8.Acquis.

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Mon monde semble être bouleversé, il a suffit d'un regard pour me tourmenter. Depuis quelques jours, je n'arrête pas d'y penser, à cette créature imaginaire que j'ai aperçu. Depuis ce jour où j'ai plongé dans ses yeux bleus, je m'y suis noyé.

Mes journées ne sont plus aussi routinières, je les passe à me trotter l'esprit. À chaque fois que je croise la route d'une femme, je ne peux m'empêcher de la dévisager, recherchant cette drogue dont je suis devenu accro. Je veux la revoir, je veux replonger dans cet océan de beauté.

Mes nuits sont agitées, pleines de crispation naissantes de joie ou de mélancolie. Mon manque de nicotine s'affaiblit, laissant place au manque désobligeant de cette entité. Un rêve cauchemardesque me poignarde dans mon sommeil, à chaque fois que je ferme les yeux, je revois ses traits s'altérer. Le fait que son visage s'efface peu à peu de ma mémoire me tourmente, serait-ce déplacé de dire que j'ai besoin d'elle sans même lui avoir parler ? Je me demande si c'était seulement une attirance physique sans plus.

J'arrête de débattre avec mon esprit, je m'enflamme pour un rien. Ce n'est qu'une personne parmi tant d'autres, sublime certes mais sa beauté ne peut  refléter sa pensée.

Je me lève de mon canapé, il m'a porté assez longtemps. Il est 18h, l'heure où je sors comme à mon habitude. Je m'habille d'un jean simple et d'un t-shirt noir, je mets mes chaussures et ma veste en cuir passant le pas de la porte.

Je marche, la même route mais pas les mêmes habitudes. Ce manque absurde m'écrase, je sens à chaque seconde mes pas me guider vers chaque vendeur de tabac à portée de vue. Je me bats.

Je m'engouffre dans une décadence sentimentale, peut-être même existentielle.

Les gens sortent de leur travail, d'autres vont en soirée. Je décide alors de m'évader. Je m'engouffre dans des ruelles sombres, à l'image de mon esprit sordide et défectueux. Je marche sans pour autant marcher, pas après pas je me retrouve en bas de ce bâtiment. Là où mon espoir s'est déchaîné, là où ma lanterne s'est allumée.

Avant de continuer mon quotidien, je m'arrête une dizaine de minutes. Espérant mon espoir perdu, attendant ma seconde chance descendre les escaliers. Il n'en est rien, je m'en vais, haïssant le malheur pour m'avoir frapper.

Mes pas sont lourds, mon champ de vision s'affaiblit. Ma concentration est à son paroxysme, je sens ma tête à la limite d'exploser.

Et là vient la rébellion, mon esprit trouve ce qui pourrait l'intéresser.

Qu'est-ce que c'est ? Qui est-ce ? Qui est cette créature ? Un ange ? Un démon ? Il me faut en avoir le coeur net, je décide alors de l'aborder. Plus je m'approche, plus sa beauté se decuple.
Il reste cinqs mètres, l'hésitation commence à me ronger, et si elle ne m'acceptait pas, et si je n'étais pas à son goût. Je fais taire cette voix qui m'accablait, dans le pire des cas elle me dira non. Je ne perd rien, si ce n'est qu'un peu de fierté, mais aux yeux de qui ? Une parfaite inconnue.
Plus que deux mètres, et si en fin de compte, sa beauté n'était pas égale à son caractère, et si en lui parlant je me rends compte de son immaturité. Je verrai le moment venu.
Je ne le savais pas mais depuis le début, je marchais au pas de course, je suis plus ou moins essoufflé.
Tout s'arrête, ou plutôt tout se déroule au ralenti, plus qu'un mètre. J'arrive à présent à la détailler, ses cheveux brun ondulés, son regard peint en noir nébuleux, sa bouche à la couleur des fraises fraîchement cueillis. Elle n'est ni petite ni grande, ni trop grosse ni trop mince, le juste milieu, parfait qui plus est. Son allure à la fois froide et chaleureuse m'attire dans mes plus folles suppositions. J'entrevois un amour des plus fous se déclarer, une vie merveilleusement garnie d'une passion infinie, une passion plus belle que la vie elle même.
Plus qu'un pas, je ne sais toujours pas quoi dire, dois-je être romantique ? Et si elle n'est pas fan d'une vie à l'eau de rose, je dois donc être directe mais là, la crainte qu'elle soit une adepte du romantisme me vient. Je verrai le moment venu cependant, ce moment est là.
Je me tiens devant elle et elle devant moi, j'essaye de voir son premier ressentiment, une brise de surprise traverse son regard sibyllin. Je dois dire quelque chose, n'importe quoi, pour enfin éteindre cette stupeur qui s'accroît.

-Crois-tu au coup de foudre ?

-Non je n'y crois pas.

Ma perception du futur est ébranlée, tout mes espoirs s'évaporent. Je conjure mon entrée frivole. J'allais me mettre à expliquer ma présence, le pourquoi du comment je lui parle là maintenant mais elle me coupe net dans ma lancée.

-Je crois plutôt au destin, je crois que toi et moi, sommes nés pour se rencontrer.

Ill MindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant