- Albinisme.

VI. Mon père ou (mon) géniteur.

Je me suis installée tout au fond de la bibliothèque, dans un coin isolé, espérant ne croiser personne. Là, à l'abri des regards, j'ai allumé un ordinateur. Mes mains tremblaient légèrement tandis que je tapais "Naïm Meyer" dans la barre de recherche.

Ce que j'ai découvert m'a littéralement choquée. Je suis restée figée devant l'écran, incrédule. J'étais plus qu'outrée. Après toutes ces années passées à lutter avec ma maladie, à vivre dans l'ombre de cette absence, lui semblait vivre la belle vie.

Il avait même une page Wikipédia. Vous imaginez ? Une page Wikipédia à son nom. Mon père biologique, cet homme que je n'avais jamais vraiment connu, était devenu PDG d'une grande entreprise internationale. Une énorme. Comme si cela ne suffisait pas, il s'était remarié et avait fondé une nouvelle famille. Deux petites filles, l'une de seize ans et l'autre de quatorze ans.

J'ai des sœurs. Des demi-sœurs.

Je n'arrivais pas à y croire. Toute ma vie, j'avais vécu sans lui, sans même savoir qui il était réellement, tandis que lui semblait s'être reconstruit sans difficulté, oubliant jusqu'à mon existence.

Ma mère m'avait interdit de faire des recherches sur lui. Elle disait toujours que cela ne servait à rien, que je ne devais pas remuer le passé. Après tout, c'est lui qui nous avait quittées, lui qui nous avait abandonnées sans un regard en arrière. Alors, à quoi bon chercher ?

Mais face à ces informations, une colère sourde montait en moi. Toutes ces années où je me demandais ce qu'il était devenu, où j'avais parfois même espéré qu'il se souvienne de moi... et voilà ce que je découvre. Une vie parfaite, un homme parfait pour les autres, mais inexistant pour moi.

Impulsive, j'ai pris une décision que je n'aurais jamais cru possible. J'ai pris rendez-vous avec lui.

Je me suis inscrite sous un faux nom : Mademoiselle Sergo, une Latine en quête de ses services professionnels. C'était un prétexte, bien sûr, mais il fallait que je le voie, que je lui parle. J'avais un rendez-vous dans trois jours et j'avais une hâte folle.