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D'abord le silence, ensuite les rires incessants des enfants qui passent chaque matin pour se rendre à l'école. Des rires mélodieux et insouciants, des rires qui promettent une magnifique journée pour découvrir le monde. Un monde que nous apprécions tant étant enfant et que nous redoutons une fois adulte. Un monde qui chaque jour un peu plus nous laisse de marbre face à la haine et à la violence. J'aimerais tant retourner en arrière. Je me souviens des matins ou mon père nous emmenait à l'école. À tour de rôle, mes sœurs  et moi-même montions sur son dos. On se sentait comme des princesses. Lorsque j'enroulais mes bras autour du cou de mon père et que je posais ma tête sur son dos pour humer son odeur et le sentir respirer, plus rien ne pouvait m'arriver. Papa, si seulement tu savais ce que ta fille est devenue...Je chasse ces doux souvenir de mon esprit et mes yeux une fois ouverts, prennent beaucoup de temps à s'adapter à la lumière du jour. Je me retourne dans le lit, j'ai l'impression d'avoir les pied gelés. Pourtant nous sommes en hiver et le chauffage est bien en marche. Je sens son souffle sur mon visage et son bras autour de ma taille qui me maintiens fermement. Comme s'il avait peur que je parte. Comme s'il savait au fond de lui que si j'en avais la possibilité, je fuirais sans crier gare et regarder derrière moi. Même endormi, il a toujours se visage dur, cette petite touche d'homme dur et impénétrable. Je pense que c'est cela qui m'a attiré vers lui, le fait qu'il soit si sûr de lui, le fait qu'il me regardait avec tellement de passion. Doucement, je me détache de lui.

Je sors du lit avec difficulté je suis encore marquée par son excès de violence d'hier. Les nombreux coups que reçu s'ajoutent à ceux qui ont déjà été évaporés par mon esprit. Comme s'il ne s'était rien passé. Son mode opératoire est toujours le même. Je me souviens m'être enfermée dans la chambre. Il a toqué à la porte longuement, celle-ci a fini par céder sous sa force. Il m'a attrapée par les cheveux, jetée au sol puis tout a commencé.

Mes mouvements sont contrôlés, je ne veux pas prendre le risque qu'il se réveille. Une fois hors du lit, je tente de faire disparaître les courbatures en m'étirant. Cela ne fait que renforcer la douleur de mes côtés. Je devrai aller consulter pour m'assurer qu'elles ne sont pas trop abîmées. Ma robe de nuit en coton m'arrive jusqu'au cheville. Sur la pointe des pieds je me rends jusqu'à la salle de bain. Sous la douche je ravale mes gémissements de douleur lorsque l'eau chaude coule sur mes cicatrices. Une fois propre, je quitte la salle de bain sans m'arrêter devant le miroir. Mon reflet est devenu mon propre ennemi.

Je descends préparer le petit déjeuner. Je suis tentée de faire preuve d'égoïsme mais encore une fois cela sera perçue comme une provocation et je vais assumer les conséquences de mes actes. Ne pouvant faire face à sa colère, je décide de préparer le petit déjeuner pour tout le monde. La salle à manger se rempli. Je regarde un à un les personnes qui composent cette famille. Tous spectateurs de mon malheur. Tous spectateurs de mon calvaire. Tous silencieux. J'appréhende chaque journée dans cette maison en présence de cette famille qui est également devenue la mienne depuis mon mariage mais dont je me sens totalement exclue.

Comme tout les matins, mon mari est le dernier à s'asseoir à table. Discrètement, je le regarde marcher jusqu'à moi. Tout chez lui inspire le respect et la crainte. Cette démarche assurée me rappelle celle de mon père. C'est comme ça que je suis tombée amoureuse de lui. La petite fille en moi voyait en cet homme une copie de son père. Un homme qui m'aimerait inconditionnellement et qui me protègerait envers et contre tous. Avant de s'installer à mes côtés il dépose un baiser sur ma tête, j'ignore cette marque d'affection. J'ai l'impression que son parfum s'est déposé sur moi. J'ai l'impression que chaque fibre de mon être est attaché à lui. J'ai l'impression de lui appartenir. Il s'installe à mes côtés, je sens son regard se poser sur moi à plusieurs reprises. Je refuse de le laisser gagner, pas aujourd'hui, pas cette fois.

Choisir son mari c'est choisir son avenir-  HindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant