2. Je Vais Me Battre.

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Je prévois de mourir, je prévois de me suicider. Je suis donc tombé si bas ? Le courant d'air joue avec mes nerfs, d'un coup il essaye de me pousser à l'abri et un autre me poussant à mon trépas.

Qu'ai-je fait dans ma vie ? Rien. J'ai vécu jusqu'à maintenant aux dépends de mes soit disant proches, j'ai été un simple témoin de ma propre vie. Les regrets commencent à me consumer, des maux horribles me martèlent. Je sors mon paquet de cigarettes, il ne m'en reste qu'une seule, au bout de celle-ci, je déciderai de mon sort.
La première bouffée me dit de sauter, la deuxième quant à elle, m'hurle d'arrêter. La troisième me chuchote, encore et encore "Saute, tu n'as rien à perdre." La quatrième, la cinquième me répète la même chose, la sixième, septième.. Et puis vient la dernière :"Tu n'es pas faible, tu as tant de choses à faire, à voir. Tu dois te relever, ce n'est qu'une mauvaise passe, tu as connu pire."
Pire. Qu'est-ce que j'ai vécu de pire ? Ma première chute à vélo, mon bras cassé, les douleurs brutes que je supportais la nuit. La mort de mon meilleur ami, la seule personne que j'arrivais à accepter. Je n'avais que seize ans ce jour là, ce jour où le pire est arrivé, quand ce satané chauffard l'a percuté. Oui j'ai connu pire, c'est même pour cela que j'en suis arrivé à ceci.

Je me mets debout sur la rampe qui me sépare de ma fin imminente, mon destin est de mourir ainsi mais qu'arrivera-t-il si je le défis ? Tout sauf la mort je présume. Nous allons tous périr, cependant, ce n'est pas à nous d'en choisir la façon.
Je ne sauterai pas, j'aime trop ma vie pour m'en résoudre à ça. Je ne sauterai pas.

Je descends de la rampe, il me faut me défouler, extérioriser ces sentiments refoulés. Je décide alors de courir jusqu'à mon appartement, une course effrénée se lance. Je pourchasse mon ombre à présent, sous l'éclat de la lune aveuglant. Plus J'accelère, mieux je distingue mes battements de coeur, de plus en plus rapide, de plus en plus fréquents. Je slalome entre les voitures garés par-ci par là, les rues sont désertes, je me sens seul au monde, j'accelère encore. La fatigue commence à me gagner, sans doute à cause de ma consommation excessive de clopes.

Je suis presque arrivé. Un point de côté me poignarde le bas des côtes, des crampes crispent l'arrière de mes cuisses. Je n'ai pas couru depuis une éternité, j'ai même oublié tout le bien qu'elle fournit.
Je suis devant la porte de mon immeuble de quatres étages, j'habite au troisième. Je me mords l'intérieur des lèvres, je monterai en courant. Mes courbatures alarment tout mon corps mais je dois me dépasser. Je grimpe alors les escaliers deux par deux, la montée me paraît durer longtemps, trop longtemps, certainement à cause de la fatigue qui m'étouffe presque. Enfin arrivé, je sors les clefs de ma poche et essaye tant bien que mal à les rentrer dans la serrure, mes mains tremblantes m'empêchent de bien faire. J'y arrive à la troisième reprise, je pénètre alors dans mon appart de quatres pièces, décoré juste assez pour sembler chaleureux à l'homme sans coeur que je suis. Je me dirige vers ma chambre, je ne prends même pas la peine de prendre une douche, je suis trop exténué. Je me jette sur mon lit douillet et pense, repense à ma vie. Je peux faire mieux, je dois faire mieux.

Je me laisse à présent sombrer dans un sommeil que je pense bien mérité. Une rude épreuve m'attend, je vais devoir changer.

********

Le réveil est intense, il est dix heure passé. Je me force à mes lever, je m'assois alors sur le bord du lit, mes courbatures ne cessent de me rappeler leur présence. Par où vais-je devoir commencer ? "Par prendre une douche." me dit une voix intérieur. J'acquiesce.

Je ôte mes habilles et actionne le robinet de la douche, je fais en sorte que l'eau ne soit ni trop chaude ni pas assez.

Après m'être lavé, je me sens revivre. Je me prépare le petit déjeuner, rien de spécial, une tasse de café accompagné d'une aspirine pour arrêter mon mal de tête et un toast au beurre pour atténuer ma faim, je dois économiser. Je me pose sur mon balcon et prends mon temps, je n'ai rien à faire de la journée. Cet homme semi ivre rentrant certainement d'une soirée, dieu merci je ne bois pas, je ne veux en aucun cas ressembler à ça. Cet autre homme en costume qui court derrière un taxi, sans doute car il est en retard pour un rendez-vous, pourquoi ne pas t'être levé plus tôt abruti. Les gens sont si idiots,parfois j'apprécie être chômeur à nouveau.

"Tu es idiot." crie la même voix de tout à l'heure. Ma raison ne va donc pas me lâcher ? Je me sens fou à l'écouter. Et voilà cette femme en tailleur qui trimballe les courses comme à chaque fois car son mari est un peu trop occupé soit disant. "Il se tape sa secrétaire." J'allais hurler mais la brise froide m'en dissous. Je me dépêche de rentrer faisant tomber la tasse de café, ce qui est étonnant c'est qu'elle ne s'est pas cassée.

Je m'habille rapidement et sors de chez moi en direction du premier tabac du quartier. Arrivé, j'y entre pour acheter un paquet de clopes. J'ouvre celui-ci sans tarder et en sors une cigarette que je met instinctivement sur les lèvres. La première bouffée résonne dans tout mon être, je suis addict à la nicotine. Je dois arrêter de fumer, ça sera la première étape de ma réinsertion.

Ill MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant