parce que je ne me souviens pas vraiment de mes parents que ça ne me rend pas pour autant triste de penser à eux. Justement, c'est tout le contraire.

- J'ai des souvenirs bien plus affreux et bien plus triste selon moi – j'ajoute à demi voix.

Elle fronce les sourcils après m'avoir écouté mais ne relève pas mon affirmation. Tout comme moi, elle se met à regarder dans le vide, mais contrairement à moi elle ne vient pas à se perdre dans des souvenirs qu'elle ne veut pas voir remonter. Son sourire est de retour et je l'observe pour échapper à mes pensées jusqu'à-ce que la chanson se termine et qu'elle se remette à parler.

- Ton père, il faisait quoi ? Enfin, qu'est-ce qui s'est passé pour qu'il ne puisse plus s'occuper de toi et que tu sois mise dans le système ? – On me pose rarement cette question, et je n'ai pas de réponse toute faite à lui fournir. C'est pourquoi je réfléchis un instant. Un instant de trop visiblement. – A moins qu'il soit... désolé, j'aurais pas dû...

The Odds Of A FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant