VIII. Le côté cacher.

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Après plusieurs jours de réflexion, j'avais finalement décidé de recontacter mon géniteur. Peut-être que, malgré tout, je pouvais tirer quelque chose de cette situation. Une forme de paix intérieure, ou au moins un semblant de lien avec cette partie de ma famille qui m'avait toujours été étrangère.

Quand je l'ai appelé, il a répondu presque immédiatement. Sa voix était calme, mais teintée d'une certaine urgence, comme s'il attendait ce moment depuis notre dernière rencontre.

— Je suis content que tu m'aies rappelé, dit-il. Pour ta mère, je verserai l'argent qu'il faudra, je te le promets. Et si tu veux rencontrer tes demi-sœurs, il n'y a aucun problème.

Nous nous somme donc rejoint dans un parc et après avoir brièvement discuté nous nous sommes rendu à sa voiture. C'était une berline, élégante et sobre, qui reflétait parfaitement son image. Nous sommes montés en silence, et le trajet s'est déroulé dans une atmosphère presque étouffante. Lui, concentré sur la route, et moi, perdue dans mes pensées. Que pouvais-je dire ? Je ne savais même pas comment aborder la situation.

Je suis de nature timide, et dans ces circonstances, c'était encore pire.

Après une vingtaine de minutes, nous sommes arrivés devant une immense maison aux murs beige clair, avec des volets blancs et un jardin parfaitement entretenu. Une vraie maison de rêve, digne des magazines de décoration.

— C'est chez toi ? ai-je demandé timidement, la voix tremblante.

— Oui, répondit-il simplement en ouvrant la porte d'entrée.

Il entra le premier et lança à haute voix :

— Je suis rentré !

Quelques instants plus tard, trois silhouettes apparurent dans le couloir. Trois jeunes femmes, belles, rayonnantes, chacune avec une énergie différente.

— Bonjour, papa ! dit l'une d'elles avec un sourire timide.

— Salut, chérie, répondit-il en l'embrassant.

— PAP'S ! lança une autre, plus vive, avant de lui sauter dans les bras.

Il les accueillit avec une tendresse qui me fit un pincement au cœur. Je n'avais jamais vu ce côté de lui. Ce père aimant, attentionné, celui qui m'avait été refusé.

Puis il se tourna vers moi et, d'une voix plus solennelle, déclara :

— Les filles, je voudrais que vous rencontriez quelqu'un. Voici... ma fille.

Un silence s'installa dans la pièce. Les trois jeunes femmes me regardaient, les yeux écarquillés, visiblement surprises. Je sentais leur regard m'analyser, chercher une ressemblance, une explication.

— Ta fille ?! Papa, c'est une blague ? demanda la plus jeune, incrédule.

— Non, ce n'est pas une blague, répondit-il calmement. C'est une histoire compliquée, mais elle fait partie de notre famille.

Nous nous sommes ensuite installés dans le salon. L'endroit était aussi impressionnant que le reste de la maison : des fauteuils en cuir blanc, des étagères remplies de livres, et une grande baie vitrée donnant sur le jardin.

La conversation, d'abord tendue, se détendit peu à peu. Mes demi-sœurs me posèrent des questions sur ma vie, mes goûts, mes souvenirs. Elles semblaient sincèrement curieuses et, étonnamment, bienveillantes. Pendant deux heures, nous avons parlé de tout et de rien, créant une connexion fragile mais réelle.

Pour la première fois depuis longtemps, je ressentais un certain apaisement.

Avant de partir, mon père me tendit un document à signer.

— C'est une promesse écrite, dit-il. Pour que tu sois sûre que je verserai l'argent à ta mère. Je veux que tu n'aies aucun doute à ce sujet.

J'hésitai un instant, puis signai. Ce geste, bien que purement symbolique, allégeait un poids que je portais depuis des années.

Quand je suis rentrée chez moi, la maison était vide. Ma mère n'était pas là. Le silence régnait, mais pour une fois, il ne me dérangeait pas.

Je me suis fait un rapide dîner, puis je suis montée dans ma chambre. Là, j'ai ouvert mon placard et sorti une robe noire, moulante, fendue sur le côté. Quelque chose de sexy. Je voulais m'amuser, oublier tout ce poids que je portais sur mes épaules. Ce soir, j'avais décidé de sortir. D'aller en boîte, de danser, de me sentir vivante.

Pour une nuit, je voulais laisser de côté mes problèmes, ma maladie, mes doutes. Juste m'éclater.

- Albinisme.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant