Il rentra dans un bar, but un verre, frappa quelques figures au hasard, mais impossible de le soulager par un quelconque moyen. L'histoire était finie avant même d'avoir commencé. Le moment fatidique où Donovan foutait tout en l'air était arrivé. Il s'appuya sur le bar, comme si ce meuble était la seule chose qui le maintenait debout au monde. Il aperçut son reflet au fond de son verre. Il y vit un lâche, un faible, un raté. Un fils qui ferait honte à son père s'il était encore au monde.
- Qu'est-ce qui ne va pas avec toi petit ? lui demanda un homme d'un ton alcoolisé.
- J'en sais rien.
Pourquoi n'arrivait-il pas être lui-même ? Pourquoi agissait-il à l'encontre de ses sentiments ? Il savait qu'il n'aimait pas Maya. Il savait pertinemment qu'elle avait des sentiments pour lui. Il l'avait embrassé pour se prouver qu'il en était capable. Qu'il était un vrai homme, comme son père l'aurait voulu. Il ne voulait blesser personne. Tout ce qu'il voulait, c'était être un garçon comme il faut. Mais visiblement, ce n'était pas fait pour lui. Alors que fera-t-il, demain, quand il se trouvera face à Maya ? Et bien il deviendra froid, agressif, méchant, insensible. La parfaite armure.
Oh, Thomas et Maya prendront leurs jambes à leur cou quand ils découvriront qui il était vraiment.
C'était là, juste devant elle. Cet affreux désastre, ses espoirs tombés de haut. Son cœur qui voltige et son souffle qui se coupe, tout ça réuni en une seule personne : Donovan. Il valait mieux ne pas lui demander d'explications, et arrêter de lui parler. Ce garçon était toxique. Elle prit une inspiration, enfonça ses mains dans ses poches et passa devant lui sans lui adresser un regard. Elle se sentait si blessée par son acte. L'amour se consomme et se consume ; le feu de la passion était éteint et elle était brûlée à vif.
Thomas était assis dans les gradins, observant distraitement Maya qui courait sur le terrain. Il l'avait trouvé un peu spéciale aujourd'hui, pas dans son assiette, mais elle n'avait rien voulu lui dire. Donovan apparut, et s'assit à côté de lui. Il avait un air implorant au visage, et aucun rictus était accroché à ses lèvres.
- S'il te plait, dis à Maya que je m'excuse.
Thomas fronça les sourcils. Que s'était-il encore passer entre les deux. Il n'avait été mis au courant de rien.
- Pourquoi tu ne lui dis pas toi-même ?
- Je pense qu'elle ne veut plus me voir. Répondit-il d'un ton neutre.
- Qu'est-ce que tu as fait encore ? demanda-t-il en cachant au maximum son exaspération.
- Une bêtise.
On aurait dit un enfant.
- Oh je vois, et tu comptes agir comme d'habitude. Déclara-t-il avec une pointe de sécheresse.
- Comment ça ?
- Tu vas te défiler.
- Pas du tout ! Comment peux-tu dire des choses pareilles ? s'exclama-t-il en haussant le ton.
- Parce que c'est toujours la même chose Donovan ! Tu fais du mal au gens et tu reviens avec tes minables excuses comme une fleur ! s'énerva-t-il.
Le garçon parut pris au dépourvu.
- Dans quel camp tu es ? Tu n'as même pas écouté ma version des faits ! s'indigna-t-il.
Il avait tout à fait vrai. Mais il n'avait pas entendu la version de Maya non plus.
- Et alors ? Je dois te rappeler ce que tu m'as fait ?
- Je pensais que tu m'avais pardonné ! Tu n'as pas le droit de remettre ça sur la table, comme ça, d'un coup !
- Ah oui, c'est ce que tu crois ? Et de quel droit tu te comportes comme ça avec nous, hein ? Tu te fous de notre gueule, voilà ce que tu fais !
- Tu sais très bien que c'est faux ! cria Donovan.
Ils s'envoyèrent tous deux des éclairs du regard.
- Tu ne peux pas continuer de jouer comme ça toute ta vie. Si tu crois que le fait que tu sois un peu perdu justifie tes erreurs, tu te trompes !
- Comment tu peux me juger ? Tu ne sais pas ce que j'endure au quotidien !
- Mais tout le monde à des problèmes ! Mais tu es tellement obnubilé par ton nombril que tu ne t'en rends même pas compte ! Oui, on a tous des problèmes. Oui, ça nous arrive de nous sentir profondément malheureux. Mais les gens se relèvent. Et il serait temps que tu fasses de même. Mais visiblement, tu préfères blesser ce qui veulent t'aider plutôt que te remettre debout.
Donovan ouvrit la bouche mais sa phrase resta en suspens. Il serra les poings et laissa un grognement de rage s'échapper de sa bouche.
- J'en ai marre de vous ! J'en ai marre que vous me retourniez la tête ! hurla-t-il.
Puis il fit demi-tour et partit, tête baissée, sourcils froncés, pensées en vrac.
Il était le feu, elle était la pluie, Thomas était le vent, et leurs chemins étaient faits pour se croiser puis se séparer.
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Les yeux fermés
Teen FictionMaya a les yeux fermés mais le cœur grand ouvert, parce que, de toute façon, l'amour est invisible.