XI. Est-ce la fin ? Un adieux ou un au revoir.

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J'ai ouvert les yeux avec une grande difficulté, comme si la fatigue et la douleur avaient scellé mes paupières. Chaque mouvement était un effort immense. Mais petit à petit, le brouillard dans ma tête se dissipa, et je parvins à voir.

Quand enfin mes yeux se sont pleinement ouverts, la scène qui s'est déroulée devant moi m'a figée. Ils étaient tous là. Ma mère, les yeux rouges et pleins de larmes, mon père, le visage marqué par une inquiétude profonde, mes demi-sœurs, ma belle-mère, et même lui... Adam.

Tous étaient réunis autour de moi, leurs visages chargés de tristesse, leurs yeux gonflés de larmes non versées. Leurs regards étaient lourds de compassion, de désespoir, mais aussi d'une forme de résignation. C'est là que j'ai compris. J'avais perdu la bataille.

Je suis allongée sur ce lit d'hôpital, mon corps fatigué et brisé, et je savais. Les médecins m'avaient dit que je pouvais partir à n'importe quel moments. Ce n'était pas un choc, en réalité. J'avais vu la fin venir, mais entendre les mots prononcés par un médecin me frappait de plein fouet.

Alors ils étaient là, tous, parce qu'ils savaient que le temps que nous avions ensemble était compté. Maman m'a dit qu'ils étaient restés auprès de moi, refusant de quitter ma chambre, même pour quelques instants. Ils attendaient, pour être là, à mes côtés, à la dernière minute. Je pouvais à peine bouger, mais mes yeux cherchaient ceux de ma mère. Elle me sourit faiblement, même si je voyais la douleur dans ses yeux. Puis je les ai regardés, un à un, mes demi-sœurs, mon père, chacun d'eux avec un regard rempli d'amour et de peine.

Dans ce silence lourd, j'ai pris une grande inspiration, même si chaque souffle me semblait une épreuve. Le bruit de la machine qui suivait les battements de mon cœur était le seul son qui résonnait dans la pièce.

— Je vous aime, murmurai-je, d'une voix faible mais claire.

J'ai dit ces mots à chacun d'eux, l'un après l'autre, avec tout l'amour que j'avais dans mon cœur. À ma mère, à mon père, à mes demi-sœurs, à ma belle-mère, et même à lui. Ce n'était pas un adieu, c'était une manière de leur dire que, même dans ces moments de souffrance, j'étais en paix. Je leur ai dit que j'étais heureuse d'avoir eu la chance de les connaître, d'avoir partagé une vie avec eux, même si elle avait été marquée par tant d'incertitudes. Je n'avais pas choisi cette maladie, mais j'avais eu la chance d'être aimée, et c'était tout ce qui comptait.

Dans ces derniers instants, je n'avais plus de place pour la colère, ni pour les regrets. Ce qui comptait, c'était cet amour partagé. La vie ne m'a pas épargnée, mais elle m'a donné des gens formidables avec qui j'ai vécu. Et pour cela, j'étais reconnaissante.

Je les ai regardés une dernière fois, et une pensée m'a traversé l'esprit, aussi claire que la lumière qui se faisait timidement dans la pièce : Il n'y a que la famille qui compte.

Les autres choses, les autres gens, tout le reste, ça ne valait rien face à l'amour que l'on partage avec ceux qui vous portent, qui vous comprennent, qui vous acceptent malgré tout. J'étais en paix, et je n'avais plus peur. J'avais vécu, j'avais aimé, et même si ma fin était proche, je savais que la vie m'avait offert de précieux moments. C'était tout ce que j'avais besoin de retenir.

- Albinisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant