Chapitre 7: Mes jours sans toi

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PDV Rayane:
Nous étions encore dans la salle d'attente. Le médecin n'était toujours pas arrivé et la peur montait au fil des secondes, des minutes et des heures. Aucun d'entre nous n'osait prononcer le moindre mot. Il était déjà 21h00 et le fait de n'avoir encore aucunes nouvelles de Denitsa me faisait imaginer le pire. Mais je gardais espoir. J'entendais des bruits de pas provenant du fond du couloir et je levais la tête brusquement. Les bruits se rapprochèrent de plus en plus et là, un homme avec une blouse blanche faisait son entrée dans la salle. Nous nous levions de nos chaises au même moment et nous attentions qu'il nous dise quelque chose. Il redressa sa paire de lunettes sur son nez et toussa légèrement. Mon coeur battait la chamade et j'avais cette sensation qu'il n'allait plus tenir le coup. Je voyais à travers ses verres de lunettes que, ce qu'il allait nous annoncer n'était pas une bonne nouvelle mais j'essayais de faire comme si tout allait bien, de garder espoir comme je le faisais depuis que j'ai appris la nouvelle.
-Mademoiselle Ikonomova est au service de réanimation. Elle y restera jusqu'à ce qu'elle se réveille. Ce que je vais vous annoncer n'est pas très bon mais, elle est plongée dans un coma profond et nous ne savons pas quand est-ce qu'elle se réveillera. Peut-être dans quelques jours, dans quelques semaines ou dans quelques mois, seul le temps nous le dira. Ces jours ne sont pas comptées, ne vous inquiétez pas. Durant l'opération de la tête qui s'est ouverte lors de l'accident, son rythme cardiaque a baissé fortement et nous avions dû la réanimer. Heureusement qu'elle a tenu le coup. Elle va se battre, croyez moi, c'est une femme forte. Vous pouvez aller la voir, mais une seule personne à la fois.
Il finit sur ces mots. Il repartit ensuite nous laissant tous dans l'inquiétude et le questionnement. On se regardait tous, ne sachant plus quoi faire. J'étais dans le doute, dans l'angoisse particulièrement.
-Rayane, va la voir. On ira demain.
Je me retournais vers la personne concernée. Fauve. Je la regardais et je pouvais apercevoir sur le regard de chacun qu'ils étaient tous d'accord avec ce qu'elle venait de dire.
-Si c'est ce que vous voulez, très bien. Passez une bonne fin de soirée quand même. Je vous remercie tous. À demain.
Je leur disais au revoir et je partis au service de réanimation qui se trouvait un étage plus bas. Je pris l'ascenseur se trouvant au fond à gauche et, une fois arrivé, je montais dedans et cliquai sur le bouton -1. Les portes se fermèrent en face de moi et je sentis qu'il descendait. Il n'a fallu que quelques secondes pour arriver à l'étage en dessous. Les portes s'ouvrirent et il y avait plusieurs chambres en face de moi. Cette atmosphère me donnait la chaire de poule, et j'en tremblais à me faire à l'idée que Denitsa se trouvait parmi ces personnes avec des masques à oxygène, des tubes dans la gorge ou encore d'autres choses. Je marchais tout droit en regardant à droite à gauche et essayant de trouver sa chambre. On pouvait entendre les bruits provenant des électrocardiogrammes, ce bruit infernal qui donnait un son rythmé mais qui à tout moment, pouvait déclencher un son pendant plusieurs secondes sans s'arrêter. Cela signifiait que le coeur de la personne s'était arrêté de battre à tout jamais. Je me trouvais au fond d'un couloir et, tournant la tête à ma droite, j'aperçus un visage familier à travers la vitre de la chambre. Je m'approchais pour mieux l'apercevoir et je souris. Denitsa était entrain de dormir paisiblement, mais pour combien de temps encore ? J'ouvris la porte et la refermai derrière moi. Je m'avançais près d'elle doucement et pris une chaise se trouvant pas très loin du lit. Je m'assis et lui pris sa main. Sur son visage se trouvait un masque à oxygène et on pouvait entendre sa respiration régulière. Elle avait un bandage autour de sa tête et sur sa main que je tenais, il y avait des pencements qui tenait sa perfusion qui alimentait son corps. Le seul bruit que j'entendais était le son de l'électrocardiogramme. Ce son que je n'aimais pas entendre car je savais que à tout moment il pouvait s'enclencher et me dire que tout est fini. Il fallait que j'arrête de penser au pire et penser plutôt à quelque chose de positif mais, c'était dur en la voyant ainsi, allongée dans ce lit d'hôpital et vêtu d'un haut vert qui lui faisait ressortir son teint pâle. Je pris une grande inspiration et j'essayais de sortir quelque mot pour voir si elle réagissait mais rien. Alors, j'essayais de lui dire, de lui expliquer que j'étais près d'elle jusqu'au jour où elle se réveillera enfin.
-Ma Deni, je suis là, sois forte, ne lâche rien. Tu dois te demander pour quelle raison je suis ici, près de toi et non à Bruxelles. Je suis redescendu sur Paris aussi vite que j'ai pu. J'ai pris le premier train pour être près de toi. Tu vas sans doute me dire "Et ton film ?". Je me fiche du film, tout ce qui m'importe c'est toi. Si j'avais su qu'il allait t'arriver une chose pareil, je ne serais jamais parti, j'aurais essayé d'empêcher ce qui s'est produit. Alors maintenant, bats toi, pour moi, pour Jade, pour Katrina, pour Christian, pour les autres, pour ta famille. Je ne veux pas imaginer une vie sans toi Denitsa. Pourquoi a-t-il fallu qu'une chose pareille arrive ? Juste au moment où l'on était les plus heureux du monde et que j'étais sans doute l'homme le plus heureux car ce que je ressens pour toi est réciproque. Je sais que tu vas vivre, que tu vas te réveiller. Mais quand ? Je ne veux pas que tu passes les fêtes de Noël dans ce lit d'hôpital, je veux que tu sois près de ta famille, à sourire, rire dans la joie et la bonne humeur. Je veux que l'on reparle des merveilleux moments que l'on a passé ensemble que ce soit en répétitions, lors de nos prestations et à l'extérieur de l'émission.  Je t'aime Denitsa ...
J'essayais de rester fort et de ne pas laisser tomber quelques larmes sur mon visage, je ne savais pas si elle m'entendait et même si c'était le cas, je ne voulais pas qu'elle m'entende.

PDV Denitsa:
J'étais toujours enfermée dans cette spirale dans laquelle je n'arrivais toujours pas à en sortir. Mon esprit était conscient mais je n'arrivais plus à contrôler aucuns membres de mon corps. Je ne savais plus depuis combien de temps je dormais profondément. Je n'avais plus de force. J'étais épuisée physiquement et mentalement, j'étais comme paralysée. Et puis, j'entendis quelqu'un entré là où je me trouvais actuellement. En fait, je ne savais même pas où je me trouvais. J'entendais les pas s'approcher de plus en plus de moi. Je ne savais toujours qui était là, près moi. Et puis, j'entendis cette voix que je connaissais si bien. Rayane. Il m'exprimait ses craintes, ses doutes, ses peurs. Il était nostalgique. Je voulais le rassurer, lui dire que je l'entendais, que je vais bien, que j'essayais de sortir de l'endroit sombre où je me trouvais. Mais non. C'était impossible. Je n'avais plus le contrôle de rien. En réalité, étais-je entrain de mourir petit à petit ? Étais-ce pour cela que je ne sentais plus mes membres ? Je ne pouvais pas mourir, pas maintenant, pas comme cela. Au fur et mesure qu'il me parlait, je revoyais nos moments, encore et encore. Je les revivais je ne sais combien de fois. J'en avais assez de ne plus pouvoir plus vivre normalement, comme je le faisais avant d'avoir fermé les yeux pour je ne sais combien de temps. Mais, allais-je les ré ouvrir un jour ? Est-ce que j'allais revoir Rayane, Jade, Katrina, Christian et tous les autres que je côtoyais tous les jours ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Est-ce que j'allais me retrouver dans le même cas que la Belle au Bois Dormant ? Être plongée dans un profond sommeil pour l'éternité. Si c'était le cas, je préférais mourir que de ne plus jamais revoir les gens que j'aime. Je savais que c'était lâche, même égoïste de ma part de vouloir tout abandonné et de laisser tomber les autres, mais j'en avais marre de ne pas savoir quand j'allais me réveiller. Et puis, je l'entendis, j'entendis ces mots qui faisait toujours du bien et vous permettais dans ces moments là de garder espoir, de rassembler autant de force que possible, ne plus baisser les bras. Ce "Je t'aime" était sans doute nécessaire pour ne pas abandonner.

*2 semaines plus tard*

PDV Rayane:
Nous étions le 23 Décembre. Demain allait être le réveillon de Noël et Denitsa était toujours à l'hôpital, dans le coma depuis ce fameux 9 Décembre. Christian était allé la voir le lendemain matin de ma première visite. Ensuite, Jade, Katrina, Yann, Guillaume, Alizée et Grégoire les jours suivants. Bien sûr, je lui rendais visite tous les jours. Sa table de chevet était remplie de fleurs et de chocolats. Jade avait prévenu la famille de Denitsa et elle était descendue le plus rapidement possible. Ses parents et son petit frère logeaient chez Denitsa. Plus les jours passaient, plus nous commencions à nous inquiéter et à nous demander si elle allait passer les fêtes de Noël avec nous. Les médecins disaient que son état était stable et que son coeur battait normalement. J'étais devant l'entrée de l'hôpital en ce matin du 23 Décembre. Je me dirigeais, comme tous les jours, en service de réanimation et devais, comme depuis deux semaines, supporter ces bruits des électrocardiogrammes provenant des autres chambres. J'arrivais devant la chambre de Denitsa, j'ouvris la porte et la refermai derrière moi pour le énième fois. Je m'assis sur la chaise et lui pris la main comme j'en avais l'habitude. Je lui racontais mes journées, des blagues, et certaines fois, cela m'arrivait de lui raconter nos moments les plus marrants que nous avions passé ensemble. Cela me permettait de sourire et même de rire dans ces moments difficiles que je passais depuis qu'elle se trouvait à l'hôpital. Elle avait le visage apaisée, comme si cela lui faisait du bien de dormir depuis quinze jours. Mais c'était ridicule de penser cela.
-Tu sais, pour le film que je devais tourner en Belgique, ils ont refait le casting pour le personnage principal masculin, celui que je devais interpréter. Ne t'inquiète pas, j'aurais d'autres opportunités.
Je lui parlais ensuite de ce que les autres faisaient depuis son absence et je lui dis au revoir en embrassant la paume de sa main. Je me levai de la chaise et me dirigeais vers la porte. Je posais ma main sur la poignet et, au moment de la tourner, j'entendis cette voix, ce petit murmure qui sortis de nulle part. Je croyais rêver mais je le ré entendis une deuxième fois.
-Rayane ... ?

Rayane et Denitsa : Comme une évidence (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant