Les roses sont rouges et les violettes sont bleues

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Ce n'est pas facile d'être gay. Parce qu'au début, tout va bien, puis vous rendez compte qu'il y a un truc qui cloche chez vous. Seulement vous ne savez pas quoi. Puis vous vous rendez compte que vous préférez les personnes du même sexe que vous. Alors vous commencez à avoir peur. Peur du regard des autres, de ce qu'on pensera de vous. Alors vous vous dites, « tache d'être normal. » Et c'est ce que vous faites. Vous vous cachez, et ce n'est pas facile. Parce qu'à force de faire semblant une partie de vous s'efface. Thomas a connu tout ça. Seulement, il a décidé d'agir avant qu'il ne soit trop tard. Il a arrêté de se voiler la face et a avoué la vérité à ses proches. Heureusement pour lui, tout le monde l'a bien pris. Mais ce n'est pas pareil dans toutes les familles. Certains sont rejetés à cause de leur orientation sexuelle. C'est stupide, me diriez-vous, et bien je vous répondrais que c'est la triste réalité.

Même une fois son secret dévoilé, la vie de Thomas n'était pas toujours rose. Certains n'aimaient pas sa nature. D'autres personnes gays lui en voulaient, car lui réussissait à assumer et pas eux. Et d'autres personnes, sans être homophobes, agissaient de manière différente avec lui. Pourquoi ? Parce qu'il aimait les garçons. Cette phrase est presque risible. Pourtant, Thomas se la reçoit en pleine tête au quotidien. Parce qu'il aime les garçons. Contre vents et marées, il aime les garçons. On pourrait la répéter encore et encore cette phrase, parce qu'à chaque fois, elle colle à la situation.

La vie est ainsi faite, les roses sont rouges, les violettes sont bleues et Thomas aime les garçons.



Une fois habillé, Thomas se plaça face à son miroir. Il observa ses cheveux blonds et ses yeux bleus puis se détourna. Il n'avait pas envie de sourire aujourd'hui. La journée le fatiguait avant de l'avoir vécue. Il sortit lacement de chez lui après avoir glissé un au revoir à sa mère. Son père, en haut, dormait encore. Il claqua un peu plus violemment qu'il ne l'aurait fallu la porte et se mit en route. Arrivé au niveau du lycée, il ne tarda pas à retrouver Maya. Ils parlaient quand leurs yeux se dirigèrent inconsciemment vers le nombril du lycée : Donovan. Il était aujourd'hui le sujet de toutes les conversations, car il venait d'arriver au lycée avec un percing accroché à une narine. Alors évidemment, ça faisait jaser.

- Regarde-le, comme il arbore fièrement son anneau. Dit Maya d'un ton moqueur.

Seulement Thomas voyait la manière dont elle le regardait, et la façon dont elle le cachait. Elle le dévorait des yeux comme si Donovan était le plat le plus délicieux qui puisse exister sur Terre. Et quand il lui parlait, elle s'entourait d'indifférence pour dissimuler ses sentiments. Il la connaissait par cœur. Il voyait le léger rouge sur ses joues, et le mouvement gêné de ses mains. Il pouvait deviner sous son pull son cœur qui s'emballait. Il remarquait dans son sourire cette envie d'être aimée.

Il réprima une envie de soupirer. « Ça craint. » songea-t-il. Parce que lui aussi trouvait que Donovan était une créature fascinante. Quant Thomas posait les yeux sur lui, des poèmes tourbillonnaient dans son esprit. Le regarder c'était avoir des oiseaux qui chantent dans son esprit. Voilà l'effet qu'il lui faisait. L'effet d'un doux anéantissement, d'une destruction créatrice, d'un écho de battement de cœur incessant. Un sentiment d'une netteté floue.

Il était amoureux.



Thomas regarda le papier niché au fond de sa paume, le froissa, le relut, puis le re-froissa.

Ca fait longtemps que je te regarde. Longtemps que je t'aime. Vraiment, vraiment, vraiment beaucoup.

Pauline.

Quel malaise. La jeune fille lui avait glissé ce mot en cours de maths. Mal à l'aise, il lui avait bafouillé qu'il n'était pas intéressé, puis avait ajouté négligemment « pas par les filles ». Il fourra le petit bout de cœur qu'on lui avait offert dans sa poche. Il était gênée de l'amour qu'une fille pouvait lui porter. Il espérait ne pas l'avoir déçue. Cela faisait peu de temps qu'il était sorti du lycée, et il marchait tranquillement dans la rue, quand deux mains le poussèrent. Ses genoux puis ses mains heurtèrent le sol. Il se releva et on lui assainit un nouveau coup. Il n'eut pas le temps de voir qui était son agresseur qu'il tomba à nouveau.

- Pauline est à moi, sale pédé ! cracha un garçon.

- T'as fait souffrir ma sœur, p'tite pédale. Elle pleure à cause de toi. Ajouta un autre.

Il reçut un coup de pied dans le ventre est poussa un cri de douleur.

- Tu cris vraiment comme une tapette. Fit le premier.

On le frappa à nouveau.

- Désolé. S'excusa Thomas dans un souffle.

- Ca ne suffit pas fillette. Fit le second.

Il le saisit brusquement par le col, le releva et le plaqua contre le mur. Il lui donna un coup de poing en pleine mâchoire. Thomas serra les dents et lui jeta un regard noir. Après un dernier coup, les trois garçons le laissèrent seule. Parce qu'en réalité ils étaient trois, deux qui frappaient et un qui assistait à la scène. Et parmi les trois dos qui s'éloignaient de lui, il en aperçut un qu'il reconnaitrait entre mille : celui de Donovan.




Les yeux fermésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant