Ill Mind

11. Sensations.

Quand j'étais jeune, mon idole, c'était mon oncle Jack. C'était un homme qui en avait dans la tête, tout lui réussissait, il était du genre de personnes qui se réveillent très tôt le matin, des personnes qui lisent encore le journal. Il pouvait faire peur à n'importe qui avec seulement un regard, mais il avait un si grand cœur, ça faisait que tous l'aimaient. Avec l'âge, il a arrêté de boire, il était diabétique. Ses problèmes de santé qui empiraient, la folie lui est montée à la tête. Lui qui était tout le temps souriant, est devenu un homme tellement grincheux.

D'un point de vue hypothétique, tout a une fin, lui qui a atteint le sommet, a chuté de tellement haut. Il a survécu, quelques égratignures par ci par là mais rien de bien grave.

Pour ne pas tourner autour du pot, nous avons ce que nous avons, jusqu'à ce que nous le perdons. Et c'est là que nous ressentirons la vraie valeur des choses, des gens.

Quand il s'agit du point de vue purement réaliste, est-ce la justice divine de priver un homme de tout ce qu'il avait parce-que ce dernier ne s'est jamais tourné vers son créateur. La vie a toujours été ainsi, plus elle te donne, plus tu auras à perdre.

Quand on s'approche trop du feu, on finit par être brûlé, j'ai peur que cette tentation diabolique me perde en route. Moi qui n'a jamais donné de l'importance aux choses, matérielles et immatérielles, j'ai peur de finir par déchirer les ailes de cet ange que l'on m'offre.

Cela fait trois semaines que nous nous voyons un jour sur deux la jeune femme et moi, j'ai appris après le troisième rendez-vous qu'elle s'appelait Anna. Quant à elle, elle ne connaît toujours pas mon prénom. Elle a finit par céder l'autre jour en me demandant ce que c'est, je n'ai pas répondu, j'aimerais voir jusqu'où elle est prête à aller.

J'ai toujours été un amoureux des sensations fortes, même si ces derniers temps, je suis devenu stérile vis-à-vis de mes sentiments. C'est comme si je forçais les choses avec elle, j'ai peur de consumer mon cœur dans le feu de la passion et avec, consumer son âme.

Je la vois ce matin mais j'hésite à y aller, je suis le plus sincère possible avec elle mais j'ai quand même peur de lui mentir. J'ai peur de la blesser, je me sens bien avec elle mais j'ai quand même peur de fuir l'amour une nouvelle fois.

L'humain change au fur et à mesure qu'il apprend cependant, il y a des choses qu'on ne peut changer, des habitudes qu'on ne peut transgresser. Pour monter au septième ciel, à moins d'être un ange ou Dieu lui même, on doit forcément passer par Terre. Il en va de même pour tout autre choses, pour être au plus haut, il faut être au plus bas, à moins d'avoir une cuillère en argent dans sa bouche.

Je me décide finalement à m'habiller, je sors de mon petit appart, nous avons rendez-vous à ma cafétéria préférée. Ce n'est pas encore l'heure, j'en profite pour passer la prendre chez elle.

Je suis en bas de son immeuble, j'attends qu'elle sorte, elle descend après cinq minutes. Je suis de l'autre côté de la rue, elle ne me voit pas. Elle prend la direction de mon quartier, je la suis. Sa démarche est à la fois timide et décidée. Elle ne regarde que devant elle et malgré son charme fou, Anna n'attire aucun regard malversé.

Après une dizaine de minutes, je me rends compte que je ne regarde qu'elle au milieu d'une centaine de personnes, j'ai l'air d'un pervers.

Elle rentre dans la cafétéria, elle se retourne et sourit en me voyant. On s'assoit dans ma table d'habitude.

-Je t'ai suivis depuis chez toi, lui avoue-je immédiatement.

Elle est surprise, je peux apercevoir une ombre de peur planer au dessus d'elle.

-Tu dégages quelque chose que je ne peux expliquer, enchaîne-je. Tout le long de la route, je ne pouvais ôter mon regard de toi.