5.Un assassinat risqué

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Le jour J arriva plus vite que prévu, et j'étais fin prêt. J'avais élaboré un plan précis : d'abord, identifier le comte, car il se présenterait sûrement une fois que tous les invités seraient rassemblés. Ensuite, le capturer pour l'emmener à Azzuro, qui tenait à avoir une "petite discussion" avec lui. Pendant ce temps, un sniper se chargerait d'éliminer le majordome et nous tiendrait informés du succès de sa mission. Une voiture l'attendrait non loin pour faciliter sa fuite. Tout semblait parfait, mais... un mauvais pressentiment persistait en moi.

Je m'habillai en noble, adoptant une apparence masculine pour me faire passer pour le cousin d'Azzuro Venere. En arrivant à la demeure de mon employeur, un garde tenta de m'attaquer au corps à corps, mais j'esquivai ses coups avec aisance avant de le mettre à terre. Juste après, l'homme de main que j'avais rencontré précédemment apparut et me salua.

"Mes respects, assassin. Votre déguisement est remarquable, je n'aurais jamais imaginé qu'il soit aussi convaincant. Mais passons, le boss vous attend dans son bureau."

Je le suivis à travers le manoir. Le bâtiment était vaste, mais les murs dépouillés de tableaux donnaient un sentiment de vide oppressant. En entrant dans le bureau d'Azzuro, le contraste était frappant : des tableaux remplissaient l'espace, et au fond, un bureau imposant sur lequel reposait un unique téléphone. Azzuro Venere avait une cicatrice qui traversait son visage, et son costume à rayures marquait sa silhouette. Ces détails étaient les premiers à capter mon attention. Lorsqu'il me remarqua, il lança avec mépris :

"Alors, c'est toi l'assassin dont tout le monde parle ? Tu n'as pas l'air très impressionnant."

Ses paroles firent bouillonner ma colère, et je répliquai sèchement :

"Sachez qu'un bon assassin est celui qui sait se fondre dans la masse. Plus un assassin est compétent, moins il a besoin de force pour tuer."

Il resta un instant surpris par ma réponse, puis éclata de rire.

"Je vous aime bien, vous avez du cran. Allez, partons."

Je le suivis jusqu'à la voiture (une calèche en fait). Nous montâmes à l'intérieur, et le trajet commença sans qu'aucune conversation ne soit échangée.

Le silence persista tout au long du trajet. À notre arrivée au manoir du comte Phantomhive, Azzuro se tourna vers moi et dit d'une voix grave :

"Capturez le comte une fois que tous les invités seront partis."

Je hochai la tête en signe d'acquiescement. Lorsque nous descendîmes de la voiture, un frisson me parcourut en voyant le majordome tout de noir vêtu qui ouvrait la porte. Il me dévisagea longuement avant de sourire et de m'inviter à descendre.

"Il m'a reconnu... non, impossible... ou peut-être que si... ? S'il sait qui je suis, la mission est vouée à l'échec, et je risque de mourir... Non, il ne peut pas savoir, sinon il m'aurait déjà interpellé. Mais cela signifie que le comte est en réalité ce jeune noble que j'avais croisé..."

Ces pensées tourbillonnaient dans mon esprit, me terrifiant. Je fis de mon mieux pour ne rien laisser paraître, évitant soigneusement de parler. Le majordome me salua, attendant une réponse, mais Azzuro intervint, expliquant que j'étais muet, jouant ainsi mon rôle de jeune homme.

La réunion avec le comte Phantomhive ne traita que de sujets peu intéressants que je peinais à comprendre. Ils utilisaient toutes sortes de métaphores pour désigner un groupe mafieux qui vendait de la drogue. J'avais entendu parler de cette affaire à la taverne, et il devint évident qu'Azzuro était derrière tout cela, car depuis cette histoire, il m'avait offert beaucoup plus de travail.

Nous étions sept dans la salle de billard : le comte, Azzuro, Sir Randall de Scotland Yard que j'avais déjà croisé sur une de mes scènes de crime, le fameux Lau des fumeries d'opium, et trois autres individus que je ne connaissais pas. Ce qui me choqua le plus fut le comportement du comte pendant la partie de billard : il passait son tour à chaque fois, ne jouant qu'une seule fois pour finir la partie en un coup. Au cours de la discussion, j'appris qu'Azzuro était traqué et que le jeune comte était en réalité le "chien de garde" de la reine.

À la fin de la réunion, je me précipitai vers le jardin, suivant mon plan pour entrer par la fenêtre du bureau du comte. Les hommes d'Azzuro m'avaient fourni les plans de la demeure. Je me cachai dans la pièce, attendant patiemment son retour.

Peu de temps après, il entra et je le capturai, l'endormant rapidement.

Une fois le comte capturé, je me rendis chez Azzuro pour lui livrer son otage, en prenant soin de laisser une lettre de sa part dans le bureau du comte. Pendant ma fuite, le comte se réveilla. Je l'avais attaché de façon à ce qu'il ne tombe pas de cheval. Il resta calme, me demandant simplement :

"Qui es-tu ?"

"Je suis un assassin..."

"Si tu es un assassin, pourquoi ne m'as-tu pas tué ? En me capturant, tu prends le risque d'être découvert."

Je soupirai, agacé, et répondis : "Je sais que j'aurais dû te tuer, mais mon employeur te veut vivant. Avec tout ça, je vais devoir me cacher quelque temps pour me faire oublier."

"Qui est ton employeur ?"

"Tu le sauras bien assez tôt. Mais évite de trop l'énerver, d'après ce que j'ai vu de lui, il est plutôt impulsif."

"Pourquoi me donnes-tu des conseils ? Je suis ta cible, tu ne devrais pas m'aider."

"Je sais, mais tu restes un enfant. Certes, ce contrat ne me plaît pas, mais j'ai donné ma parole, et je la respecte. Par contre, rien ne stipule que je ne peux pas t'offrir quelques conseils," dis-je en souriant.

"Assassin, vous êtes vraiment quelqu'un de très spécial. En guise de remerciement, je vais aussi vous donner un conseil : une fois que vous aurez empoché votre prime, partez de chez votre employeur. Vous serez un mort inutile."

"Désolé, mais mon contrat dure jusqu'à ta mort ou jusqu'à ce qu'Azzuro décide de me libérer, donc il m'est impossible de fuir. Tiens, nous arrivons chez mon employeur."

Je le fis descendre de mon cheval et l'amenai à l'intérieur de la demeure, jusqu'au bureau d'Azzuro. Quand Azzuro me vit entrer, il sembla ravi et s'empara du comte, commençant à le frapper. En voyant cela, j'eus envie d'intervenir, mais un des hommes de main m'arrêta.

Quand Azzuro termina d'expliquer pourquoi il avait capturé le comte et ce qu'il voulait, le jeune noble refusa catégoriquement son offre. Furieux, Azzuro ordonna au sniper de tuer les domestiques. Pendant toute l'explication et les coups qu'il recevait, le comte resta impassible, sans montrer la moindre émotion. Juste avant de perdre connaissance, il sourit, se moquant d'Azzuro, avant de recevoir un coup violent à la tête.

Soudain, nous entendîmes le sniper crier ; il avait manqué sa cible et tentait de fuir. Mais en quelques minutes, ses cris s'éteignirent, et le silence retomba. C'est alors que la voix du majordome résonna dans la pièce. Un frisson glacé parcourut mon dos. Les mots "contrat", "âme", et "démon" se mirent à résonner en boucle dans ma tête.

Sebastian x Lecteur (Temps perdu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant