Chapitre II : Transition.

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Penelope était assise sur un siège du métro, son sac déposé sur ses genoux appuyés l'un contre l'autre. Au début, elle ne voulait pas trop s'éloigner de chez le professeur. Mais elle avait fini par céder à la curiosité.
Après tout, combien de fois avait-elle eu la chance de visiter Londres ? Elle n'était venue que quelques fois ; et ces quelques fois, elle n'avait pas eu le temps de visiter la ville car elle avait plus important à faire. Mais ce n'était pas le cas, à présent. Du moins, pas encore... et elle comptait bien en profiter.

Le passager assis en face d'elle, un homme dans la quarantaine, était absorbé dans la lecture d'un journal. 

Penelope n'aimait pas les journaux. Elle détestait leur manière d'exposer les faits, de donner de l'importance aux détails futiles, de couvrir des événements sans intérêt... c'est pour ça qu'elle ne les lisait jamais. Pourtant, cette fois-ci, elle n'arrêtait pas de fixer la face du journal qui lui était exposée. Et ce, pour une bien simple raison. 

Elle avait vu une photo, qui l'avait tout de suite captivée.

L'homme retourna son journal. Sans doute avait-il terminé de le lire, et il ne lui restait plus que la dernière page, celle où se trouvait la photo.

Et Penelope redirigea son regard vers son sac. Elle avait vu la photo, mais n'avait pas pu lire l'article ; en fait, elle n'était même pas sûre de la photo. C'était comme si le journal voulait se venger d'elle car elle l'avait toujours méprisé...

Le métro s'arrêta, et elle se leva. Cela faisait combien de temps qu'elle était partie ? Deux heures ? Trois ? Cela n'avait pas d'importance.

Elle descendit. Et c'est là seulement qu'elle remarqua que le passager qui lisait le journal descendait lui aussi dans cet arrêt. C'était peut-être une chance qu'il ne fallait pas gâcher...

« Excusez-moi, monsieur », l'interpella-t-elle, essayant de son mieux de parler sur un ton poli, ce qui était assez rare.

L'homme se retourna et lui demanda fort aimablement s'il pouvait faire quelque chose pour elle.

« Votre journal... j'aimerais y jeter un coup d'œil, s'il vous plaît. Juste une minute. »

Il répondit par un sourire et un « Bien sûr » avant de lui tendre l'objet qu'elle avait demandé. Elle regarda immédiatement la dernière page, celle qui l'intéressait.

« Cherchez-vous quelque chose de particulier, mon enfant ? », lui demanda-t-il, remarquant son empressement.

Penelope détestait exposer sa vie aux autres, surtout aux inconnus. Elle leva les yeux furtivement et répondit de manière vague.

« On peut le dire comme ça.

-Vous pouvez le garder, lui dit-il, de toute façon j'ai terminé de le lire. »

Elle allait lui expliquer que le journal en soi ne l'intéressait pas du tout, mais il était déjà parti.

Elle reporta son attention sur ce qui l'intéressait. Comme d'habitude, le journal mettait les articles les plus importants à la dernière page, toujours dans un petit coin avec une photo minuscule. Elle chercha son article parmi les dizaines d'autres présents sur la page : un cambriolage insignifiant, une chanteuse ou actrice ou quelque chose du genre portée disparue, l'ouverture d'un nouveau marché quelque part en Angleterre, une vente aux enchères prévue pour le mois prochain...

Tout compte fait, les articles de la dernière page ne valaient pas mieux que les autres.

Elle finit par trouver l'article qu'elle cherchait. Elle regarda encore la photo, de plus près cette fois ; et elle ne s'était pas trompée.

Sur cette illustration, on pouvait voir le grand palais de Vladimir Van Herzen. La photo a dû être prise de l'entrée du jardin, vu l'angle de vue. Juste à côté, on pouvait voir cet inspecteur que le professeur avait rencontré à Folsense. Comment s'appelait-il déjà ? Graham ? Non, Gramond !

Le titre était exactement ce à quoi on devait s'attendre de ce genre d'articles : « UN MEURTRE DIGNE D'UN ROMAN POLICIER »

En sous-titre, on avait ajouté : « L'inspecteur Marc Gramond nous révèle les secrets de cette histoire à nulle autre pareille »

Elle soupira. Elle pouvait s'imaginer le journaliste qui a écrit cet article, fier d'avoir trouvé un titre « captivant ». Tellement captivant que son article n'avait pas pu avoir une meilleure place qu'un petit carré à la dernière page d'un journal pas du tout connu.

Sinon, pour le reste, ce n'était vraiment rien d'intéressant. L'article était même banal ; il n'apportait aucune nouveauté et insistait trop sur le suicide de Katia, comme pour toucher les gens. De plus, il n'évoquait même pas l'histoire des deux kidnappings, et le nom de Layton n'y figurait même pas. Bref, il ne fallait pas s'attendre à mieux d'un journal...

« Ce journaliste est tout de même idiot, songea Lopy, s'il avait seulement parlé du professeur, son article aurait fait un tabac. À moins que Gramond n'ait décidé de cacher la vérité et de s'accaparer tout le succès.»

Mais de toute façon, ça lui était égal. Elle plia le journal et, avec un second soupir, le rangea dans son sac. Elle avait perdu son temps et son énergie pour rien.

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Lorsqu'elle arriva chez le professeur, ce fut Flora qui lui ouvrit la porte. Elle remarqua aussitôt que Luke et Layton étaient dans le salon et qu'ils semblaient très préoccupés par quelque chose.

« Que se passe-t-il ? », demanda-t-elle à son amie.

Les yeux de Flora, grands ouverts, manifestaient une joie extrême.

« Nous avons un nouveau mystère àrésoudre ! »

La Princesse d'AxerikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant