Ill Mind

1. Un Mois Avant.

Où mène ma route ? Je ne sais point, je marche dans cette ruelle sombre afin de me vider l'esprit. Ma journée était difficile, j'ai perdu mon boulot ce matin pour des raisons soit disant administratives. Je crois plutôt que mon patron ne m'aime pas pour une raison personnelle car comme j'avais rompu avec sa fille il y'a maintenant deux semaines, nos simples poignées de main le matin sont devenus froides, sèches, si ce n'est vides de tout respect mutuel. Je n'aimais pas sa fille mais être avec elle m'était bien favorable, car oui son père était mon patron mais aussi avant de la rencontrer il y'a un an déjà, j'étais chômeur et c'est elle qui m'a permis d'avoir ce travail, certes je n'aimais pas celui-ci mais il me permettait de vivre mais étant juste un simple employé d'une société impertinente dans la communauté, ce n'était pas la joie.
Me revoilà donc au point de départ, sans avenir. Mes choix sont passés de l'acceptable au zéro en une journée. Mon compte en banque crira faim en un mois. Je dois trouver une solution au plus vite. Ou peut-être dois-je rester comme ça, attendant la fin. Mais quelle serait ma fin ? Je mets les pieds dans un territoire inconnu, étranger. Je ne crois plus en rien, ni l'amour ni la gloire, ni en ce satané jour meilleur.
J'ai fais ça par ma propre main, je me suis plongé dans une vie par procuration. On m'a tant dit que j'étais un profiteur, que j'usais beaucoup trop des mots. Ils n'avaient pas tord, je viens de m'en rendre compte.
Je veux me laisser sombrer, cette ruelle absorbe tout cet espoir qui naissait en moi depuis quelque temps, ma cigarette ne me suffit plus pour m'évader de tout ce malheur routinier. Je fus servi mais par la pire des manières.
Que me réserve l'avenir ? D'un côté, je m'en fou complètement et de l'autre j'ai peur, peur de finir comme cet ivrogne couché à même le sol dans ce froid de canard. C'est vrai que j'ai ma propre maison mais je finirai par la vendre si je reste dans cet état, sans aucune revenue. Je vais prendre un colocataire mais mon caractère bizarre le fera fuir en à peine une semaine, sans oublier que je n'ai pas vraiment d'amis, vivre avec un inconnu sera une autre des milliers d'erreurs que j'aurais commis. Ou alors je sous-louerai une chambre, dans ce cas, je risque qu'on ne me paye pas, et oui les gens qui sous-loue une chambre sont des toxicos ou dans le meilleur des cas, en manque d'argent, un peu comme moi.
Ma cigarette approche à sa fin, peut-être qu'avant la fin du mois, celle-ci me tuera.
Ma vie est toute tracée, je vis pour mourir, je ne sais quand ni comment mais à ce qu'il paraît la mort ne nous interpelle pas, elle nous tombe dessus directement.
J'arrive au bout de cette ruelle qui paraissait aussi longue que la muraille de Chine. Un pont se présente à moi, je marche sur celui-ci à la recherche d'une rédemption. Je repense à ma vie, tout le mal que j'ai fait autour de moi, ça n'en terminait pas. Je repense à Victoria, cette femme était toujours souriante au début de notre relation mais sa vie avec moi a bousculé tout son être, sa joie s'est transformé en malheur et ça m'amusait. Ma cruauté envers les personnes qui s'attachent à moi est telle, que je n'arrive même plus à ressentir de l'amour ni quoique ce soit d'autre mit à part de la colère que je masque depuis toujours par ma cruauté.
Je n'arrive plus à joindre les deux bouts, je ressens tout le temps que le monde me doit quelque chose mais il n'en est rien, c'est au contraire moi qui lui en doit tant vis-à-vis ma peine que je partage excessivement avec mon entourage.
Je m'arrête au milieu de ce pont isolé, suspendu dans les airs à je ne sais quelle hauteur. Je me penche sur le bord de celui-ci, le sol est si loin, mes yeux se perdent dans l'espace qui nous sépare. Je me tiens debout sur le balcon du pont à présent, le sol est de plus en plus loin, je décide alors de me coucher sur le fameux rempart qui me sépare de mon apogée.
Une idée tout aussi sombre que mon esprit me martèle le cerveau. Et si je sautais, y aurait-il quelqu'un pour me pleurer ?