10. Libération.

81 1 0
                                    

À chaque problème, après réflexion, sa solution. J'arrête un instant de voir la vie comme un problème à résoudre, j'essaie d'entrevoir l'espoir à chaque recoins.

Je n'aurais jamais cru trouver une raison de vivre en une personne, son sourire me fait vibrer.

Je sors de ma poche mon briquet aussi ancien que mon envie incessante de cigarette, je lui tend celui-ci.

-Jette le, dis-je. Garde le si tu veux mais ne me le redonne plus jamais.

Elle le prend sans me demander la raison et le met immédiatement dans son petit sac.

Nous avons marché pendant presque une heure, nous avons parlé, de tout et de rien, nous avons rit de nos anecdotes délirantes ou même celle qui était triste.

Le ton de sa voix changeait à chaque fois, je distinguais assez clairement ce qu'elle ressentait à chaque mot qu'elle disait. En à peine deux heures, j'ai comme le sentiment de la connaître depuis des années. Sa voix était chaleureuse et parfois froide quand on abordait un sujet délicat à propos de son passé, son ex-fiancé et la manière avec laquelle il la traitait. Elle m'a avoué avoir été heureuse et amoureuse il y a peu de temps et qu'elle est en train de faire tout son possible pour l'oublier. Son enfance passée en Russie, son père strict, toutes ses peines, ses instants de pur bonheur, ses peurs et ses envies, cette femme est l'inspiration personnifiée.

-On arrive chez moi, dit-elle.

Je lève la tête, nous sommes en bas de l'immeuble ou l'affiche était collé.

Elle m'adresse un sourire, je m'approche d'elle pour lui faire la bise tout en essayant de retenir mon corps d'embrasser ses lèvres pulpeuses et, avec elles, son âme entière.

Elle me prend dans ses bras, collant sa tête sur mon torse et chuchote.

-Tout ira bien.

Je souris en entendant ses mots et la prend dans mes bras à mon tour.

Nous sommes restés collé l'un contre l'autre une bonne minute, aucun de nous ne voulait lâcher prise mais il le fallait.

-Bonne soirée, lui dis-je à voix basse.

Elle s'éloigne de moi, me fait le plus merveilleux sourire que j'ai pu voir de ma vie et rentre dans son immeuble.

Je marche à pas de course en direction de mon appartement, je ressens la fougue me monter à la tête. J'étais un cadavre ambulant, aujourd'hui, maintenant, je suis l'homme le plus heureux sur terre.

J'arrive dans mon quartier, je ne crois pas avoir envie de rentrer, ma cafétéria préférée et à la prochaine à droite, je m'y dirige.

Je m'assois à la table dans le coin au fond, commande un café, sors mon petit carnet et un stylo et commence à écrire, à déverser mes maux.

"Parfois, changer n'est pas une obligation, il se pourrait que l'idée d'avoir besoin de changer est celle qui doit être changée. Nous sommes ce que nous sommes et ce, malgré les monstres que nous sommes, aux dépends du bonheur, la tristesse est parfois éveillante et bienveillante.

Les étoiles dans mes yeux se perdent dans le noir, aussi ténébreux qu'une nuit sombre d'hiver. Un cœur de plus en plus stérile, une âme qui touche le fond et très bientôt, la stratosphère.

Le temps se figeait à chaque cigarette que je consommais, à présent, à chaque mot que j'écris. La nécessité est la mère de l'invention et par le besoin de m'égarer, j'ai créé un univers singulier et macabre dans mon propre esprit.

Mes mots sont loin d'être un don divin, mes maux quant à eux sont un prix à payer pour être écrivain. Certes je suis un monstre et je ne m'en cache pas, un monstre au cœur tendre j'étais, un humain  déshumanisé je devins."

Ill MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant