Chapitre 7

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-Comment tu savais?

-Savais quoi?

-Pour Judith.

-Je savais pas.

-Ben si Marine, tu savais, tu m'as pris le bras.

-Ouais, d'accord, je savais. Mais ça se voyait trop Babî!

Je pousse un long soupir quand ma mère entre dans ma chambre.

-Abigaëlle, tu as une tête de déterrée! Tu aurais pu te coiffer au moins!

Je jette un regard au miroir à ma droite et mon image me frappe. Dans mon vieux jogging et mon énorme sweat gris c'est vrai que je ressemble pas à grand chose. Les manches dissimulent mes mains et mes cheveux partent dans tous les sens. Je n'est pas dormi de la nuit et mon visage en paye le prix: j'ai d'énormes cernes sous les yeux.

L'image de l'instant ou Judith embrasse cette fille a encombré mon esprit. Un peu comme ses images d'un film ou ces paroles de chansons que l'on retient car elles nous marquent. Un peu comme ses mots qui reflètent notre vie et que l'on garde toujours dans notre tête.

Je n'ai pas pleuré, enfin pas pour l'instant. Je les ai vu, je les ai contourné puis je suis parti et elle ne m'a pas vu.Tant mieux. Tant pis.

Je fredonne "powerful" ma chanson préférée à tue tête et ma mère en a vraiment assez de l'entendre.

~You charge me up like electricity, Jumpstart my heart with you love~

Elle me manque déjà. Judith. Pas parce que je ne vais plus la voir mais parce que j'ai simplement décidé de l'ignorer. Ce n'est pas de sa faute mais il faut que je l'oublie. Elle a une copine et je ne suis pas une briseuse de couple. De toute façon je pourrais pas le briser, même si je le voulais.

Mon téléphone vibre et le nom de ma soeur apparait à l'écran.

Catiopé: Salut!

Je ne répond pas, je ne suis pas d'humeur. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu car elle habite loin. Catiopé et moi sommes radicalement différentes. Lorsque nous étions petites, on se complétait parfaitement. Mais les gens changes de plus en plus.

-Je vais l'oublier Marine, dis-je alors les larmes au yeux.

-Ça sert à rien Babî. Je vais être franche avec toi comme tu l'as étais avec moi. Si tu es amoureuse ça va être dur.

Amoureuse?

Ahahah non. Moi, jamais. En plus c'est une fille!

L'amour est le mot le plus détestable que je connaisse. L'état que je hais plus que tout: perdre ses moyens, dépendre d'une personne, tel une drogue, tel une braise qui peu à peu devient feu. Pas question que je me laisse bruler de l'interieur. Mais en repensant a elle je ne sais plus si mon coeur est libre.

~A little death ~

Une larme m'échappe et me pique la joue. Comme si ça ne suffisais pas il y a ce fichue pouvoir ou don appelez le comme vous voudrez. Il m'encombre. Et mes pleurs comme de l'électricité sur mon visage. Fille électrique. Fil électrique. Fille ou sorcière? Je ne sais plus.

Marine m'attrape et me serre si fort que j'ai peur de lui faire mal. Je suis dans ses bras, dans le sweat à Yohan qu'il m'a donné avant de partir et pourtant mes pleurs sont pour Judith.

-Heureusement que tu es la toi, soufflais-je.

-Toujours.

~

-Cinq, six, sept, huit! Encore!

Je me remet à ma place initiale pour reprendre l'enchainement.

-Cinq et six et sept et huit!

Je tourne, tombe, roule, passe en écart, me relève. Un saut, deux sauts, trois tours, détourné et...Je m'arrête.

-Désolé, dis je en essuyant la sueur de mon front. J'ai eu un trou.

-Qu'est ce qu'il t'arrive aujourd'hui? dit Ismael mon professeur de danse.

-Je... Je sais pas.

-Encore! Cinq et six et sept et huit!

Tourner, tomber, rouler, écart, relever, sauter...

-Aie!

Je suis tombé et mon genoux me brule.

-Ca va? demande Isma.

-Ou..Ouais.

-Alors encore.

-Je...

-Encore! Cinq, six, sept, huit!

Tourner, Judith, Tomber, Judith, écart, Judith, Relever...

-T'as oublié de rouler!

-Raa mais!

Je jette ma serviette par terre et sort du studio, en larmes. J'en ai marre de pleurer! Je ne suis pas faible bordel!

Sur le balcon l'air est frais. Sous moi, les gens passent, la vie continue, le monde tourne. Et moi je stagne, freiné par mes sentiments. Il faut que je me reprenne. Je ne me reconnais plus.

-Abi...

-Babî, affirmais-je.

-Qu'est ce qu'il t'arrive? Tu n'aime plus danser?

-Si! Bien sur que si! Ça va, ça va.

-Bien sur que non ça ne va pas. Écoute ce chagrin d'amour ne doit pas t'empecher de danser.

Je me retourne ahurie.

-Tu... Comment tu sais?

-Ton aura.

Je le fixe et une chaleur intense m'enveloppe, quand il s'approche elle devient plus grande encore.

-C'est toi qui fais ça? demandais-je.

-Oui. Je sais que tu es comme moi.

-Tu sais faire d'autres choses?

Il hoche la tête.

-Je peux t'appendre pleins de choses si tu veux.

Je soupire.

-Tu pourrais m'apprendre à m'en débarasser?

-Non mais je peux t'apprendre a te controler.

Pendant notre discussion, le ciel à viré au rouge et les nuage gris nous donnent l'impression d'être prisonniers. C'est la fin de la journée. En retournant au vestiaire pour enfiler mon pull, je repense une dernière fois a Judith.

Et je me noie encore une fois dans ses traits. Je me noie comme je me suis sentie partir ce soir de juillet. Le 13 juillet. Je me noie et j'aperçois la lune, si fine qu'on la voit a peine. Vide.

Comme mon coeur.
~
Salut mes lecteurs
C'est les vacances alors j'en profite pour publier beaucoup. Comme d'hab' dites moi ce que vous en pensez! Votez, commentez... 322 vues c'est déjà beaucoup!
Je sais que les derniers chapitres manques d'action mais les prochains serons plus dynamiques. Cette histoire me tient à coeur car les personnages sont réels et qu'elle raconte en partie mon histoire.
Je vous met en media la chanson qui va avec cette chronique. C'est une chanson d'amour malgrés le clip et elle illustre parfaitement cette histoire. Vous pouvez traduire pour mieux comprendre... si vous voulez je vous donne la traduction.
Kiss et merci de tout mon coeur
A.

PowerfulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant