2. Adieux

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Je courais aussi vite que mes jambes pouvaient me porter, le cri de mon frère résonnant encore dans mes oreilles. Le vent fouettait mon visage, et ma respiration devenait de plus en plus haletante, mais je continuais, poussée par une peur grandissante. Cette peur envahissait mon esprit, me terrifiant à l'idée de ce qui pouvait arriver à mon frère. Les larmes commencèrent à couler sur mes joues, la terreur prenant le dessus.

Je voyais enfin notre maison, si proche, mais alors que je redoublais d'efforts, je trébuchai, ma cheville se tordant douloureusement sous mon poids. Un cri de douleur, rauque et désespéré, s'échappa de ma gorge tandis que je m'effondrais sur le sol. La douleur à ma cheville était insupportable, et je pleurais non seulement par peur, mais aussi à cause de la souffrance physique.

Soudain, un nouveau cri, encore plus terrifiant, déchira l'air. C'était encore mon frère. Ignorant la douleur, je me relevai tant bien que mal et repris ma course. La maison était tout près ; je tendais le bras comme si cela pouvait me faire avancer plus vite. Mais alors, les cris cessèrent brusquement, plongeant le monde dans un silence oppressant. Malgré mes 7 ans, je compris ce que cela signifiait. Je forçai mes jambes à courir encore plus vite, malgré la douleur qui pulsait dans ma cheville.

Enfin, j'atteignis la fenêtre de la maison. Ce que je vis à travers le carreau me glaça le sang et matérialisa mon pire cauchemar. Ma mère et mon frère gisaient au sol, inertes. Mon père était encore debout, probablement par miracle, mais il saignait abondamment. Il avait des coupures visibles qu'il essayait de me cacher.

Sous le choc, mon esprit sembla se bloquer face à cette vision d'horreur. Mon cerveau refusait d'accepter ce qui se passait. Mais soudain, un cri, rempli de rage, de désespoir et de peur, jaillit de ma gorge, un cri si intense qu'on en entend rarement.

Je contournai la maison en hâte, cherchant la porte pour entrer. Il fallait que je voie la seule personne encore vivante, celle que je méprisais le plus : mon père. Tremblante, j'approchai de lui en tentant de ne pas regarder les corps sans vie de ma mère et de mon frère. Mais en tournant la tête, je les aperçus malgré moi, baignant dans une mare de sang. Une odeur métallique flottait dans l'air, me donnant envie de vomir. Je criai à nouveau, incapable de contenir l'horreur de la scène, quand mon père m'attrapa fermement. Il me suppliait d'arrêter de crier, mais je ne pouvais pas m'arrêter. Puis, d'un coup, il me gifla pour interrompre mon hystérie.

Je cessai de crier, mais je pleurais en silence. Mon père me regarda alors avec un sourire que je n'avais jamais vu sur son visage auparavant, un sourire triste, annonçant que sa fin était proche.

Il me regarda et, avec difficulté, murmura : "(Y/N)... Tu dois vivre malgré tout... Tu es la dernière descendante de notre famille... Je ne veux pas que tu vives dans la vengeance... S'il te plaît... Je te quitte aujourd'hui sans avoir pu te montrer tout l'amour que j'avais pour toi, ta mère et ton frère... Sache que tout est de ma faute... Je... je... n'aurais jamais dû faire confiance à... Non, je ne peux pas te dire... Je veux que tu vives normalement, que tu souris, que tu aies un mari, des enfants, comme ta mère et moi l'aurions voulu... Que tu vives... (Y/N), fuis !!... Ils reviendront sûrement pour vérifier... FUIS !!!... VIS... je t'aime..."

Mon père poussa un dernier souffle, et ne bougea plus. Des larmes perlaient encore au coin de ses yeux. Ses mains se détendirent, laissant apparaître une lettre ornée du sceau d'une famille noble. Je la ramassai et la serrai contre moi. Je le regardai une dernière fois, puis me mis à courir en direction de la sortie, les larmes ruisselant sur mes joues.

Alors que je m'enfuyais, un homme entra dans la maison. Il portait des lunettes, derrière lesquelles on pouvait entrevoir des yeux verts, à peine visibles sous ses cheveux blonds. Je ne lui prêtai aucune attention, focalisée sur ma fuite, courant droit devant moi.

Je courus longtemps, comme pour effacer cette journée de ma mémoire. Je ne pleurais plus, mais mes yeux (c/y) étaient emplis de vengeance et d'espoir. Mes cheveux (h/c) flottaient dans le vent. Ma cheville, enroulée dans un tissu pour atténuer la douleur, me faisait toujours souffrir, mais je ne m'en préoccupais pas. Je pensais seulement à survivre... à vivre pour garder mes parents en vie... dans mon cœur.

Mais je n'avais pas remarqué l'ombre qui me suivait depuis ma conversation avec mon père, m'observant en silence.

Sebastian x Lecteur (Temps perdu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant