Des petits pas firent craquer le sol, léger et aérien, lui rappelant que l'endroit où il résidait pour ces quelques jours, appartenait à une jeune femme innocente qui ne méritait pas d'abriter une personne comme lui.
Malheureusement, têtue comme elle l'était, la demoiselle ne se laisserait jamais convaincre, ce qui, malgré les apparences, lui faisait chaud au cœur.
Un euro était le gage d'une survie.
Un repas, le gage d'une certitude.
Une journée dans un foyer accueillant, le gage d'un fervent espoir.
Avec ses poches vides et son regard perdu, Wyatt ne savait quoi lui offrir pour compenser ce cadeau improbable : comment rembourser une personne dont on était redevable si cette personne possédait déjà tout ce dont pouvait rêver le jeune homme ?
Wyatt se promit d'y réfléchir.
-Wyatt ? Je t'ai réveillé ? -S'enquit Tyna en étouffant un bâillement.
Se forçant à sourire, le jeune homme secoua le tête.
-Bonjour...Non, ne t'en fais pas.
-Bonjour. Tout va bien ? Tu m'a l'air...agité.
Repenser à Ailìs lui faisait toujours cet effet.
-Tout va bien, merci de t'en inquiéter. Tu veux de l'aide ?
Si s'atteler à la tâche pouvait l'aider à oublier...
-Si tu veux.
-Je suis le roi des omelettes soufflées aux pommes ! -Ironisa t-il en se levant.
-Ne me tente pas, j'adore ça.
-C'est délicieux, Wyatt. Cependant, je ne suis pas sûre que mes hanches apprécient. -Fit Tyna en repoussant son assiette vide.
-Je ne vois aucun problème avec tes hanches... -Lui dit-il en buvant son verre de café noisette tout en la couvant d'un regard protecteur.
-C'est parce que tu es aveugle.
-Je vois très bien, au contraire.
Ses formes étaient affriolantes, pulpeuses à souhait : comment une femme aussi séduisante pouvait se dénigrer de la sorte ?
Wyatt était sûr que des admirateurs secrets se révélaient de plus en plus chaque jour : les hommes devaient se retourner à son passage.
Une pointe de jalousie lui foudroya le corps : même s'il était conscient de n'avoir aucune chance, le jeune homme voulait égoïstement être le seul à la regarder.
L'idée même que Tyna soit attirée par un autre lui procura des envies meurtrières.
-Wyatt ? -Fit la jeune femme en agitant sa main devant le visage de Wyatt.
-Oui ? -Lui répondit-il en clignant des yeux.
-Tu divagues, encore.
-Désolé. -Fit-il, contrit.
-Ça t'arrive souvent ? -Lui demanda-t-elle d'une voix douce.
-Quoi donc ?
-De partir pendant un certain temps.
Carrant ses épaules, Wyatt s'installa sur le rebord de la chaise, tendu.
-Ça ne s'arrête jamais.
-Comment fais-tu pour...tenir ?
-Je ne suis même pas sûr d'être sain d'esprit, Tyna. La rue vous rend fou, elle vous déshumanise. La haine des passants, injustifiée, est devenue si courante... Mais l'indifférence est pire que tout : on n'a même pas le droit à un regard. C'est comme si, quelque part, nous étions déjà morts.

VOUS LISEZ
Comme un Homme...
RomanceAprès plusieurs années à la rue, Wyatt O'Conner n'espère plus rien de la vie. Ses journées se résume à fouiller dans le peu de souvenir que le temps daigne lui laisser et arpenter la ville de long en large avec l'espoir de trouver un endroit chaud o...