Lundi 14 juillet 1941
Etrange 14 juillet, pas de véritable Fête Nationale. Cela ne surprend qu'Ania, ma petite soeur qui ne comprend pas pourquoi nous n'allons pas voir le feu d'artifice dont nous lui avions tant parlé mon frère et moi-même. L'hommage des patriotes français prend à mes yeux une importance plus grande que jamais. Nous sommes les enfants de la patrie. De plus, je profite de mes « vacances » pour me rendre davantage utile.
Ania, pour qui je fus comme une seconde maman dans le passé, ne comprend pas pourquoi je suis si peu présente pour elle. Cela contrarie un peu maman, même si elle s'accommode de mon choix sans vraiment savoir ce que je fais de ces journées de « vacances » qui, pour moi, n'en sont guère. Je dois n'en parler sous aucun prétexte. En ce qui me concerne, je prends le risque de le dire ici (dans la peur que cela tombe entre les mains de quelqu'un de mal intentionné) : ces grandes vacances marquent plus que jamais mon adolescence. Je tremble lorsque j'écris « Je brûle d'être une résistante inconnue, je suis une lyonnaise parmi les lyonnais. ».
Maman reste inquiète à chaque fois que je sors. Je sens qu'elle se doute de quelque chose.
Samedi 30 août 1941
Au début du mois,j'ai appris que l'amiral Darnan a été promu à la tête des forces d'Afrique du Nord et que Weygand devient donc son subordonné. Est-ce bon signe ?
Je poursuis mes activités et distribue maintenant des tracs dans les boites aux lettres, loin de mon domicile, même si je doute que ma modeste action change le cours des évènements, mais enfin... Il semblerait qu'en Zone Occupée c'est de pire en pire. Le 22 du mois, les autorités d'occupation de Paris ont menacé d'exécuter des otages si les attaques contre les soldats allemands se poursuivent. Près de deux mille soldats allemands sont engagés pour rechercher les suspects. J'ai également su que Laval, désormais leader de Vichy, et un éditeur de journaux pro-allemands ont étés blessés par un jeune résistant mercredi lors d'une fusillade près de Versailles.
Lundi 1er septembre 1941
Deux ans après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le gouvernement nazi en France ordonne que désormais tous les Juifs âgés de plus de six ans portent une étoile jaune sur la poitrine, en signe d'infamie. Cela n'est-il pas atroce ? Je suis bouleversée. Je pense à Lina qui m'en avait parlé en début d'année et, en onze mois, j'ai mûri.
Samedi 27 septembre 1941
À Londres le général de Gaulle a constitué le Comité National de la France Libre qui depuis hier est reconnu par l'Union soviétique ! Une bonne nouvelle parmi les mauvaises, n'est-ce pas ?
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Lyon, La résistance traboule - Tome 1: Journaux de Guerre
أدب تاريخيTout commence à la rentrée des classes d'octobre 1940. Tout va changer dans la vie de ma famille en moins d'un mois. Hormis mes cours et mes activités, mon journal est mon passe temps. Quand tout commence, je n'ai que 13 ans et pourtant, je suis au...