Lessive

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Mais cette fois, il n'y avait plus ma mère pour me protéger et seule ma vie était en jeu.

Je me réveillais, et me levais comme un matin comme les autres. Tout me paraissait normal, je descendis l'escalier et entra dans la cuisine, il y avait une assiette sur la table. Je me souvins que la veille j'avais accueilli deux personnes. Ça faisait bizarre, de se dire qu'a présent je ne vivais plus seule. Enfin, pour combien de temps? Rick fût le second à se lever. Il vint me voir et me demanda s'il pouvait manger quelque chose, je lui dit de se servir dans les conserves. Cette fois si il m'avait demandé avec une formule de politesse, un "s'il te plait". Il devient un peut plus poli. Je pense que si je reste avec eux, avec le temps il deviendra moins froid. Enfin j'espère. Carl descendis quinze minutes plus tard. Mais je n'avais échangé aucun mot avec Rick. Il nous salua et pris la conserve que son père avait ouvert : des fruits au sirop. Tandis que Rick avait fait la grimace en ouvrant la boîte, Carl avait esquissé un sourire. Le moins que l'on puisse dire, c'était que Carl était moins "coincé" que son père, il était plus confiant et sympathique.

- Je vais aller en ville. Voir si on peut récupérer des médicaments et d'autres choses utiles. Carl doit rester ici, ou du moins ne pas trop marcher, il ne faut pas que sa blessure s'aggrave.

J'acquiesça et Carl fit de même. Une fois mon bol terminé, je montais dans ma chambre pour me changer. Je pris mes affaires sales et les serviettes qui avaient servi à essuyer le sang de Carl et je les descendis. Une fois en bas, je m'aperçut que Rick était déjà parti. J'allais être seule avec Carl. Ce serait l'occasion d'en apprendre un peu plus sur lui.

- Je vais aller au ruisseau pour laver des affaires. Tu en as à nettoyer?

- Oui, un peu, je peux t'accompagner?

- Ton père a dit qu'il ne fallait pas que tu marches trop.

- C'est loin?

- Non, une centaine de mètres ou deux.

- Alors je viens.

Carl partit chercher ses vêtements. Il avait cette volonté de se rendre utile et d'aider, il était serviable. En fin de compte, il avait tout pour plaire. Et je me repris, une fois de plus à penser à lui. Je ne voulais pas tomber amoureuse. Mais vous voyez, ce sont le genre de choses qu'on ne contrôle pas. Une fois descendu, nous nous mirent en route pour le ruisseau, qui se situait à deux-cent mètres de la maison. Nous ne dîmes rien pendant le trajet. Nous nous installâmes et commençâmes à laver le linge. Carl ouvrit la discussion :

- Tu te rappelles quand tu m'as dit que tu avais rencontré des personnes après l'épidémie, tu as as dit qu'elles t'avaient abandonnée, ça c'est passé comment?

Ce qui s'était passé était assez compliqué, et triste. C'était plutôt long, mais comme on avait du temps devant nous, je décidait de lui raconter.

- Oui je me rappelle. Avec ma mère on allait en ville pour trouver des médicaments, et on est tombées sur deux vivants, ils étaient perdus, on les a donc conduit chez nous, ils étaient très sympas. C'était une mère et son fils, de mon âge. Ils sont restés plusieurs mois chez nous, le fils était très sympa, je suis tombée amoureuse et lui aussi. Avec ma mère on avait deux ou trois fusils et des munitions, on les prenait avec nous quand on allait en ville tout les quatre, juste au cas où. Un jour on a dû retourner en ville, on était dans une ruelle et un rôdeur à surgit de nulle part, il a mordu ma mère au bras, je l'ai abattu d'un coup de couteau dans le crâne, ma mère tenait son bras, en état de choc, elle n'avait pas mal, mais... elle savait qu'à cause de ça elle allait mourrir. La mère et le fils la regardaient, aussi choqués, ils se sont regardés et on commencés à reculer. Malgré les liens qu'on avait noués, ils ont pris les armes et m'ont laissée seule avec ma mère. Je ne les ai plus jamais revu. On est rentrée chez nous. Elle savait que j'allais devoir me débrouiller seule, alors elle m'a appris ses notions de médecine, comment tirer... Ça c'était les deux premiers jours. Après, sa fièvre a commencé à monter, elle avait des hallucinations. Dans ses moments de lucidité elle me disait qu'elle m'aimait, que je devais vivre, au moins pour voir le monde revenir à lui-même. Ma mère pensait qu'il redeviendrait comme avant. Après sept jours de fièvre, elle est morte, j'étais près d'elle, j'ai dû lui planter mon couteau dans la tête. Ma mère... C'est moi qui... Qui l'ai tué...

Mon histoire était terminée. Carl m'avait écoutée tout du long. Sans rien dire. Il m'avait fixé du regard. Une fois que j'avais eu fini de parler, sans bruit, de grosses larmes se mirent à couler, tombant sur le linge mouillé que je lavais.

- Je suis désolé. J'aurais pas dû te demander de me raconter ça.

- C'est pas grave tu pouvais pas savoir. J'espère juste que vous, vous ne m'abandonnerez pas comme ils l'ont fait.

Carl me regardait. Il avait l'air perdu dans ses pensées. Je voyais qu'il était sincère. Puis après quelques minutes de réflexion, il parla.

- On ne ferais jamais ça. Même si tu te faisais mordre, on ne te laisserais pas comme ça. C'est cruel et sadique.

J'avais vu dans ses yeux. Il était choqué par ce que ces deux personnes m'avaient fait. Il est vrai qu'elles avaient été horribles avec ma mère et moi. Et je me suis juré, que si je les retrouvais, elle passerais un sale moment, et je leur ferais comprendre qu'on ne laisse personne comme ça, ou c'est ce qui leur arriverait. D'un mouvement doux, Carl me prit dans les bras. Depuis ma mère, morte, je n'avais pris personne dans mes bras. Je restais raide, les bras le long du corps, les yeux grands ouverts. C'est alors que j'aperçût, à à peine cinquante mètres, un rôdeur. Elle était jeune. Malgré qu'elle était loin, et abîmée, son visage m'était presque familier. Je poussais Carl. Et je criai son nom.

- Carl!

Il eut un sursaut et se détacha, je me mit debout et attrapa le couteau qui était dans ma poche, je laissait le rôdeur s'approcher. J'étais cloué sur place, pétrifiée. Je regardait les traits déchiquetés de son visage, ses vêtements en lambeau. Malgré son état avancé de décomposition, j'étais sûre que je la connaissait.

Him & IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant