Comme un Homme...

Chapitre 28 : Un repas de plus

Tyna battait énergiquement ses blancs en neige, regardant discrètement derrière elle : petit ange était assis sur une chaise, en face de Rémy, le fixant intensément.
Le vieillard eut le mérite de rester immobile et lui sourit gentiment.
La jeune femme ne savait pas comment réagirait l'enfant face à ce nouvel inconnu : ses réactions étaient méfiantes, mais il resta calme.

- Tout va bien, Rémy ?

Un regard brun se posa sur elle.
- Je me sens bien, il fait chaud. Je ne vous remercierai jamais assez.

- Pas de ça avec moi ! Wyatt m'a dit exactement la même chose lorsqu'il a mis les pieds ici.

- Cette canaille mérite ce qu'il lui arrive actuellement : une femme, un petit et un toit.

Les joues de Tyna s'enflammèrent.
- Oh...

- Comment s'appelle le bout de chou ? –Demanda-t-il subitement en faisant référence à petit ange.

- Nous ne savons pas. Je l'appelle petit ange et Wyatt, petit gars.

Rémy fronça ses sourcils,
- Ce n'est pas votre enfant ?

- Si. Je ne suis pas sa mère biologique mais depuis qu'il est entré dans ma vie, il est devenu mon fils.

Même si l'ami de Wyatt ne demanda pas plus d'explications, la jeune femme ressentit le besoin de lui en parler.
- Wyatt l'a trouvé dans la rue. Son père, ou du moins, ce que nous supposons être son père, le forçait à mendier une certaine somme d'argent... Il était dans dehors, dans le froid, affamé et ne pouvait pas garder ses pièces parce qu'il était autiste. -Lui avoua-t-elle, le cœur lourd.

Les yeux du SDF s'écarquillèrent avant que son visage ne soit plus qu'un masque de fureur.
- Il avait une famille et ils l'ont laissé dehors ? -S'offusqua t-il d'une voix chargée de colère. J'espère que quelqu'un s'est occupé de son cas! Où est-il maintenant?

- Personne ne le sait.

- Je ne comprendrai jamais les gens qui s'en prennent aux enfants. Les personnes comme lui ne devraient pas exister. Vous ne lui avez pas demandé son prénom...?

- Petit ange ne parle pas. Je pense qu'il s'agit d'un blocage psychologique. Il s'exprimera lorsqu'il sera prêt. -Lui dit-elle d'un ton ferme, sûr que ce jour viendrait.

- Je le trouve très calme. –Observa-t-il. Il a de très jolis yeux.

- Oui, il est magnifique. Aussi beau que Wyatt.

Un large sourire fleurit sur le visage de Rémy.
- Ma petite canaille a toujours hypnotisé les femmes.

L'humeur de Tyna s'assombrit aussitôt.
Toutes ces femmes, au Rubis...

- C'est aussi quelqu'un au cœur extrêmement fidèle. Un peu renfermé, mais lorsqu'on apprend à le connaître...

- C'est vrai. -Convient-elle d'une voix douce tout en continuant de remuer ses blancs d'œuf. Je voulais vous parler aussi de ses dessins...

- Ils sont magnifiques.

- Oui, les clients ont l'air d'apprécier. Il m'a dit avoir essayé, lorsqu'il était encore à la rue.

- Je l'ai vu faire, une fois. Il avait trouvé une bombe et un stylo. Vous devez savoir qu'il fait des merveilles lorsqu'il dessine. Il a commencé à griffonner sur notre carton et bien vite, cela s'est relevé être un chef d'œuvre. C'est à ce moment-là que j'ai découvert son talent inné pour l'Art. Il voulait que le carton soit personnel, il disait que de cette façon, nous aurions notre chez-nous, nous aussi.
Tyna fut bouleversée par le récit du vieillard.
- Comment était-il, lorsque vous l'avez rencontré ?

- C'était un jeune adulte, presque un môme, frêle et crevant de faim. Il avait l'air perdu et essayait de s'abriter, recroquevillé contre la vitre d'un Mac Do. Je me suis dit qu'il ne devait sûrement pas venir d'ici. Les gens sont hostiles avec les étrangers, vous savez ? J'ai donc traversé la route et je lui ai dit "viens avec moi, gamin. Nous partagerons un morceau de carton et tu auras à manger". Il a relevé la tête et son regard m'a frappé. Il semblait abattu. Il m'a suivi et a dormi à mes côtés. Il semblait nerveux au début, puis, au bout du quatrième jour, il m'a enfin adressé la parole : "Comment vous appelez-vous, Monsieur ?" m'a t-il demandé. Nous étions bien et il est resté à mes côtés. Nous nous entraidions : si l'un de nous n'avait pas à manger, nous lui donnions notre part. On s'est serré les coudes : finalement c'était comme à l'armée "bas-toi ou crève" et nous nous sommes rapprochés.

Tyna, qui buvait littéralement les paroles de l'homme, tenta sa chance : c'était l'occasion pour elle pour d'en savoir plus.
- Vous connaissez son passé, n'est ce pas ? Il m'a parlé d'une certaine Alìs.
Une femme qui aurait un enfant.

Son regard se perdit au loin.
- Ah Ailìs... Wyatt a toujours été quelqu'un de très secret... Son passé est une vraie énigme, pas vrai ? Ailìs est la personne la plus importante pour lui. C'est une brave fille, à ce que je sais. Joyeuse, calme et magnifique. Son rayon de soleil, l'appelait-il. Ailìs et lui étaient très proches, aussi soudés que les doigts de la main. Ils sont nés avec plusieurs années de différence mais c'était comme s' ils étaient jumeaux.

Sa sœur donc... –Pensa-t-elle, soulagée.

- Je ne sais pas grand chose... Wyatt ne m'a confié que le strict minimum. Je sais qu'Ailìs avait été blessée et que son frère s'est vengé. -Répondit-il d'une voix contrite.

- C'est déjà beaucoup, merci.

La porte grinça au même moment et l'enfant se redressa, comme s'il n'attendait que cette personne.

- Désolé Tyna, j'ai eu un petit contretemps... -S' excusa Wyatt en enlevant son manteau, n'ayant pas vu Rémy.

- Aucun problème.

Il s' avança alors et son visage se revêtit d'une expression de surprise presque comique.
- Vieille branche...? -Dit-il, l'air de ne pas en croire ses yeux.

- Salut, fils.

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J'adorerai être une petite souris pour voir votre réaction XD "comment peut-elle couper un tel moment ?" Me direz vous.
Eh bien... je ne sais pas. J'avais envie, tout simplement.
Vous ne savez pas comme c'est jouissif d'avoir le contrôle et de faire ce qui me plait, mouahaha !
Allez, je suis gentille, je vous donne un indice pour la suite... Je ne continuerais pas cette scène *rire démoniaque*
Ne faite pas cette tête, voyons !

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