Chapitre 2

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Il m'a fallu presque deux jours pour expliquer à Marine ce qui m'arrive. Elle a été patiente, elle a pris le temps de m'écouter. Elle ne m'a ni jugé ni prise pour une folle. Car oui, c'est comme ça qu'on réagit le peu de personnes à qui j'en ai parlé.

 Rires. Regards. Méfiance. Abandon. 

J'ai hésité à lui en parler mais il le fallait: je ne peux pas garder ça pour moi. Je garde beaucoup de choses mais ça non.

Il a fallu que je lui explique déjà ce qu'est l'aura et j'ai eu du mal. Parce que, il faut le dire, je suis pas une experte en tous ces trucs moi. J'ai du lui raconter comment tout ça a commencé.

~ Flashback ~

Je trace des cercles dans la farine sur la table de bois vernis. La maison de mon arrière grand-mère sent le renfermé, je déteste cette odeur mais je l'adore ma grand mère. La décoration est ancienne  mais sobre. Ma grand-mère m'a dit que c'était mieux pour la concentration. Une émission ennuyante passe à la télé mais le bruit est couvert par celui du vieux ventilateur. Mamî s'empare de la télécommande et l'éteint puis elle s'approche de moi.

-Babî, tu as neuf ans et il faut que je te parle de quelque chose.

"Encore un discours sur les bonnes notes à l'école je parie"

-Pas du tout, dit-elle.

-Tu... Comment t'as fait ça? Tu as lu dans mes pensées?

Je savais que Mamî était spéciale et on l'a beaucoup rejeté dans la famille à cause de ça. C'est... spirituel comme elle dit.

-Tu connais mon don Babî. Tu sais que je ne suis pas comme les autres. A ta naissance, j'en ai parlé à ton père mais il a mal réagit. Il m'a dit qu'il voulait que tu sois normale. Dans ce monde c'est vrai qu'il est dur de vivre avec ça. Cependant toi ou ta cousine Clara a hérité de ce don. Et il n'y a pas une once de paranormal en Clara. Toi, je l'ai vu tout de suite que tu étais différentes. Toute petite, tu ressentais les émotions. Tu pleurais quand ta mère passait une mauvaise journée alors que tu n'étais qu'un bébé et que tu n'était pas avec elle. Tu attirais les animaux qui on des esprits bien plus ouvert que le notre. Alors aujourd'hui, j'ai la certitude que c'est toi l'héritière. Et je me dois de t'expliquer.

Je la regarde incrédule. Ça fait beaucoup pour une gamine de neuf ans.

-Qu'est ce qui va m'arriver Mamî? soufflais-je.

-Tu vas ressentir les auras. Tu les ressent déjà. Et avec le temps tu pourras les voir. Pequeñita, écoute moi: l'aura c'est cette énergie qui règne autour de nous. Elle apparaît sous forme de couleur. Chaque couleur représente une émotions ou un acte. Et il n'y a pas que ça... Les contacts physiques sont beaucoup plus ressentis. Au début ce sera bizarre puis tu t'habituera. C'est comme de l'électricité. Je sais que c'est compliqué, tu t'en rendra compte par toi même. Et quand tu sera grande tu pourras faire toutes sorte de choses comme envoyer du bonheur ou de la chaleur a quelqu'un.

Je ne sais quoi répondre. Elle me regarde dans les yeux.

-Tu vas devoir te battre Abigaëlle. Tu peux y arriver.

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Assise sur mon lit depuis vingt bonnes minutes, les yeux fermés, sur le genoux, les mains entre-ouvertes devant ma poitrine, je fais le vide dans ma tête. Catiopé est en fasse de moi dans la même position. Le silence qui nous entoure pourrait paraître pesant mais il est rassurant.

-Ok, Cati, maintenant tu dois te concentrer sur ta respiration, tu dois la sentir jusqu'au bout de tes doigts. Tu dois sentir frémir ce courant en toi. Tu dois rassembler l'énergie du ciel et du centre de la Terre entre tes mains.

J'ouvre les yeux, je le fait assez souvent pour y arriver les yeux ouverts. Catiopé est très concentré. Ses paupières se crispes.

-Détend toi Cati, tu n'y arrivera pas sinon! Maintenant tu vas créer ta psiball. Tu l'imagine, tu la sent chauffer entre les paumes de tes mains. Tu sent?

J'attend quelques minutes avant quelle ouvre les yeux et pousse un long soupir.

-J'y arrive pas Babî! lança-t'elle. Ca sert a rien!

-Mais si tu vas y arriver Cat! Réessaye, je vais t'aider.

Elle reprend sa position initiale, les mains devant la poitrine comme si elle tenait un ballon, les bras écartés. J'attend que sa respiration devienne profonde et régulière puis je pose mes index sur ses deux coudes ce qui provoque une légère décharge qui l'a fait frissonner. 

-Désolé, soufflais-je.

Elle me répond d'un mouvement de tête.

-Concentre toi maintenant. 

Je souffle légèrement en laissant couler l'énergie dans mon corps, passant par ma tête, le creux de mon ventre puis enfin mes doigts. J'ai fais ça tellement souvent que c'est presque une habitude. Je vois peu a peu les mains de Catiopé trembler.

-D'accord alors maintenant tu vas agrandir ta boule d'énergie, dis-je. Va s'y, ouvre tes mains.

Elle s'exécute. Sa psiball grandit, je la sent, je frémis et ma respiration s'accélère. Au bout de quelques minutes, elle prend trop d'ampleur et je suis bien trop faible pour supporter la puissance. J'enlève mes doigts de ses coudes et je recule. La pièce semble se refermer sur nous.

Catiopé semble ailleurs, j'ai peur qu'elle perde pied. C'est la première fois qu'elle pratique et je ne veux pas quelle fasse un hors-corps. C'est bien trop dangereux. Tout à coup, je perd son aura. Je me lève affolé, si elle continue elle risque de laisser son ame sortir de son corps et de ne pas savoir comment y retourner.

-Catiopé! Arrête!

Elle ne m'entend pas et continue d'ouvrir ses bras.

-CATIOPÉ! STOP!

Moi qui suis sensible à l'énergie, la sienne est insupportable. Elle recouvre l'atmosphère de la chambre et je suffoque quand Cati laisse enfin tomber ses mains sur le lit. Ses paupières sont toujours closes. Je me rue sur elle et prend son visage entre mes mains.

-Cati! Répond moi!

Sa respiration se calme quand soudain elle ouvre les yeux. Je recule d'un coup effrayé par son regard.

Ses pupilles sont si dilatés que je n'arrive presque plus a voir le bleu de ses yeux.

Elle s'effondre sur mon lit, se cognant à la tête de lit. Je m'approche et la soulève. Elle reprend facilement ses esprits. 

-Ne me demande plus jamais de te faire essayer Catiopé, plus jamais tu m'écoute? Tu ne te rend pas compte a quel point c'est dangereux. Ce n'est pas de l'art ce que je fais, je le maîtrise à peine, je pourrais faire pire si je voulais. Je n'est pas choisi Cati.


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