SI PRES ET SI LOIN DE MES RACINES ou Mémoires d'une incomprise..déracinée
Annie est une jeune camerounaise en proie aux affres de la vie...De retour dans son pays natal, elle fait face aux chocs des cultures,
au "rejet", du moins désamour des "s...
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Je suis encore concentrée sur le dossier et sursaute lorsque j'entends la voix sèche et froide de ma supérieure, Madame Adamou ; j'aurais pu rajouter nasillarde mais non, cette femme a le don de mettre le moral dans les chaussettes, une aigrie.
- Je vous attends dans mon bureau ! Dit-elle en déplaçant une masse d'air et laissant des effluves de son parfum dans son sillage.
- Oui, madame, répondis-je en pestant intérieurement.
Je soupire en me demandant ce que j'ai encore fait pour qu'elle veuille me voir aussi rapidement dans son bureau. Je me lève et ajuste ma tenue : une chemise en soie rose, une jupe noire et des escarpins beiges. Je respire à fond et sors rapidement du bureau pour me rendre dans celui de ma supérieure.
TOC...TOC...TOC...
- Entrez ! Entendis-je aboyer, cette femme ne sait vraiment pas être douce.
Je pousse franchement la porte et rentre, elle est manifestement occupée mais pourquoi m'avoir fait venir ? Je poireaute près d'un quart d'heure avant qu'elle ne daigne lever les yeux vers moi ou m'accorder un peu d'attention ; cette bonne femme m'énerve mais que faire.
- Vous souvenez-vous de ce que je vous avais dit le jour où je vous engageais ? Demanda-t-elle à brule-pourpoint et sur un ton des plus désagréables ; elle me prend vraiment de cours, je suis décontenancée mais me ressaisis rapidement.
- Non, madame. Dis-je avec précaution.
Elle avait tellement ergoté ce jour-là que j'avais fini par m'évader face au flot interminable et la verve avec laquelle elle s'exprimait, ne revenant à moi que lorsqu'elle avait fait mention de la signature du contrat.
- Vous savez fort bien qu'il est impératif pour des professionnels comme nous, d'avoir une mémoire à toutes épreuves. Ceci dit, je vais tout de même vous le rappeler dit-elle, enlevant ses lunettes et me regardant droit dans les yeux ; là elle me fait penser à une vieille chouette.
- ...
- Je me souviens vous avoir dit dans ce bureau, il y a exactement six mois de cela, que le fait d'avoir été pistonnée par le délégué provincial des Transports ne vous conférait aucun avantage de service et pire, ne vous exonérerait d'aucune tache que vous puissiez faire.
- ...
- Vous m'aviez pourtant assuré avoir une formation dans le domaine du Développement Durable, poursuivit-elle respirant à peine, et bénéficiez d'une expérience quoique minime dans ledit secteur. ; Où veut-elle en venir, me demandai-je automatiquement.
- Oui, madame, répondis-je m'exhortant au calme.
- Ce n'est pas l'impression que donne votre travail parce que votre analyse de certains dossiers est bâclée, votre expertise biaisée et donc, les conclusions que vous donnez laissent à désirer, dit-elle avec une pointe d'ironie.
