Rayane et Denitsa : Comme une évidence (Tome 1)

Chapitre 11: Danse avec moi

PDV Rayane:
L'année 2015 avait commencé depuis maintenant dix sept jours. Denitsa n'avait toujours pas retrouvé l'usage de ses jambes et je voyais qu'elle s'inquiétait malgré le fait qu'elle essayait de me le cacher. Mais, je m'inquiétais aussi, je voulais vraiment qu'elle puisse remarcher, mais quand ? Quel jour ? C'était la question que je me posais le plus chaque jour en me réveillant dans mon lit le matin avec Denitsa à mes côtés. Tous les jours, je la regardais attentivement et je pouvais apercevoir que les traits de son visage changeaient, que son sourire s'effaçait petit à petit et cela me faisait mal au coeur. La tournée Danse avec Les Stars avait commencé et nous devions y participer. Chris Marques m'avait proposé de changer de partenaire pour pouvoir y participer comme convenu, mais j'ai refusé sans hésiter. Je voulais rester près de Denitsa et m'occuper d'elle. Nous étions le 17 janvier et demain allait être son anniversaire. J'avais déjà préparé ma surprise et j'espère que ça allait lui plaire. Je voulais tout faire pour qu'elle retrouve son sourire éblouissant qui me faisait perdre mes moyens lorsque je me retrouvais en face d'elle. J'étais actuellement dans la cuisine entrain de préparer le petit déjeuné et je coupais des morceaux de mangues comme Denitsa les aimait. Je mis le tout sur un plateau avec comme accompagnement deux pains au chocolat, que j'avais acheté à la boulangerie du coin une heure auparavant, et un verre de jus d'orange. Je me dirigeais dans ma chambre. Denitsa dormait encore à point fermé. Je posai le plateau sur la table de chevet et m'approchai d'elle pour lui déposer un baiser sur sa joue. Elle gémit et bougea un peu puis ouvrit délicatement ses yeux.
-Bonjour ma princesse, tu as bien dormi ?
Elle se redressa sur le lit et me déposa un baiser sur mes lèvres.
-Très bien merci et toi ? Tu es déjà debout ? Quelle heure est-il ?
-Ca va merci. Oui, ne t'en fais pas ce n'est que 10h00. Tiens, je t'ai préparé le petit déjeuné et je suis allé à la boulangerie juste en bas de chez moi pour te prendre deux pains au chocolat, dis-je en prenant le tableau et en le déposant sur le lit aux pieds de Denitsa.
Elle me regarda et me remercia en me prenant dans ses bras. Je m'assis à côté d'elle et la regardai manger avec appétit. Je m'imaginais la réaction qu'elle pouvait avoir en découvrant la surprise que je lui avais préparé. J'étais impatient d'être à ce soir. Et puis soudain, tout en continuant à la regarder, je repensais à l'accident. Je ne savais pas pour quelle raison, en sachant que cela s'était produit plus d'un mois en arrière, mais je ne pouvais cesser de me replonger dans ce douloureux souvenir tant qu'elle n'aura pas retrouver la possibilité de remarcher. Je me faisais du mal à moi-même en l'imaginant dans ce lit d'hôpital, avec ce masque à oxygène sur la bouche, cet électrocardiogramme près de son lit en faisant un bruit abominable et cette perfusion. Denitsa me regarda avec les sourcils froncés et les yeux un peu plissés.
-À quoi penses-tu ?
Elle me caressa la joue avec sa main douce. Denitsa avait toujours les mains à la peau lisse et j'aimais ce contact avec sa main sur mes joues où se trouvait un peu de barbe. Je levais les yeux pour croiser les siens et je pouvais apercevoir cette inquiétude dans son regard.
-À rien, ne t'en fais pas.
Je me levai de mon lit et pris le plateau pour aller le déposer à la cuisine et je débarrassais les couverts qui étaient sales pour les mettre dans l'évier. Je retournai dans la chambre et pris Denitsa dans mes bras pour l'accompagner jusqu'à la baignoire pour qu'elle puisse prendre un bon bain. Cela lui a fallu une heure et je lui fis son brushing après qu'elle se soit habillée, malgré la difficulté. La journée passa très vite. Nous avons regardé trois films, le préféré de Denitsa, et deux comédies et nous avions beaucoup rit. Cela me faisait du bien de la voir ainsi, même si je savais qu'après elle allait perdre son sourire et se replonger dans les mauvais souvenirs. Nous étions le soir, il était environ 23h00 et je retrouvais Denitsa dans la chambre entrain de se regarder dans un miroir. Elle avait une tête fatiguée depuis sa sortie de l'hôpital. J'étais vêtu de mon costume que j'avais porté lors de la finale durant notre frerstyle et j'avais dans les mains la robe qu'elle portait durant cette dernière danse que nous avions partagé rien que tous les deux avant notre victoire. Elle était ravissante. Elle remarqua ce que j'avais dans les mains et me regarda avec un air interrogateur.
-C'est une surprise. Habille toi, je reste derrière la porte. Si tu as besoin d'aide, appelle moi.
Je lui tendis la robe et je fermai la porte derrière moi. J'attendais dans le couloir, le cœur battant.
-Rayane ?
Je l'entendis et j'ouvris la porte. Elle était assise sur le lit, vêtue de sa robe. Elle était magnifique. Je m'approchai d'elle pour la prendre dans mes bras et la déposer dans son fauteuil. Nous descendions en bas et le taxi nous attendais. Je l'avais appelé avant d'entrer dans la chambre pour lui donner sa robe.
-Rayane, où nous emmènes-tu ?
Je tournais la tête vers elle et je pouvais savoir qu'elle était excitée à l'idée de savoir où je l'emmenais mais aussi une appréhension.
-Nous sommes bientôt arrivés, tu verras.
Je lui déposai un baiser sur sa joue près de son oreille. Le taxi arriva à destination et s'arrêta devant un théâtre qui était fermé car il n'y avait pas de spectacle ce soir. Je payai le chauffeur et ensuite, comme à mon habitude, j'installai Denitsa dans son fauteuil. Je lui bandai les yeux et je la poussai jusqu'à l'entrée et j'ouvris la porte. En réalité, j'avais demandé l'autorisation au responsable du théâtre si je pouvais venir ce soir avec Denitsa. Il me connaissait bien car c'était ici que je prenais des cours de comédie lorsque j'étais plus jeune.
-Rayane où sommes-nous ?
Je ne lui répondis pas et nous arrivions dans la grande salle où se trouvait je ne sais combien de fauteuils et au loin, il y avait la scène. J'emmenai Denitsa jusqu'à la scène, et même si son fauteuil et elle dessus cela faisait assez lourd, je pris une grande inspiration et la portai. Elle poussa un petit cri de peur mais je la déposai immédiatement sur le sol de la scène. Et là, je lui enlevai le bandeau des yeux. Je voyais qu'elle ouvrit grand les yeux et qu'elle ne comprenait pas immédiatement ce qui arrivait. Elle se tourna vers moi et je pouvais voir ses yeux qui brillaient par les larmes qu'elle essayait de retenir. Et, derrière Denitsa, j'aperçus Christian, Jade, Katrina et tous les autres dans les coulisses et Christian me fit un geste de la main. Je m'approchai de Denitsa doucement, lui pris les mains et la soulevai pour qu'elle puisse tenir en équilibre sur mes chaussures. Je la tenais fermement par la taille et elle ne cessait de me regarder, émue. La musique retentit et Denitsa plissa les yeux en l'entendant. J'avais choisi cette chanson en pensant à elle, pour lui faire comprendre de ne jamais baisser les bras, même si cela était difficile. C'était "You raise me up" de Josh Groban. Je savais qu'elle aimait cette chanson. Au fil du son, de la mélodie, des paroles, je la faisais tourner en m'assurant qu'elle ne tombe pas. Elle avait sa tête posée sur mon torse et nos mains étaient liées. Je pouvais entendre sa respiration et son souffle chaud à travers ma chemise. Et soudain, je sentis son pied glisser sur le dessus de ma chaussure et je re serrai mon étreinte mais elle me poussa un peu et me regardai, sans comprendre. Je fronçai les sourcils et la regardai avec peur. Elle était là, devant moi, debout, sans personne pour la tenir. J'ouvris grand les yeux, comme si j'avais vu quelque chose d'inimaginable, une personne qui n'existait pas. Je ne sentais pas ma bouche s'ouvrir en laissant un grand espace entre mes lèvres. Elle s'approcha de moi, posa ses deux mains sur mon torse et m'embrassa passionnément. Je croyais rêver. Depuis tous ces jours, toutes ces semaines assise dans ce fauteuil, elle avait ses pieds sur le sol. Elle avait marché. Mais, soudain elle perdit l'équilibre et je la rattrapai, comme dans l'ascenseur lorsque je l'avais emmené au restaurant dans la Tour Eiffel. Elle se mit à rire aux éclats, comme je ne l'avais jamais entendu et puis, elle se mit à verser des larmes, mais ce n'étaient pas des larmes de tristesse, mais de joie.
-Je marche Rayane, je remarche ..
Elle me le disait avec tant d'émotion dans sa voix. Je la redressai et la pris dans mes bras en m'assurant qu'elle ne retombe pas. Je ne répondis rien. Je l'amenais jusqu'à son fauteuil pour la faire assoir et je la regardais, avec des sentiments mélangés. Et là, j'entendis un son, m'avertissant que minuit sonnait.
-Joyeux anniversaire mon amour.
Et je l'embrassais. Tous les autres arrivèrent en lui souhaitant, avec des chapeaux en carton, des confettis et tout pleins d'autres choses. J'étais heureux, car ma surprise d'anniversaire avait marché. Je voyais Denitsa, rayonnante, et, elle avait retrouvé l'usage de ses jambes. Mais il fallait que dès demain, elle suive des cours de rééducation.