Vérité

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Les paroles de Thomas raisonnaient inlassablement dans l'esprit de Donovan. Il n'en pouvait plus. Plus d'être lui, plus d'être si en colère, plus d'être remplie de tristesse. Il n'en pouvait plus de fuir les poings serrés, il n'en pouvait plus des battement effrénés et incontrôlables de son cœur. Il n'en pouvait plus du goût amer que laissaient ses larmes qu'ils ravalaient. Il n'en pouvait plus de jouer un rôle, de porter un déguisement qui n'était pas à sa taille.

- Alors c'est ça que tu préfères ? Fuir encore une fois ! cria Thomas, des larmes de rage au coin des yeux.

Donovan se stoppa. S'il se retournait, il ne pourrait plus revenir en arrière. Que faire ? Marcher tout droit, et continuer sa route tranquille en solitaire ? Ou se retourner, marcher sur ce sol tapissé de verre brisé pour retrouver Thomas ? Retrouver Maya, et retrouver Donovan, le vrai, celui qu'il avait enfouie au fond de lui, caché derrière un masque. Il serra plus fort ses poings, faisant blanchir les jointures de ses mains. Et doucement, prudemment, il se retourna. Il regarda Thomas, et alors, il se mit à courir. Courir vers lui. Courir loin des mensonges et des peurs. Courir pour ne pas regarder derrière son épaule. Courir pour ne pas s'arrêter en chemin, comme il l'avait fait si souvent.

Arrivé au niveau de Thomas, il se stoppa à peine dans sa course. Ca y est, Donovan avait trouvé son rythme, son tempo, et personne ne pouvait plus l'arrêter. Peut-être que plus tard, il regretterait son acte, mais pour l'instant, il s'en moquait.

Il posa sa main derrière la nuque de Thomas, rapprocha son visage du sien, et posa ses lèvres contre les siennes. Leur baiser avait un goût de vérité et de révélation. Il réalisa à quel point ça faisait longtemps qu'il avait envie de l'embrasser.

- Oh.

C'était tout ce qu'avait pu dire Maya. Oh. Elle avait aperçu Thomas dans les gradins alors elle était montée le rejoindre. Voilà sur quoi elle était tombée. Un spectacle qui lui fendit le cœur. Elle aurait presque pu entendre le craquement de son âme qui s'était brisée. Elle fit rapidement demi-tour et descendit les escaliers des gradins en courant. Les larmes qu'elle avait aux yeux se mirent à couler. C'était trop. Elle se mit à courir pour éviter qu'on la rattrape. Elle courut encore et encore, les larmes dévalant sur ses joues et son cœur cognant contre sa poitrine. Elle finit par se trouver face à un mur et faillit s'écraser dessus. Elle s'arrêta, appuya ses avant-bras contre le mur de brique, et tête baissée, elle pleura tout son saoul. C'était pathétique, mais il fallait que ça sorte. Pourquoi Donovan l'embrassait-il pour embrasser Thomas le lendemain ? Et pourquoi Thomas, son meilleur-ami, se laissait-il faire ? Pourquoi tout allait de travers ? C'était quoi, leur problème ? Elle ne comprenait plus rien. Tout n'était que désillusion. L'image de l'amitié qu'elle s'était construite venait de se déchirer. Le monde dégringolait sous ses pieds. Elle venait de se faire aspirer dans un tourbillon de sentiments, et celui-ci était en train de l'engloutir, doucement mais sûrement. Elle entendit des pas derrière elle. Non, elle ne voulait pas qu'on lui parle. Elle ne voulait pas entendre d'hypocrites excuses. Elle voulait juste qu'on la laisse seule pour réfléchir et pleurer tranquillement. Tout ce qu'elle voulait, c'était avoir la paix. Donovan posa tendrement sa main sur son épaule, n'osant pas être plus tactile. Ça lui faisait mal de la voir pleurer comme ça. C'était douloureux de savoir que c'était lui, l'origine de ses larmes.

- Je suis vraiment désolé. Dit-il d'un ton coupable.

Elle arrêta un peu de sangloter.

- Crois-moi, te rendre malheureuse était la dernière chose que je voulais faire.

Elle s'éloigna du mur, se redressa et se tourna vers lui. Ses larmes continuaient de couler. Donovan aurait voulu les écraser d'un coup de pouce, mais il savait qu'il n'était pas permis de faire ça. Pas après ce qu'il avait fait.

- Maintenant, Maya, je dois te dire la vérité.


Les yeux fermésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant