Chapitre 15

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Les paupières lourdes, la petite fille ouvre difficilement les yeux. Pendant une dizaine de seconde, elle observe le mur droit devant elle, le cerveau encore embrumé. Le contact froid de la terre humide sur sa joue la fait paniquer. Elle se redresse rapidement, le regard perdu. Un mal de crâne horrible la prend et sa vision se brouille avant qu'elle tombe à la renverse. Sa tête cogne contre le mur et la douleur résonne dans tout son coeur. Sa respiration se coupe. Paniquée, la jeune fille bouge dans tout les sens avant de finalement se calmer et reprendre une inspiration normale. Ses yeux inspectent ensuite la pièce dans laquelle elle se trouve. C'est une vieille cellule creusé à même le sol. Des barreaux empêchent toutes tentatives de fuite. Un vieux tas de pailles est proposé comme lit, accompagné d'une carafe d'eau. En face, elle remarque une autre cellule, et puis constate qu'il y en a des centaines d'autres autour d'elle.

Soudainement, la vision du regard apeuré d'un garçon lui revient à l'esprit. Son regard devient vide, son souffle se fait haletant, ses genoux lâchent et s'écrasent contre le sol. Un couinement misérable sort de sa bouche, suivit par un flot de larme impossible à arrêter. Elle sanglote, se recroquevillant sur elle même, devenant la seule source de bruit dans cette prison. Puis son corps devint subitement froid. Elle prend quelques secondes avant de comprendre que de l'eau la recouvre. Elle se tourne sur le côté. Derrière les barreaux d'une autre cellule se trouvent un petite fille blonde, d'environ 14 ans. Ses cheveux en bataille sont noués en deux couettes. Une expression complètement dérangée marque son visage. Ses yeux, d'un rouge sanglant, sont grands ouverts et la regarde en tremblant.

  - Arrête de pleurer fillette, ou je t'explose. Dit elle en posant ses mains sur les barreaux et rapprochant sa tête de folle

Lana tremble de tout son corps puis essuie ses larmes.

  - Où sommes-nous ?  Demande-t'elle  innocemment

La blonde la dévisage avant de lâcher un petit rire étrangement effrayant.

  - En prison, quelle question ! Comment une petite princesse comme toi peut se retrouver ici ?

Le souvenir du regard suppliant de Loon, de sa voix appelant à l'aide lui traverse à l'esprit. Une marrée de sentiments négatifs lui remonte à la gorge, forçant le chemin, souhaitant débordée par ses yeux en des larmes de regrets, de peurs et de solitudes.
Lana détourne le regard et s'assoit dans un coin, face au désastre qu'est devenu sa vie. Elle repense au moment de bonheur, avec Veltion, seulement eux deux. Si elle avait été plus vigilante, rien ne serait arrivé. Son seul réconfort est la mort du phœnix et la destruction du parchemin. Mais ces images de morts lui hantent l'esprit.. Du sang, des organes broyés.. Lana s'accroupit et prend sa tête entre ses mains.

Qu'ai-je fait ?! Qu'ai-je fait !!?

Les larmes s'enfuient lâchement et dévalent ses joues. Elle se mord la lèvre au point de se l'ouvrir. Le sang coule et se mêle à ses larmes avant de s'écraser sur le sol. Elle remarque alors les chaînes reliant ses  membres inférieurs, lui empêchant de courir. Lana ferme les yeux, souhaitant s'évader de cet endroit.

Pendant plus de trois heures, la petite reste misérablement dans son coin. Un bruit de ferraille résonne soudainement dans la pièce. Lana relève la tête et croise le regard sombre d'un grand homme. Il a la carrure d'un gorille et de grosses mains. Il eu du mal à ouvrir la porte. Il s'approche de Lana, seul un cliquetis infernal se fait entendre. Plus proche, Lana peut entendre sa respiration et constate qu'il n'a qu'un oeil.

Un cyclope

Sa morphologie spéciale a donc une raison, il n'est pas humain. Il agrippe brusquement les fins poignets de la jeune démone, lui arrachant un gémissement, et y accroche des menottes.

Son œil la fixe. La jeune fille tremble de peur, effrayée par cette espèce nouvelle pour elle. Il plisse l'œil et grogne en se dirigeant vers la porte. Une fois sorti, il jette un regard à la gamine et fait un signe de tête. Lana se redresse maladroitement et se dirige vers lui, s'emmêlant dans ses chaînes. Elle parvient à la sortie et suis le cyclope qui avait déjà commencer à marcher. Pour s'enfuir, c'est le moment idéale. Le cyclope est à environ 7 mètres. Lana regarde derrière elle. Personne, juste un couloir sombre infini. Dans un élan de désespoir, elle pousse sur ses chevilles faibles et se met à courir. Ses pieds nues frottent contre le sol dur mais ses chaînes l'empêche de faire de grandes foulées.
Dans la prison sombre et silencieuse, seul le bruit de ses chaînes se fait entendre. Les visages des prisonniers se redressent pour voir qui créer tout ce boucan. Le temps semble s'arrêter un instant.
Seul le regard en flamme de la jeune fille brille dans l'obscurité. Cette soif de liberté la pousse à courir du mieux qu'elle peut, qu'importe à quel point elle se sent misérable. Elle court, ne regardant pas derrière elle, pensant distancer la bête.

Soudain, un changement dans l'air se fait sentir à sa droite. Utilisant ses capacités hors-normes, elle bondit en l'air, évitant de justesse le poing du cyclope, qui  vint s'écraser contre le mur en le fissurant. Elle  observe attentivement la situation, analysant son ennemi. Force incroyable, rapidité malgré sa carrure, intelligence, coriace. De toute les façons dont elle regardait ce combat, elle perd. Il semble en pleine force alors qu'elle est au bord de l'inconscience. Sa seule chance est la fuite. Et encore, elle ne peut pas fuir infiniment.

Je connais la formule.. C'est tué, avant d'être tuée..

Une éclair passe dans son regard alors qu'elle se propulse vers le cyclope. En un instant, elle se retrouve derrière lui, son seul point faible étant son champs de vision pitoyable. Une aura noire la recouvre. Une faux noire apparaît entre ses mains et elle s'apprête à le trancher. Les visages des criminelles autour se sont tous rapprochés et des rires démoniaques se font entendre. Le cyclope se retourne d'un coup et retente un coup de poing. Lana s'écarte brusquement et l'esquive. La démone trébuche maladroitement et voit le cyclope se rapprocher. Elle tend sa faux vers l'homme et se redresse lentement, tremblante. Les visages autour d'elle semblent se rapprocher encore plus, les mains accrochés aux.
Sa vision se brouille et elle retombe à terre. Son corps semble aussi fragile et délicat que celui d'un poussin venant de naître. Son enveloppe noire disparaît peu à peu, suivit de peu par sa faux. À bout de force, elle allait s'effondrer au sol.
Seulement, un poing  s'écrase sur son ventre. La force avec laquelle elle est frappée la propulse loin du cyclope. Son dos percute une cellule violemment puis son corps s'écrase lamentablement au sol. Lana a juste le temps de redresser la tête, qu'elle vomit tout ce qui se trouve dans son estomac : de la bile. Elle tousse et se rend compte qu'elle va perdre connaissance. En portant sa main à son crâne, elle sent un liquide chaud et visqueux. Nul besoin de regarder pour savoir qu'elle saigne. Le cyclope se rapproche, et ne trouvant pas ce calvaire suffisant, il prend le corps tremblant de la jeune fille d'une main et le rejette violemment au sol. Lana se mord la lèvre pour ne pas hurler et rester consciente.

Le cyclope crie des mots incompréhensibles, puis prend la démone et la pose sur son épaule. Ses grandes mains tiennent le corps faible et minuscule de la fillette. Il commence donc à remonter ses souterrains.

Cela dure une éternité, du point de vue de Lana, avant d'arriver en haut. Il prend ce corps affaibli comme on prendrait un nouveau né, et fait face à une énorme porte de plus de 15 mètres. Elle est rouge. Rouge sang, rouge profond, rouge effrayant, rouge comme les héros. Et de fines ligne dorées la parcourent. Incrustée dans cette porte, une énorme trace de main est encrée. Le cyclope y pose sa paume et pousse. L'énorme porte glisse péniblement sur le sol terreux et finit par s'ouvrir suffisamment pour que le cyclope passe.
Lana entrevoit, entre ses paupières une pièce claire, magnifique, immense. La lumière éclaire de partout en transperçant les fenêtres de verre. Une grande estrade de bois de dresse en face d'elle, et à son sommet, une chaise imposante, contrastant avec toute celle l'entourant. De nombreux yeux la fixent, et rapidement, des murmures s'élèvent, ainsi que des rires. Un brouhaha insupportable finit par remplir la pièce.

Soudain, un son encore plus fort se fait entendre. Un homme, se tenant sur la chaise spéciale, lève un marteau de bois et frappe la table devant lui.

- SILENCE ! Le jugement va commencer.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 04, 2015 ⏰

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