4 : Nateo

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     La petite horloge de poche indique dix huit heures. Cela fait exactement deux jours, huit heures, sept minutes et trente-six secondes qu'un quelconque touriste l'a perdue et cassée au beau milieu d'une rue emplie de boutiques à attrape-nigauds, selon mon estimation.

     Une brise s'élève, légère, sinuant entre les cabanes sur pilotis que l'on aperçoit sur la digue, à quelques dizaines de mètres du village.

     Les marchands démontent paisiblement leurs étals à moitié vides. J'en profite pour chiper les quelques mangues et papayes qui ont roulé sur le sol. Bien que Hina préfère les fruits frais, elle s'en accommodera. Un primeur au teint mate me lance furieusement des marchandises pourries pour me faire fuir. Je me faufile dans une ruelle étroite, passant par dessus la palissade de bois flotté. J'escalade les mêmes dunes de sables qui encerclent les habitations pittoresques où logent Européens et Américains qui croient ici découvrir le bonheur. J'atteins enfin l'épaisse haie de ronces. Je traverse la grotte dissimulée par la végétation dense et rejoins la plage.

     Elle dort encore. La petite hutte est fermée à clef, comme d'ordinaire. M'asseyant à la limite du sable mouillé, je compte les étoiles qui apparaissent les unes après les autres, suivant un rythme établi depuis des millions d'années. Absorbé par mes réflexions, je ne sens même pas le sommeil m'envahir.

Hina et la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant