X . La disparition et l'effondrement.

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Je l'avais rencontré un samedi, une personne différente, unique, intrigante. Dès le début, quelque chose chez lui m'avait fait peur. Peut-être son regard perçant, ou cette aura mystérieuse qu'il dégageait. Pourtant, en quelques mots échangés, cette peur s'était muée en curiosité.

Ce soir-là, nous avions parlé jusqu'à la fermeture de la boîte. Avant de partir, il m'avait tendu son téléphone, et nous avions échangé nos numéros. Les jours qui ont suivi furent surprenants. Nous échangions des messages toute la journée, des appels parfois interminables où nous refaisions le monde. Avec lui, tout semblait plus simple. Il ne posait pas de questions sur ma maladie, ne semblait pas me juger. Je pouvais être moi-même, sans masque.

Trois mois passèrent, et pour la première fois depuis longtemps, j'avais envie de vivre. C'était étrange. Moi qui voyais la vie comme une lutte incessante, je me surprenais à rire à ses blagues, à attendre ses messages avec impatience. Adam était devenu une lueur dans ma vie qui été devenu si obscure.

Puis, du jour au lendemain, il disparut. Plus de messages. Plus d'appels. Rien.

Au début, je pensais à un malentendu, un problème de réseau. J'ai insisté, je l'ai harcelé de messages, de dizaines d'appels. Mais son silence restait total. Chaque jour sans nouvelles était un coup de poignard. Je me sentais abandonnée, trahie. Pourquoi ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Était-il arrivé quelque chose ? Les questions tournaient en boucle dans ma tête, sans réponse. Rapidement, le désespoir s'installa. Une dépression sourde, profonde. Je n'avais plus goût à rien. Maman ne comprenait pas. Elle me voyait dépérir sans savoir quoi faire. Papa, de son côté, venait me rendre visite chaque jour, essayant maladroitement de me redonner le sourire. Mais rien ne fonctionnait.

Un après-midi, alors que j'étais allongée dans mon lit, fixant le plafond, je sentis une étrange douleur dans ma poitrine. Une quinte de toux violente me secoua. Puis une autre. Je toussais à m'en briser les côtes, jusqu'à ce qu'un goût métallique envahisse ma bouche.

Je baissai les yeux et vis une tâche rouge vif sur mes mains. Un gros molard ensanglanté venait de sortir de ma gorge.

— Non... non...

Je paniquai, et une nouvelle quinte de toux me fit cracher encore plus de sang. Cette fois, j'hurlai.

— MAMAN !

Elle arriva en courant dans ma chambre, affolée. En voyant le sang, son visage pâlit. Elle ne posa aucune question, ne perdit pas une seconde. Elle m'aida à me lever et m'entraîna vers la voiture.

Tout le trajet vers l'hôpital, elle essayait de me rassurer, mais sa voix tremblait. Je savais qu'elle avait peur.

Arrivées aux urgences, elle appela mon père pour lui expliquer la situation.

— Tu dois venir, tout de suite. Elle... elle crache du sang, Naïm.

Son ton était paniqué, et je l'entendais à peine, tant ma tête tournait.

Un médecin finit par me prendre en charge. On m'allongea sur un lit, une infirmière prenant ma tension pendant qu'un autre médecin m'interrogeait rapidement.

— Depuis quand ça a commencé ? me demanda-t-il d'une voix pressée.

Je n'arrivais pas à parler. La douleur dans ma poitrine était trop forte, et une nouvelle quinte de toux m'arracha un gémissement.

Maman répondit à ma place :

— Elle était allongée, puis elle a commencé à tousser et... et ce sang...

Le médecin hocha la tête et fit signe à une équipe de m'emmener en salle d'examen.

Je voulais protester, dire quelque chose, mais mes forces m'abandonnaient. Tout semblait flou, comme si je glissais dans un brouillard épais. La dernière chose que j'entendis avant de perdre connaissance fut la voix de maman, tremblante et pleine de larmes :

— Tiens bon, ma chérie... tiens bon.

- Albinisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant