Forêt nocturne

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Il commençait à faire nuit.

Nous entrâmes dans la forêt. Un quart d'heure plus tard il faisait nuit, nous ne pouvions pas prendre le risque de marcher à l'aveugle et de tomber sur un rôdeur. 

- Rick, on devrait s'arrêter, si on croise des rôdeurs il sera difficile de les abattre.

- Tu as raison. On va se reposer, mais on ne peut pas se permettre de dormir.

La nuit était calme. On entendait le vent dans les feuilles, il portait à notre oreille le grognements de quelques rôdeurs, l'hululement de quelques chouettes. La lune éclairait le visage de Rick et le mien. Il regardait droit devant lui, le couteau dans sa main. Je me demandais à quoi pouvait-il bien penser. Peut-être pensait-il à sa femme, à l'enfant qu'il avait perdu, au monde d'autrefois, à Carl. Puis, je me demandais ce que Carl faisait en ce moment. Il devait être inquiet pour son père. J'espérais qu'il n'était pas parti après moi. Puis je me rappelais mes propres souvenirs. Je me remémorais en détail Nick. Pour ne pas oublier son visage. Pour le reconnaître quand je le verrais. Quand je le retrouverais, la première chose que je ferais, ce serait lui mettre mon poing dans sa figure. Nick était le fils de Kathryn. C'était eux, ceux qui m'avaient abandonnés, avec ma mère. Je n'avais pas un fond méchant, et on ne doit souhaiter la mort de personne, mais j'espère qu'elle est morte. Sa mère. Je veux qu'il souffre comme j'ai souffert. Qu'il se retrouve seul, qu'il ai des regrets. Je pensait à tout les scénarios possibles qui pourraient se passer quand je le reverrais. Une fois que j'eus fini d'y penser, je me demandais, comment était leur vies avant. Est-ce qu'ils étaient comme avant, ou était-ce ce monde qui les avait changé? Puis je pensais à Rick, est ce que lui aussi, le monde l'avait changé?

- Rick?

- Hmm?

- C'était comment ta vie avant?

- Avant l'épidémie?

- Oui.

- Je vivais avec Lori et Carl. J'étais shérif. On était heureux. 

Comme d'habitude, Rick restait très évasif. Il ne parlait jamais si on ne le poussait pas à le faire et donnait des réponse courtes et vagues.

- D'accord.

Nous entendîmes un bruit et des grognements, de plus en plus forts et de plus en plus nombreux. Rick eut un sursaut et se leva d'un coup. 

- La horde. Ils se dirigent par ici, on doit y aller.

Bien qu'il faisait nuit, nous nous mirent à courir en direction de la maison. Le plus vite que nous pouvions. Rick me devançait d'au moins deux ou trois mètres. Je n'avait, à mon grand regret, pas beaucoup d'endurance. Je m'efforçait de continuer en pensant aux nombreux rôdeurs derrière moi. En une demi seconde, mon pied se prit dans quelque chose, une branche ou une racine sans doute. Je chutai, au bruit que je fit, une sorte de gémissement rauque à moitié étouffé, Rick se retourna et me vit à terre. En une seconde un tas de questions se bousculèrent dans ma tête, j'allais sans doute voir la vraie nature de Rick, est-ce qu'il allait se retourner pour me rattraper ou me laisser aux rôdeurs pour les ralentir? Il se retourna et se jeta sur moi, me prit le bras d'une poigne de fer et me tira, il se mit à courir et ne me lâcha pas. Malgré le fait que nous soyons en danger, j'étais contente. Contente qu'il se soit retourné, contente de voir qu'il ne me laisserait pas tomber. Ce n'était peut-être qu'un petite chose, mais pour moi, ça signifiait beaucoup.

La route était un raccourci qui coupait la forêt en deux, passer par la forêt était donc beaucoup plus long. Nous avions couru depuis plus d'un quart d'heure, Rick me tenait toujours. Nous n'entendions plus de grognements. La forêt était muette. Rick ralentit, sans pour autant s'arrêter. Il me lâcha le bras et nous continuâmes à marcher.

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